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Billet de blog 14 juin 2012

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Un certain nombre d'abonnés ont transmis leur témoignage sur leur participation à Médiapart. J'ai aussi transmis le mien dont je donne le texte ci-dessous:

Bonjour,

Je m'appelle Jacques Cuvillier

Je suis tombé un jour sur un article en ligne retraçant l'histoire de l'esturgeon. Jadis présent dans la Garonne, par exemple, on mangeait sa chair et donnait ses œufs aux poules. On ne savait pas que c'était du caviar... Je fais le parallèle avec l'information dont mes médias nous rebattent les oreilles : consensuelle, conformiste, presque normalisée et souvent réduite aux idées dominantes. En certaines circonstances, et particulièrement quand elle rejoint les fantasmes de l'opinion, elle se mythifie et débouche sur une doxa tenace qui occulte ce qu'il y aurait de précieux à retenir, ces aspects dérangeants auxquels on ne veut pas goûter... les singularités souvent révélatrices de précieux indices sur la société que l'on préfère abandonner à un public marginal, comme le caviar donné aux poules.

Il fallait une idée forte pour en sortir, pour laisser s'exprimer tout le capital d'intelligence et d'idées que la société civile détient. De mon côté, je cherchais des pistes pour agir parmi les vecteurs d'idées dans différents domaines : remises en cause économiques, logiciels et ressources libres, partage du savoir, droit de l'Homme et plus particulièrement droit des enfants pour lesquels j'avais « créé un site » dès 1998.

A ce propos, une affaire m'avait laissé un arrière goût de perplexité des plus persistants : l'affaire d'Outreau dont l'histoire telle qu'elle figure dans la croyance populaire, conforme aux publications qui s'y rapportent, ne pouvaient me convaincre. Et en 2011, tandis qu'elle revenait sous les feux de l'actualité, j'ai lu le livre de Marie-Christine Gryson qui m'a montré à quel point mes doutes étaient fondés. Cet auteur qui avait été ô combien impliquée dans cette affaire qu'elle connaît mieux que personne m'avait précédée dans son inscription comme blogueuse sur Médiapart. J'ai compris tout l'intérêt que présentait cette opportunité, non pas pour faire triompher ou même exister une idée paradoxale que l'on brandirait comme une bannière – on sait les livres dont la publication est le fait de ces arrières-pensées – mais parce qu'un mythe comme celui d'Outreau, que l'on utilise à tort et à travers comme un talisman dans les cours d'assises est des plus préjudiciables à la société, et tout particulièrement des authentiques victimes qu'il autoriserait à ne plus prendre en considération et à se garder de leur rendre justice.

Dans un récent éditorial, Edwy Plenel écrivait :

« les convictions, aussi pertinentes ou légitimes soient-elles, sont l’ennemi le plus redoutable de la vérité, plus efficace encore que le mensonge tant elles empêchent souvent de voir, d’admettre et de reconnaître les faits qui nous dérangent, bousculent nos certitudes et ébranlent nos croyances. »

J'apprécie donc tout particulièrement le fait que Mediapart soit un lieu de débat qui n'est pas propice à l'intégrisme des points de vue et ne se prête donc pas au remplacement d'une bévue par une autre. Il est au contraire, et grâce à cela, le point de rencontre d'où peut émerger la prise de conscience qui amène toute personne qui sème le savoir à venir au plus près de la vérité.

Pour cette possibilité fantastique qui nous est donnée, je remercie Edwy Plenel pour sa courageuse initiative et pour sa raison d'être telle qu'il nous l'a rappelée : «  apporter des faits d’intérêts publics inédits ou inconnus dont la force d’évidence met en branle le débat public, oblige à des remises en cause, dessine les contours des réformes nécessaires. »

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