La question des équilibres agricoles, en lien avec l’évolution du climat, fait entrer en ligne de compte la question de l’eau pour ce qui est de sa consommation et de sa salubrité, celle du méthane qui contribue à l’effet de serre, celle de l’accumulation des composés azotés, celle de l’énergie et notamment du gaz.
Cet ensemble de problèmes concerne le monde agricole, agriculteurs et éleveurs, le monde industriel qui aimerait bien continuer à vendre des intrants, le public enfin qui non seulement est impacté par la pollution de l’eau, par les phénomènes tels que l’eutrophisation de ressources et la recrudescence d’algues vertes, et aussi par la question de l’énergie.
On peut rapidement faire apparaître un schéma qui résume le problème :
Pour fournir à la population la viande qu’elle souhaite encore manger en quantité, on a recours à l’élevage intensif dont les déjections nitratées posent déjà un problème de pollution. Les bovins génèrent par ailleurs du méthane contribuant comme il est dit à l'effet de serre, mais pour les nourrir, on cultive notamment du maïs, qui non seulement réclame des quantités d’eau déraisonnables, mais aussi des engrais azotés que l’on produit industriellement à partir de gaz, dont celui qui provenait de Russie.
Le cycle naturel qui voudrait un équilibre entre ce qui est utilisé puis rejeté par le vivant n’est pas respecté et c’est cette inéquation qui reste à résoudre. On produit des nitrates en excès.
Pour y parvenir, pas de solution simpliste, mais un ensemble de pratiques à reconsidérer.
Sur le plan agricole, on sait que les légumineuses sont capables de fixer naturellement l’azote1 et leur emploi plus systématique permettrait de réintégrer ces composants dans le cycle naturel.
Le changement le plus significatif et le plus souhaitable serait la réduction de la consommation de viande en même temps que la diminution de l’élevage intensif dont l’effet sur l’environnement se révèle délétère.
Le retour des légumineuses dans l’alimentation humaine permettrait un apport de protéines végétales, ce qui compenserait en partie la diminution de protéines animales tout en participant au cyclage naturel de l’azote.
Comme toujours en pareil cas, la contradiction va se porter sur les choix à faire entre l’activité économique – dont on persiste à dire qu’elle est forcément profitable donc bonne – et l’utilité réelle qu’elle est censée satisfaire. La question devient cruciale à partir du moment où l’on peut établir que l’activité qui la concerne se révèle globalement néfaste.
Il est sans doute temps de s’interroger sur les principes de base sur lesquels nous fonctionnons par habitude et de poser cette question de fond : ce qui est bon pour l'emploi tout en se traduisant par une activité superflue ou même nocive peut-il être bon pour l'économie ?
La crise du monde agricole que traverse actuellement la Hollande2, et qui s’explique par l’importance déterminante que revêt son caractère intensif, ne restera vraisemblablement pas circonscrite à ce pays. Les mêmes troubles vont vraisemblablement se manifester chez nous et les mêmes questions vont se poser. Il est temps d’examiner le fond du problème.
1https://www.paysan-breton.fr/2020/09/legumineuses-une-alternative-aux-intrants-azotes/
2https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/07/13/aux-pays-bas-un-plan-drastique-de-reduction-de-l-azote-provoque-la-colere-des-agriculteurs_6134621_3244.html