LE JOURNALISTE ANTOINE PERRAUD, MEDIAPART, ET L'AFFAIRE JUDICIAIRE D'OUTREAU
L’affaire fut abordée (avec des pincettes) par Médiapart.
Au moment où Marine Le Pen est condamnée pour détournement de fonds publics à 4 ans de prison, dont deux fermes. Assortis d'inéligibilité. Où le maire de Saint-Etienne Gaël Perdriau est condamné lui aussi à 5 ans de prison dont 4 fermes pour chantage et associations de malfaiteurs. Où Nicolas Sarkozy, ancien Président de la République est condamné et incarcéré...
Qu'en est-il aujourd'hui de l'affaire judiciaire d'OUTREAU, vieille de 20 ans, dont tout n'a absolument pas été dit, et caractérisée par un nombre invraisemblable de mensonges, avec le concours complaisant de la plupart des médias de l'époque?
Est-il possible que Médiapart, peut-être à son corps défendant, y ait à l'époque, participé?
Au moment de la tenue du procès à Rennes de Daniel Legrand fils en 2015, le journaliste Antoine Perraud écrivit un article trempé dans le fiel sur Médiapart, « La Mascarade d’Outreau se perpétue à Rennes »(20 mai 2015). La parti-pris anti juge Fabrice Burgaud y était évident :
« Le Juge d’instruction Fabrice Burgaud s’est senti pousser des ailes en arrachant des aveux (sic) à la délatrice Myriam Badaoui, qui s’aperçut que c’est en mentant qu’elle deviendrait écoutée ». Et plus loin : « La parole des femmes à terre et en larme ne peut être que vérité, déclenchant des condamnations forcément appropriées. » Après Meetoo, on appréciera la remarque.
Et aussi: « La journaliste Florence Aubenas a pointé, dans un livre remarquable publié en 2005, La Méprise : l’affaire d’Outreau (Seuil) l’étrange ballet du juge Burgaud avec Myriam Badaoui : « Le procès verbal retranscrit par le greffier ce 27 août 2001 au Palais de Justice de Boulogne sur Mer ne fait aucun mystère sur le fait que Fabrice Burgaud aiguille lui-même Myriam sur les noms avancés par ses fils :
« Qui est l’abbé Wiel ?
Myriam commence par dire qu’il est son confident.
« Jordan (un de ses fils) dit qu’il filmait, relance le juge.
Myriam continue à dire que son fils se trompe.
« Etes-vous bien sûre ?
Elle finit par céder (sic).
« Il participait à un réseau de pédophilie, etc.
Plus tard aux Assises, poursuit Perraud toujours citant Aubenas, Myriam Badaoui devait raconter : « Le juge m’a dit que les enfants avaient dénoncé un huissier ou un notaire, je ne sais plus, c’est pareil. J’avais des dettes. Un Monsieur Gontrand et un Monsieur Lapin s’en occupaient ». Alors le juge m’a dit: Non, c’est un autre. J’ai fini par demander : c’est quoi comme nom ? Il m’a fait : les Marécaux. Moi, je ne les connaissais pas. Alors comment voulez-vous que je les invente ?
Voilà donc ce que cite Perraud du livre d’Aubenas. Dans l’article en question mais aussi , avant, dans son livre La Barbarie journalistique (Flammarion, 2007).
Certes, Florence Aubenas assista bien, comme journaliste pour Libération au procès de Saint-Omer (2004). Elle peut donc évoquer ce qui s’y est dit.
Comme on sait, elle fut enlevé ensuite en Irak, puis finalement libérée. Malgré les dénégations officielles, une rançon, autour de 10 millions d’euros , fut bien versée (Fait confirmé par François Hollande dans un de ses livres). Mais peu importe.
Revenue en France et devenue une sorte d’icône médiatique, Aubenas rédige La Méprise juste avant l’Appel. La publication d’un tel ouvrage à décharge dans de telles circonstances est pourtant interdite, pouvant influencer la décision des futurs jurés. Bon…
Devant la Commission d’enquête Parlementaire (2006), elle déclarera avoir consulté l’intégralité du dossier d’instruction pour écrire son ouvrage, ce qui n’est pas autorisé non plus, même si beaucoup le font. Ce qui importe, c’est qu’elle déclarera avoir repris ses notes de Saint-Omer et travaillé sur l’instruction durant deux semaines. Ce qui est proprement impossible: 30 000 pages (il faut des mois).
Prétendre avoir étudié l’instruction est une chose. Mais Aubenas, si elle avait travaillé plus sérieusement, aurait dû pourtant y lire les choses suivantes :
Cote D548 : audition de Myriam Badaoui du 27/08 /2001.
« Question du magistrat : Quels autres huissiers se rendaient chez vous ?
Réponse de Badaoui: Il y avait maître X, mais qui ne faisait pas de concessions. Il y avait maître Y, mais lui faisait son travail normalement. Il y avait également Maître Marécaux qui, lui, participait aux faits.
Question : Qu’est-ce que Maître Marécaux faisait subir aux enfants ?
Réponse : Je vais vous dire ce qu’il a fait mais on m’avait bien dit de ne pas le dire. Maître Marécaux venait à la maison et sodomisait les enfants. J’étais présente lorsqu’il le faisait tois ou quatre fois. »
Cote D 526 du dossier, audition de Myriam Badaoui :
Mention : Présentons à la personne mise en examen l’album photographique des auteurs présumés.
Question : Quelles sont les personnes qui ont violé des enfants ?
Réponse : La première photo numérotée 13 ne me dit rien La deuxième photo numérotée 14, c’est le mari de Roselyne Godard. Le numéro 19 c’est l’abbé Wiel qui a également participé aux viols. Le numéro 20 c’est Pierre Martel qui a aussi participé aux viols. Le numéro 21 ne me dit rien. Le numéro 25 c’est Alain Marécaux, huissier de justice, qui a violé les enfants, mais il n’avait pas la barbe . Etc. »
Qu’est-ce à dire de tout cela ? Que Florence Aubenas a mal lu l’instruction ? Que, nonobstant, elle écrira un livre ouvertement à décharge des accusés ? Que dans son sillage, Antoine Perraud à la plume habile mais naïve, reprendra les mêmes erreurs ? Erreurs agrémentées d’ironie méchante de sa part et d’invectives ridicules à l’encontre du magistrat instructeur, des experts psychologues et des personnes honnêtes qui tâchent difficilement d’y voir un peu clair dans cette obscure et complexe affaire ?
Preuves, s’il en est, de l’absence d’arguments véritables :
« Révisionnistes, complotistes, désinformateurs, fanatiques, associations surchauffées, conspirationnistes.. »
Remarques: "révisionnistes" désignait autrefois les personnes qui réclamaient la "révision" du procès Dreyfus.Par la suite, et par un curieux retournement sémantique, les personnes qui voulaient à tout prix "réviser" l'Histoire des crimes nazis, pour les minimiser.
"Complotistes": partisan du"il y a des complots partout". Synonyme donc de "fou furieux". Mais ne voir des complots nulle part correspond à quoi? Médiapart lui-même parle de "complot" à propos de l'affaire Perdriau...
"Associations surchauffées":bien sûr, face à des crimes ignobles commis sur de très jeunes enfants, Perraud parvient à rester serein. Bravo à lui!
Fabrice Burgaud et Marie-Christine Gryson, psychologue experte, en prennent injustement pour leur grade. Après avoir fait leur métier, ils sont attaqués par Perraud. Perraud entretenant notamment et démagogiquement l’idée selon laquelle les psy-machins et les psy-choses sont tous à moitié fous : « Experts jamais expertisés ».
Last but not least.
Après près de 15 ans de recherches et de travail sur l’affaire (je dispose bien entendu de tous les documents indispensables), je prétends aujourd’hui, et cela n’engage que moi, que cette affaire est non seulement de nature mafieuse, mais qu’elle a été traitée de façon tout aussi partisane.
-Circulation d’argent (prostitution d’enfants, captations et revente de cassettes pédopornographiques qui se négocient fort cher; moyens pour les écouler sous le manteau).
-Groupement, association de malfaiteurs, ententes illicites.
-Crimes sur enfants, dont meurtre(s). Etouffés eux aussi.
-Planification logistique et stratégie.
-Personnalités locales compromises. Et, sans doute, pas seulement locales (ce qui explique la puissance de la machine mise en oeuvre pour étouffer).
-Compromissions, intimidations, pressions, communications, récits fallacieux.
-Infiltration (policier corrompu : dont un officier de police judiciaire qui fera disparaître écoutes compromettantes au parloir et cassettes vidéos).
-Pressions, chantages.
-Intérêts politiques.
-Meurtres ou disparitions inexpliquées (comme la mort en prison de l’un des prévenus, François Mourmand. C’était un petit voyou local dont l’existence pouvait devenir dangereuse, dans la mesure où il pouvait exercer un chantage. Un maillon faible, et peu sûr. Il est retrouvé mort dans sa cellule. Les raisons exactes de son décès sont obscures. On parla de surdose médicamenteuse. Autrement dit d’erreur médicale. On évoquera aussi un suicide. Mais quel médecin aurait fourni à Mourmand les moyens médicaux de mettre fin à ses jours? Renseignements pris (consultation de la prescription médicale concernant ses médicaments), les médecins que j’ai interrogés m’ont affirmé qu’il était très difficile de se suicider avec ça.
François Mourmand ne sera pas le premier à mourir en prison dans des conditions inexpliquées. Jeffrey Epstein, même si son envergure n’est pas comparable, disparut dans les mêmes conditions en août 2019, et peut-être pour des raisons proches.
L’affaire judiciaire d’Outreau fut donc traitée comme il se doit: une affaire d’une gravité exceptionnelle potentiellement explosive socialement et politiquement, surtout dans le contexte Belgique/Dutroux. Affaire qu’il fallait absolument déminer. Pour le bien de tous. Cela se nomme «la Raison d’État». Le bien de tous, sauf celui des victimes. Et de la vérité. Ce ne sera ni la première ni la dernière fois. La chose est prouvée à chaque instant. Jusqu’au jour où. Où l’on place en détention d’anciens Présidents de la République?«Pour que les hommes, tant qu’ils sont hommes, se laissent assujettir, il faut de deux choses l’une: ou qu’ils soient contraints, ou qu’ils soient trompés» (Etienne de la Boëtie)
Avec la collaboration active, et fort efficace, de notre Florence nationale et de «journalistes» comme Perraud, qui foncèrent tête baissée: Perraud, victime des «emballements» qu’il dénonce lui-même chez ses collègues?
Florence Aubenas qui avait bien le droit (et peut-être le devoir) de soutenir et remercier les Institutions.
Un prêté pour un rendu, en quelque sorte.