DES ENFANTS MENTEURS. VRAIMENT ?
Il fut raconté tant et plus que les enfants d'Outreau avaient menti. Enfants déshérités déclarés menteurs par à peu près tout le monde. Enfants donc, à l’avance, coupables.
" J’admire comme on peut mentir en mettant la raison de son côté. "
Jean-Paul Sartre, La Nausée.
"Vous l'avez assommé avec un bâton? Non, avec un secret."
René Char.
Coupables d’avoir envoyé en prison des braves gens qui n’avaient rien fait de mal. Menteurs dès leur naissance sans doute, particulièrement les enfants Delay. Responsables donc, par leur malignité congénitale, du « fiasco » et, pourquoi pas, de ce qui leur était arrivé.
Et pourtant ! Il faudra bien expliquer ceci, qui n’est pas un quelconque passage d’un ouvrage « complotiste » mais un extrait très officiel et sérieux de l’arrêt du 1er juillet 2003 de la Chambre de l’Instruction de la Cour d’Appel de Douai :
« Les enfants Delay ont fait des déclarations circonstanciées, cohérentes, concordantes, à différents moments de la procédure, tant devant leurs assistantes maternelles respectives, que lorsqu’ils ont été entendus par les enquêteurs de police, par les experts qui les ont examinés et par le Juge d’instruction […].
Il apparaît que les enfants- dont il est difficilement discutable qu’ils ont été traumatisés par des faits commis sur eux par de nombreux adultes1 [nous soulignons] avec une grande violence et de manière répétée dans le temps – n’ont pu mettre en cause des adultes extérieurs au cercle familial que lorsqu’ils se sont sentis en confiance et ont compris notamment qu’ils pourraient recevoir une protection de la part de la justice.
L’information2 n’a nullement démontré que leurs propos avaient été dictés par leur mère, qui les aurait « manipulés » […]. Myriam Badaoui et son mari Thierry Delay ont au contraire tout mis en œuvre pour que les faits soient tus et, lorsque leur révélation a eu lieu, pour impliquer le moins de personnes possible dans ces faits ; et que cela est si vrai que, tant que les enfants n’avaient pas livré les noms des personnes adultes extérieures au groupe familial, Myriam Badaoui, non plus qu’Aurélie Grenon ou David Delplanque n’avaient mis en cause ces personnes, ce qui exclut la thèse du « complot » dénoncé par certains adultes. Et que cette thèse est contradictoire également par le fait que les enfants ont fait des déclarations convergentes, à un moment où ils étaient séparés, placés dans des familles d’accueil différentes, en des lieux différents, et sans réelle communication entre eux, non plus qu’avec leurs parents […].
Les adultes qui ont reconnu les faits ont fait des déclarations circonstanciées confirmant les propos des enfants, sans avoir eu la possibilité d’accorder leurs dires à ceux des enfants […].
Tous les enfants examinés sur le plan psychologique ont été déclarés crédibles et exempts de tendances à l’affabulation. Leurs déclarations ont reçu la confirmation de certains éléments matériels (la découverte de photos pornographiques, dont l’une où l’un des enfants Delay était visible, la saisie de godemichés et autres sexes artificiels chez les époux Delay, la description de la maison des époux Marécaux, des descriptions physiques, notamment des tatouages sur François Mourmand) […].
David Delplanque et Aurélie Grenon3 ont confirmé les déclarations des mineurs, selon lesquelles les adultes payaient les époux Delay pour pouvoir entretenir des relations sexuelles avec leurs enfants. »
1Pour rappel, il n’y eut que quatre condamnés définitifs en appel à Paris.
2L’instruction.
3Condamnés définitifs en appel à Paris, de même que Myriam Badaoui et Thierry Delay.