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Billet de blog 26 février 2024

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Garanti sans électronique ?

On n’a pas attendu l’avènement du microprocesseur pour faire fonctionner correctement un four ou une machine à laver. On dirait pourtant qu’il est devenu impossible des ce passer ce ces puces électroniques qui ont envahi tous nos appareils et sont devenus le cauchemar des réparateurs.

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« Mon appareil ne marche plus, je ne sais pas pourquoi… C’est arrivé subitement et personne ne peut me le réparer … » Scène des plus classiques qui se soldera selon toute vraisemblance par un petit tour à la déchetterie pour y déposer un appareil encore présentable, et dont toutes les fonctions sont encore intactes, à l’exception d’une carte aux petits composants mystérieux, que l’on aimerait bien remplacer à un prix qui ne soit pas prohibitif, mais qu’il n’est pas sûr de pouvoir se procurer si l’appareil n’est pas très récent, et encore, à condition de tomber sur une pièce compatible parce qu’il faut trouver la correspondance entre le numéro de série de l’appareil et l’une des innombrables références disponibles des multiples versions des modèles en perpétuel changement.

« La prochaine fois, j’achète un appareil très simple, le plus basique qui soit, si possible sans électronique ! »

C’est une révolte de raison, un cri du cœur, une incantation, mais c’est sans issue. On trouve des aliments garantis sans OGM, mais pas d’appareils garantis sans électronique. Il y a longtemps que de tels appareils ne sont plus en rayon. Dommage, il y aurait peut-être un marché pour cela… mais bien au contraire, on s’oriente maintenant vers les appareils « connectés ».

L’heure n’est plus au gaspillage, et l’on parle de nos jours de « réparabilité ». Et avec la politique des sucettes qui caractérise nos gouvernementales incitations du public, il est même question de verser des primes à la réparation ! Tout un programme, mais il y a loin de la coupe aux lèvres. Ce beau programme de réparabilité qui prétend lutter contre l’obsolescence, qu’elle soit « programmée » ou non se heurte à de multiples difficultés :

– Une grande profusion de modèles de pièces de rechange, avec de multiples versions qui fait que leur stockage et leur distribution ne peut être rentable qu’à des prix élevés.

– Une complexité d’intervention qui tient autant à une technologie réservée aux spécialistes qu’à la non-disponibilité des documents techniques pourtant indispensables.

– La nécessité d’un équipement spécialisé pour effectuer les réparations.

Pour ne rien arranger, l’électronique est un point faible pour la longévité des appareils. En particulier, leur sensibilité aux perturbations électriques fait qu’un incident sur le réseau d’alimentation ou un bon orage peuvent leur être fatal. Et lorsqu’un appareil tombe en panne, on peut pratiquement dire que tout est réparable, sauf cette foutue carte.

Pour une technologie responsable

Entre cette vulnérabilité et l’absence totale d’électronique, il y a une situation intermédiaire, une sorte d’électronique raisonnée. Voyons d’un peu plus près, pour les lecteurs que cela intéresse, les aspects techniques qui concernent la partie numérique que l’on trouve typiquement. La difficulté de les aborder ne tient pas tant à leur complexité qu’à leur mystère. Un mystère bien gardé en général par les constructeurs. C’est une protection contre les contrefaçons, bien théorique toutefois, car le secret est plus un réflexe qu’une nécessité, mais c’est à coup sûr une voie efficace d’obsolescence des appareils et les constructeurs en profitent.

Dans le public, très nombreuses sont les personnes qui, après s’être documentées quelque peu et vu quelques tutoriels disponibles gratuitement, ont été capables d’utiliser des modules électroniques du genre Arduino ou Blackberry vendus à des prix très abordables, pour réaliser des systèmes de commande s’appliquant par exemple à de petits robots ou à des imprimantes 3D. Le principe des équipement électroniques des appareils électroménager est, on le vois bien, à la portée des techniciens réparateurs.

D’une manière générale, leur structure est conforme à un schéma classique, que l’on retrouve d’ailleurs dans un smartphone qui, comme on sait, peut avoir beaucoup de fonctions différentes. S’agissant d’un appareil électroménager, les fonctions de base permettent :

– de s’alimenter en électricité basse tension ;
– de recevoir les commandes de l’utilisateur (touches, écran tactile ;
– d’émettre des messages à l’utilisateur (voyants, écran de visuel)
– de connaître l’heure sans interruption (grâce à une pile de sauvegarde)
– de mettre en service des résistances de chauffage, des moteurs…
– de connaître l’état de l’appareil transmis par des capteurs
– de charger un programme d’application tel qu’on peut le lire sur une mémoire

L’ensemble de ces fonctions peuvent donner lieu à quatre sous-ensembles selon l’organisation suivante :

Illustration 1
Carte de contrôle universelle © Jacques Cuvillier

Sur la voie de la réparabilité

La réparabilité passe par la standardisation. Peut-on imaginer une sorte d’équipement universel ? Cela signifie qu’un même équipement puisse se retrouver dans un maximum d’appareils de même calibre. Pour les petits appareils simples (grille-pain, cafetière…) est-il vraiment besoin d’une carte électronique ? La réponse est non. Mais si les constructeurs tiennent à séduire l’acheteur par des fonctions magiques, toutes ces fonctions peuvent être regroupées dans une petite carte. Pour les appareils tels que lave-linge, lave-vaisselle, four… on peut concevoir un un type plus élaboré en quatre modules de sorte qu’en cas de défaillance, on puisse identifier et remplacer celui qui est en panne. Pour ces usages, le nombre et le type d’entrées sorties doit être suffisant pour s’adapter aux conditions les plus exigeantes.

Mais pour que la standardisation soit possible, il faut impérativement ajouter deux fonctions complémentaires :

– donner accès à une mémoire externe (Sdcard ou clé USB) pour charger facilement le programme qui correspond au type d’appareil

– donner accès à un code d’identifiant lié physiquement au châssis de l’appareil pour déterminer de manière certaine la correspondance entre l’appareil et le programme qui doit régir son fonctionnement.

Ce principe de standardisation simplifierait drastiquement l’accès aux pièces de rechange et, étant reprogrammable, ne gênerait en rien l’évolution des appareils eux-mêmes laissant une très grande souplesse aux concepteurs.

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