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Billet de blog 8 décembre 2024

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LE PROCES DE MAZAN

Le procès de Mazan se poursuit et les avocats de la défense peaufinent leurs arguments.

Jacques DELIVRé

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

« L’Espérance a deux belles filles : la Colère et le Courage. La colère devant l’état des choses.

Le Courage pour le changer ».

Citation attribuée à Saint Augustin.

Au procès dit de Mazan, outre le mari, Dominique Pélicot, 51 hommes accusés de viols.

Comme on sait, la victime, Gisèle Pélicot n’a pas souhaité le huis-clos auquel elle avait droit. Voilà pour le Courage.

Alors bien sûr, les avocats de la Défense vont faire le job et « défendre » leurs clients.

Ainsi, certains vont-ils s’en prendre aux « sirènes féministes » de l’extérieur, qui polluent les tranquilles débats. Dans la bouche des avocats de la Défense, ces hommes deviennent alors les véritables victimes d’une violente et brutale « vindicte populaire » féministoïde.
Ces furieuses, sans frein ni limites, n’attendent qu’une chose, plaide un avocat : « C’est que la guillotine tombe sur la tête de ces malheureux [sic] ».

A écouter les plaidoiries, chacun sera surpris des arguments sciemment utilisés par la Défense pour tenter de venir au secours de ces pauvres hommes. Les leçons de Dupond-Moretti ont donc été retenues et font encore aujourd’hui de nombreux émules. Celui-ci sillonne en ce moment, et tranquillement, les routes de l’Italie au guidon de sa grosse moto. Tant pis pour la beauté présumée des paysages transalpins… Mais grand bien lui fasse. Et à nous aussi : moins on l’entend vociférer, mieux on se porte. Les arguments de ce genre de type nuisent gravement à la santé mentale de celles et ceux qui les subissent. Du temps de sa grandeur d’avocat médiatique et tonitruant il était parvenu à se hisser finalement au rang de Ministre de la Justice de la République française. La spécialité de « l’Ogre des Assises » était de terroriser les enfants victimes. C’est pas trop fatigant, et ça marche bien.

Un avocat de la défense du procès de Mazan, encore : « Je ne veux pas d’une société où on fait l’amour [sic] par [formulaire] Cerfa. » Cela doit être une sorte d’humour. Faut bien distraire le Tribunal de temps en temps.

Un autre, Christophe Bruschi : « La testostérone, c’est l’hormone du désir et les hommes en ont beaucoup plus que les femmes ». Donc, les femmes ont moins de désir, c’est bien connu. C’est sans doute pour cela qu’elles font tant de chichis pour coucher. Si au moins, elles avaient la sagesse de suivre les lois de Mère Nature, comme disaient d’autres hommes dans d’autres circonstances, hein ? Mais avec une bonne et judicieuse dose de Rohypnol, ou autre machin, l’affaire est réglée. La science vient alors au secours de la Nature pour lui donner un petit coup de pouce. Ouf… La testostérone débordante des mâles va pouvoir enfin librement s’exprimer. On n’est pas des bêtes, quand même ! Et les bons maris, les bons pères, les bons compagnons, les honnêtes travailleurs vont pouvoir revenir, calmés, vidés, tranquillisés, à la maison… Et s’ endormir auprès de leurs épouses, sans avoir besoin de les toucher. Ces dernières devraient remercier Dominique Pélicot de tant de délicatesse : oeuvre ainsi de bonne santé publique. C’est la Nature qui commande et nous n’y pouvons rien. A quand les viols hygiéniques remboursés par la Sécurité Sociale?

Encore un avocat, Yannick Prat, à propos des menaces grossièrement féministes dirigées contre ces pauvres individus à la testostérone débordante. Débordante à l’insu de leur plein gré, on l’aura compris: « Des menaces justifiées par la cause ? Des affichages sauvages justifiés par la cause ? Souvenons-nous qu’en tout temps, dans certaines régions, tout était justifié par la cause, la fin justifiant les moyens. » A peine le niveau d’une rédaction de classe de troisième…

Emile-Henri Biscarrat, particulièrement en verve: « Et la suite, c’est quoi? On leur rase la tête [aux hommes…], on leur met des petites étoiles ?» On appréciera au passage la délicatesse de l’argument, ramassé au fond des poubelles de l’Histoire. Ben oui, c’est vrai. Dans ce renversement voulu de toute chose, il faut bien reconnaître que les Juifs d’Europe Centrale, car c’est d’eux que l’on parle ici sans doute, hormis les plus riches, pommadés en envisonnés, et barrés aux Amériques, les autres étaient crasseux et puants. L’étoile était un petit plus, destiné à les éloigner du nez délicat et éduqués des membres de la Race élue. Supporter des Juifs puants, des poux et des puces plein la tête et la barbe? Les nazis avaient bien le droit de se défendre, non ?Une bonne douche s’imposait. L’Histoire nous montra que cela fut assez efficace.

Les arguments de ces plaidoiries furent donc ainsi. Car la simple raison ne pouvant l’emporter. Il fallait bien un peu forcer les choses. Et faire du spectacle. Emprunter la voie tracée en grande partie par l’irremplaçable Dupond-Moretti.

Les femmes, comme il se doit, deviennent donc ici les coupables, les hommes les victimes. Victimes de femmes revendicatrices qui ne sont jamais contentes de rien.

La société, nous dit-on aussi solennellement, est en passe de devenir dirigée par les femmes. Quelle horreur !

Monde qui est le nôtre, devenu peu à peu pervers, de la base au sommet. Ou plutôt du sommet à la base.

Quand règne la confusion et que rien en semble avoir de sens, restent, pour l’Espérance, la Colère.

La Colère et le Courage.

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