"Les services de ventes politiques ne font appel qu'aux faiblesses de leurs électeurs, jamais à leur force latente. Ils se gardent bien d'éduquer les masses et de les mettre en mesure de se gouverner elles-mêmes, jugeant très suffisant de les manipuler et de les exploiter. C'est dans ce but que toutes les ressources de la psychologie et des sciences sociales sont mobilisées. Des échantillons soigneusement choisis du corps électoral sont soumis à des "interviews en profondeur" qui révèlent les craintes et les désirs inconscients les plus répandus dans un milieu donné au moment d'une élection. Des phrases et des images destinées à apaiser ou, en cas de nécessité, à intensifier les craintes, à satisfaire ces désirs, au moins symboliquement, sont alors choisies par les experts, essayées sur des lecteurs et des auditeurs, changées ou améliorées selon les renseignements ainsi obtenus. Après cela, la campagne électorale est prête pour la transmission en chaîne; il n'y manque plus que de l'argent et un candidat qu'on puisse entraîner à prendre un air "sincère".
Avec ce mode de distribution, les principes politiques et les plans d'action précis en sont arrivés à perdre la plus grande partie de leur importance. La personnalité du candidat et la façon dont elle est mise en valeur par les experts en publicité représentent l'essentiel (...).
Les grands problèmes du jour y seront traités en cinq minutes au plus-et de préférence en soixante secondes tout juste. La nature de l'éloquence est telle que les politiciens et les ecclésiastiques ont toujours tendance à simplifier exagérément les questions complexes et, d'une chaire ou d'une tribune, le plus consciencieux des orateurs éprouve une extrème difficulté à dire toute la vérité. Mais avec les méthodes utilisées aujourd'hui pour vendre du candidat politique comme s'il s'agissait d'un désodorisant, le corps électoral est positivement garanti contre tout contact avec la vérité, sur quelque sujet que ce soit.".
Emmanuel Macron, au Wall Street Journal le 8 mars 2015, en parlant de son ancien métier de banquier d'affaires:"On est une sorte de prostituée, le travail consiste à séduire (...). Je suis d'accord avec tout"...
Evidemment, c'est moins brillant que du Huxley...