Romstorie: Dénoncer, l’anagramme de déconner?

C’est vraiment une question essentielle pour continuer à communiquer sur ce blog. Ne perd-t-on pas son temps à dénoncer ? Dénoncer, dénoncer à tour de bras, à tour de liste, avec des mots enfilés comme les perles d’un rosaire, les mêmes mots, la même liste à réciter tout au long du chemin de croix, à chaque coup de rame sur ces canaux informatiques. Une liste invariable et automatique, retrouvée tout au long des textes et des commentaires. Dénoncer la politique gouvernementale et dans le cortège des victimes incorporer les Blacks, les Beurs, les Roms, les SDF, les Gays, les Juifs et toute la misère du monde. Les Roms ciblés par les méchants, les Roms avec leur misère, malheur aux vaincus, vae victis. Des Roms indigents, des incapables majeurs, des majeurs à protéger, à mettre sous tutelle, la tutelle des grandes ONG. Et nous, les romanos-romanis, les rabouins, les camps-volants de Ville-en-Bidon, analphabètes qui découvrons en 2014 les rudiments de la lecture et de l’écriture, les bienfaits de la scolarisation que nous pratiquons depuis quatre ou cinq générations, à peine moins bien que les petits paysans qui ont peu à peu délaissé les champs de pommes de terre et le cul des vaches pour les bancs de l’école et le certificat d’étude. Cette image misérabiliste à longueur d’articles, cette sociologie victimaire, cette histoire lacrymale, est-ce cela que nous allons transmettre à nos enfants ? Ah, ces bons Samaritains qui organisent des débats sur la question Rom, sans aucune prise de parole prévue pour et par les premiers concernés ! Ah à ces bons médecins qui ont tant peur que les Romies fassent trop d’enfants ! Ah misère ! Dénoncer, l’anagramme de déconner. Tristes topics.