Jacques DELIVRé

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Billet de blog 11 décembre 2025

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ORGUEIL ET PRÉJUGÉS.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Pascal Praud, récemment épinglé par l’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) pour des propos tenus dans son émission L’Heure des Pros 2. Lors donc d’une de ces émissions que l’on ne peut ignorer puisqu’on en fait la publicité partout. Épinglé pour «préjugés sexistes» (la vilaine chose).Il s’agissait pour lui de savamment causer du «consentement» dans les rapports (sexuels) entre les hommes et les femmes. Et particulièrement du cas délicat des «viols» où, comme on le sait sans doute, il n’y a jamais «consentement»...Donc Pascal et ses copains chroniqueurs (une majorité de mecs: on est plus peinards comme ça.La seule femme: Elisabeth Lévy) dissertent doctement des femmes et du fameux consentement. L’Arcom ajoutait que «les propos tenus par le présentateur n’avaient été formellement contredits par aucune personne présente sur le plateau».Dans son émission, Maître Praud professe pompeusement sur tout. Il ricane constamment de ses subtiles remarques. Enfin, plutôt, il grimace. Il pérore à grands coups de lunettes: et que je te les mets, que je te les enlève. Je les replace en équilibre sur le bout de mon nez. Tout ça pour me donner une contenance. Je vais chercher l’acquiescement chez mes chroniqueurs, alignés sagement en rang d’oignon devant moi, comme des élèves. Un cours magistral. Ils sont toujours d’accord avec ce que je raconte. Y a intérêt. Ils ont du taff et se montrent à la télé grâce à moi.Constamment désinhibé, sûr de son talent, à force d’être convaincu de son intelligence supérieure à la moyenne, Praud est persuadé d’incarner et de porter la vérité, la vraie, qu’il est le seul capable de révéler, à force de courage, et au rebours des autres médias gavés de subventions («notre argent»), tous tombés dans un insupportable «wokisme». Notamment tous ces journalistes incapables et glandeurs de ce qui reste du Service Public. Dans une autre émission, il s’insurge, colère factice, fureur surjouée, moulinets des bras, contre les reportages tendancieux comme ceux d’Élise Lucet sur Bernard Arnault: «C’est incroyable! Mais dans quel pays vivons-nous?! On devrait élever une statue à cet entrepreneur!» Il considère aussi que la CGT ne sert à rien, surtout sa Secrétaire Générale, Sophie Binet. Encore une femme, bien entendu. Elles sont partout maintenant, mon bon monsieur… Pour dire les choses clairement: dans ce beau pays de France qui perd toutes ses valeurs, ils (et elles) sont des inutiles, des assistés, quoi. Tandis que Sarkozy et Bernard Arnault sont bien entendu des «Übermenschen», des surhommes… Dont la France qui s’effondre a tant besoin; Et le Service Public les attaque bassement!? Quel manque de courage! C’est n’importe quoâ, etc.Hormis sa constante démagogie et, paradoxalement, son même constant soutien à ses amis puissants (Arnault, Bolloré, Sarkozy, Brigitte Macron et consorts), son admiration pour Trump («Il mérite bien le prix Nobel de la paix»), que dit d’intéressant Pascal Praud? Rien. Quel que soit le sujet qu’il a choisi, il étale sa propagande par des méthodes bien connues: polarisation (trouver un ennemi pour le démolir. Par exemple ces féministes énervées qui perturbent violemment et en toute illégalité un spectacle «culturel»), amplification (saturer l’espace avec un sujet choisi), répétition («Mais c’est notre argent! Notre argent!»...), contagion (faire croire que ce que l’on affirme est partagé par tous: «Mais c’est évident! Tous les Français le savent!!...»), la simplification («Mais c’est tout de même pas compliqué à comprendre!»).Dormez, braves gens! Je pense pour vous. Dans ce monde si compliqué, ça vous évitera la fatigue de penser par vous-mêmes...C’est vrai aussi que l’émission de Pascal Praud est sur C News. Que C News appartient au groupe du milliardaire réactionnaire Vincent Bolloré. Ce qui confère à notre Pascal, on l’aura compris, à la fois neutralité totale et indépendance. Indépendance et neutralité dont il est récompensé par son petit salaire d’à peine plus de 40 000 euros pas mois… A quoi il faut bien ajouter Europe1 (jusqu’à 400 000 par an), et les primes d’audience (il mérite bien ça: environ 200 000 pour l’année). Il faudra bien sûr déduire les amendes de l’Arcom: 80 000 par ci, 150 000 par là. Mais vite avalées et comme indolores: une piqûre de moustique dans la couenne d’un mammouth.Pascal Praud: «machine à cash», comme disent parfois les envieux.On constatera cependant que les «analyses» proposées dans l’émission n’envient rien aux propos de comptoir. Mais je ne suis pas charitable avec le comptoir: plutôt considérations ramassées, en se baissant quelque peu, dans le caniveau au milieu des ordures, des vérités d’évidence et des idées toutes faites. Voire plus grave et pernicieux encore. Beaucoup de démagogie. Logique: la démagogie, ça plaît toujours; c’est fait pour ça.Les intervenants avaient soulevé l’hypothèse selon laquelle une femme puisse revenir sur son consentement après une relation sexuelle avec un homme. Praud et ses acolytes avaient ainsi discuté (sans contradictoire) de «l’existence de plaintes déposées par des femmes motivées par un «regret», une «haine des hommes» et un «sentiment de revanche.» Ben oui, c’est évident.Pascal Praud dixit:«Il y a beaucoup de femmes qui n’ont pas la chance (sic) d’être regardées par les hommes et qui, de ce fait, nourrissent parfois contre eux un sentiment de revanche». Se venger méchamment, en déposant plainte (pour viol imaginaire, donc). Plainte contre des hommes qui ont eu le tort de ne pas regarder de plus près des femmes qu’ils devaient trouver moches. Et pire: de ne pas les avoir courtisées, puis plus encore. Les femmes négligées par les hommes, rien de pire: elles sont capables de tout. Être négligée par un homme, pensez!!Donc, si Praud et ses comparses aiment les femmes, comme tous les hétéros mâles qui se respectent, il faut quand même que ces dames soient un peu attirantes… Mais il ne faut pas non plus pour autant qu’elles se croient autorisées à emmerder les mecs. C’est surtout les femmes moches et les femmes frustrées qui font ça. Alors, le viol dont certaines, dit-on, seraient victimes? On en parle peu. Car il faut quand même y regarder de plus près. Compliqué tout ça. Les hommes ne peuvent être constamment responsables de tout. Quel monde!! C’était mieux avant Meetoo, quand même… Et puis parfois, les hommes peuvent aussi être victimes des femmes.Mais Praud et les femmes, qu’en est-il vraiment? Car, on l’a dit, comme tous les vrais hommes, Pascal Praud les aime...Il vit avec Catherine Bancarel, ancienne basketteuse de haut niveau, qui occupe aujourd’hui un poste à «hautes responsabilités» dans une entreprise:«Leur histoire se lit comme un fil tendu entre sport et passion», écrit une certaine presse.» La famille qu’ils forment est recomposée, riche de leurs histoires respectives (joliment dit. On ne parle pas des emmerdements qui vont avec une telle situation). Pascal est père de quatre filles. Catherine est maman de deux adolescents. Leur quotidien se partage entre Paris et Nantes, mais leur lien semble indestructible. A travers ses chroniques, Pascal laisse filtrer une poésie simple, presque adolescente (comme on l’a vu plus haut quand il évoque les femmes...). Il parle de Catherine comme d’une amoureuse rencontrée à 16 ans, avec l’émerveillement intact d’une première passion.» Des sortes de Roméo et Juliette, en somme. Espérons que le Roméo d’occasion ne casse pas trop les pieds à sa Juliette avec ces sales histoires de «je veux, tu veux pas, tu veux, je veux pas, je t’aime, moi non plus, etc.». De consentement donc.Voir ainsi Pascal Praud en adolescent énamouré, il faut au journaliste une certaine imagination. Bon, l’état passionnel transfigure, c’est connu.Ils ont donc trouvé leur «équilibre» en vivant à 400 km l’un de l’autre. Tous les couples savent en effet que, moins l’on se voit, plus ça dure.Tweet de l’amoureux transi Pascal: «La femme que j’aime a 51 ans. Je l’ai rencontrée en 2015. Elle est belle, intelligente, sensible, drôle et tout et tout. J’ajoute que sa peau est douce. Voilà.»Que de bonnes nouvelles donc. Et beaucoup de poésie, comme d’habitude. Comme elle n’est pas moche la Catherine, et qu’en plus, pour une femme, elle est intelligente, elle n’aura pas besoin de porter plainte pour se faire remarquer.Dans le même genre, le richissime avocat pénaliste Eric Dupond-Moretti qui, lui aussi, a réussi sa vie à force de travail et de courage, fait encore mieux. Sa chérie, Isabelle Boulay, habite en effet à 6000 km, (au Québec)Rien de telle pour faire un couple harmonieux et fusionnel.Quant à ce que Praud et ses chroniqueurs racontent sur les femmes, ça doit être pour faire plaisir à leur public. On peut donc sans regret passer son chemin.

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