LA FLAMME DU RN
Le «journaliste»Pascal Praud laissait entendre tout récemment que le RN n’était pas un parti «fasciste». On dédiabolise donc très dangereusement d’un côté, en diabolisant tout aussi dangereusement la France Insoumise de l’autre. Comme l’ont fait tout récemment aussi sur les télévisions française Cyril Hanouna et ses comparses. «Plutôt Hitler que le Front Populaire?» C’est à voir: quand on s’adresse à des têtes vidées, on a toutes les chances de convaincre.
Alors, tâchons de remplir un peu…
Alors oui, je sais: «Arrête de jouer les Cassandre!»
Sauf que Cassandre avait raison: la guerre de Troie a bien eu lieu...
Nous sommes en Italie, en octobre 2011. Marine Le Pen est venue faire la promotion de son autobiographie A Contre-Flots. Elle discute alors avec Assunta Almirante, la veuve de Giorgio Almirante, le fondateur du MSI (Mouvement Social Italien): «-Assunta Almirante (en parlant de Marine): Elle sait qu’on lui a donnée notre symbole (la flamme tricolore). -Marine Le Pen: Ah! On vous l’a emprunté. On a soufflé dessus. -Assunta Almirante: J’aimerai dire un mot à mon amie que je connais depuis de nombreuses années. Je vous rappelle que le Front National a vu le jour avec Jean-Marie Le Pen et mon mari Giorgio Almirante. Nous sommes très heureux qu’elle prenne la relève de son père.»
QUI était donc Giorgio Almirante? Nous verrons cela plus loin.
Retour en arrière
L’origine de la création du FN est à chercher du côté des militants néo-fascistes français d’Ordre Nouveau. Même s’il déclare ne pas partager toutes leurs idées, Jean-Marie Le Pen est choisi finalement pour présider le FN. Un des collaborateurs de Le Pen était à l’époque Léon Gaultier, ancien membre de la Milice, et Français engagé volontaire dans la division Charlemagne de la Waffen-SS.
En 1972, la flamme tricolore empruntée au MSI se substituera donc à la croix celtique d’Ordre Nouveau.
Un des slogans des élections législatives de 1973 était: «Barrons la route au Front Populaire.» Le parti frère italien, le MSI, fournira gratuitement les affiches pour la campagne électorale.
Le trésorier du FN, et un autre de ses fondateurs, était Pierre Bousquet, ancien lui aussi de la Waffen-SS française, condamné à mort à la Libération (sa peine fut commuée).
Jean-Marie Le Pen présidera le FN jusqu’en 2011. Sa fille Marine prendra la suite. Elle rompt avec le style abrupt de son père, mais pas avec ses idées.
En 2018, le FN deviendra RN, Rassemblement National. Certains historiens, sans doute mal intentionnés, rapprochent le nouveau nom du parti avec le RNP, Rassemblement National Populaire de la période de guerre, parti fasciste et collaborationniste. Mais la flamme tricolore empruntée au MSI italien en reste le symbole.
Qui était Giorgio Almirante, le copain de Jean-Marie Le Pen?
En 1932, il avait adhéré au GUF, groupes universitaires fascistes mussoliniens.
En 1938, il est signataire du Manifeste sur la race. Il devient ensuite lieutenant dans la Brigade Noire qui lutte contre les résistants italiens. Et chef de cabinet du Ministre de la culture populaire de Mussolini.
En 1942, il est également secrétaire de rédaction de la revue La défense de la Race, qui promeut les thèses raciales fascistes et nazies. Antisémites aussi, donc.
En 1943, après l’armistice, il adhère à la République Sociale Italienne , et rejoint la République fantoche de Salo avec Mussolini.
En avril 1945, il rentre dans la clandestinité.
En 1946, il crée le MSI, qui accordera donc gracieusement sa flamme au FN. Et sur laquelle Marine dira «souffler»...
Encore aujourd’hui, Giorgia Meloni, copine de Marine, se bat pour qu’une rue de Rome porte le nom du brave homme. Sans succès, et on se demande bien pourquoi.
Bref, s’il n’y a plus de Waffen-SS et de fascistes dans la MSI et le RN, c’est parce qu’ils sont tous morts. Il faudra donc une nouvelle guerre pour que des plus jeunes puissent prendre la relève.
Devra-t-on aussi évoquer les rapports privilégiés du RN avec le régime de Poutine?
Est-ce bien nécessaire?
Au final, comme le dit Johann Chapoutot dans Libération, Professeur d’histoire contemporaine à la Sorbonne, et spécialiste du nazisme, remerciant au passage François Ruffin d’avoir dès dimanche soir posé judicieusement l’alternative:
«Rappelons que les Nazis, dans les années 30, étaient vus comme des partenaires politiques et économiques de premier choix: ils avaient détruit la gauche la plus ancienne et la mieux organisée du monde. Ils avaient relancé les fondamentaux de l’économie allemande. Des commandes d’armement massives, et avaient fait de l’Allemagne une zone optimale d’investissement tandis que Le Point et le JDD de l’époque rêvaient de décrocher une interview de ce fameux «Chancellier Hitler».