CONNERIE, POLITIQUE ET MALADIES SPECIFIQUES.
(Interview).
«-Monsieur Georges Ducont, la semaine dernière c'était votre associé, le Professeur Albert Ducond, qui était à mes côtés autour de ce microphone. Vous avez accepté, à votre tour, de répondre à nos questions, vous qui vous êtes réservé des domaines d'investigation spécifiques, et, notamment, les maladies dites «politiques»...Peut-on faire un état des lieux?
-Merci... Alors, un «état des lieux»? La question est vaste et le domaine concerné encore plus, voire infini. Nous nous penchons actuellement sur plusieurs types de connerie politique. Je vous donne quelques exemples hexagonaux parmi les plus significatifs: la «Moranopathie suraiguë», déjà signalée ici-même, variante de la «Lefèbvrite zadigo-voltairienne» de type sarkoïde. Dans ces cas précis, les sujets sont en traitement, mais leur état reste stationnaire...
-Peut-on guérir de ces infections qui paraissent terrifiantes?... Je croyais que c'était impossible...
-Non, mais on peut en atténuer les effets par des traitements appropriés quand la connerie prend des proportions aussi alarmantes...Signalons, au passage, la «Flambite», maladie dégénérative qui entraîne, très normalement, une pépèrisation absolue de toutes les facultés... Un autre cas particulièrement intéressant est la «Solférinite proliférante», ou «Maladie de Solférino». Les cas observés sont extrêmement curieux, puisqu'il s'agit ici d'une mutation génétique des neurones cérébraux-ou de ce qu'il en reste- qui se déplacent de la gauche vers la droite: une migration. La maladie se répand rapidement et surtout, comme toujours, au sein des instances dirigeantes et décisionnelles. La littérature médicale avaient déjà signalé ce genre de cas, dans la France des années 30 ou 40. Les sujets dont j'ai le souvenir s'appelaient Doriot et Déat...
-Existe t-il d'autres cas intéressants?
-Malheureusement, oui. Signalons la «Lepenite délirante» («Lepenita deliranta»), qui est au départ consanguine et très contagieuse. Les sujets sont victimes d'une atteinte cérébrale de type «spongiforme» qui consiste à reprendre à son compte toutes les idées qui passent alentour-d'où le terme de spongiforme- et, de préférence celles qui traînent dans les caniveaux, même si, par ailleurs, elles sont totalement contradictoires...Cette «Lepenite», qui prend parfois des formes malignes- ce qui est le comble pour de la connerie- prolifère un peu partout. Je dois préciser que, contrairement à ce qui a pu se dire, l'origine n'en est pas bretonne. La Bretagne semble un peu préservée, pour l'instant. Sans doute peut-on y voir l'effet des galettes et de l'alcool...
-De l'alcool?
-Oui. Consommé avec modération -mais pas trop- l'alcool repousse les limites de l'«effet Duning-Kruger».
-C'est à dire?...
-Vous n'avez pas consulté les commentaires du billet précédent?
-J'avoue que non...Les billets sont parfois longs, et les commentaires!...Et puis, pas le temps: je n'ai rien lu depuis deux ans...
-Ne vous excusez pas. Les journalistes sont souvent incultes. L'important est qu'ils le sachent. Pour en revenir à notre sujet, Duning et Kruger sont deux psychologues américains qui ont découvert que l'homme a beaucoup de mal à s'auto-évaluer et à reconnaître notamment sa propre connerie. Les deux chercheurs sont allés plus loin. Un sujet compétent dans son domaine va souvent se sous-évaluer. Inversement, un sujet peu compétent va avoir tendance à se sur-évaluer. Cette difficulté à s'évaluer soi-même est l'«effet Duning-Kruger». Nos politiques, nos économistes, certains chroniqueurs sont atteints au plus haut point de cette tendance à sur-évaluer leurs compétences. Signalons l'«Attalite égocentrique», la «Zemmourite mégalovirienne», ou encore la «Finkelkrautite Imprecatoria furiosa», pour reprendre la terminologie latine que nous avons très classiquement adoptée.
-Et quels en sont les symptômes?
-Dans le premier cas, le sujet prétend tout savoir sur tout et se fâche quand on ne veut pas l'écouter. Dans les autres cas, le premier sujet manifeste une propension obsessionnelle particulière à vouloir se faire remarquer, se montrer plus intelligent et plus original que tout le monde, par exemple en affirmant tout et n'importe quoi, à la seule condition que cela soit politiquement incorrect...La question qui se pose à nous: l'individu croit-il vraiment en ce qu'il affirme?...Le dernier sujet, quant à lui, est pris de fortes fièvres et de crises subites de fureur paranoïde et monomaniaque.
-Encore deux mots sur la «Lepenite»?...
-Il s'agit d'une évolution du bacille que l'on croyait disparu «Hitleria Yersinia pestis», qui peut provoquer insidieusement de véritables épidémies de connerie collective. La forme en est extrêmement active et proliférante; virulente et très dangereuse!...
-Épouvantable! Mais, dites-moi, que de classifications savantes!...La tête me tourne!...
- En effet, mais il faut nous le pardonner. Une science telle que la connologie doit sans cesse délimiter le champ de son objet. Il faut constamment inventer des concepts et des dénominations précises pour des phénomènes encore mal connus. Ajoutons que la classification est une manie toute française, surtout depuis Bouffon...Je veux dire: Buffon (Rires).
-Pardonnez-moi, mais vous parlez bien de «maladies». Or, le professeur Ducond avait indiqué que la connerie était dorénavant inscrite dans notre patrimoine génétique...
-Vous avez raison de poser la question. La connerie reste, chez l'humain, une potentialité, au même titre que la parole, la station debout, le rire ou le développement des connections neuronales, etc. A la naissance, le petit être humain possède cette potentialité conneriphilique, génétiquement inscrite. Mais elle se développera ou non, selon les milieu et les circonstances. On ne naît pas con, on le devient. Sans le milieu ambiant, la connerie pourrait ne pas se développer...En réalité, elle se développe toujours. Il faudrait que le sujet soit éloigné de tout contact humain. Dans ce cas, il ne parlerait pas et dirait donc beaucoup moins de conneries...
-Quant aux maladies, elles se transmettent, c'est bien ça?...
-Elles se transmettent par les microbes, par les virus, les bacilles. Elles viennent ainsi aggraver la connerie de base...
-Je comprends mieux! Finalement, nous sommes constamment comme bombardés de conneries de tous côtés, génétiquement et par contamination, de la naissance à la mort...
-Absolument! Et par différents et multiples canaux...
-Difficile, voire impossible d'y échapper!!! Pour finir, est-il possible quand même d'éradiquer, en partie au moins, ces maladies contagieuses?
-Non. On ne peut, de toute façon, éradiquer «en partie», comme vous dites! Les souches sont bien accrochées et depuis fort longtemps. En outre, microbes et virus profitent du développement des communications, de la mondialisation, des voyages en avion, de la vitesse imposée à tout le monde, de l'uniformisation générale des individus par le bas, etc. pour migrer tranquillement d'un pays ou d'un continent à un autre... Par exemple, le virus«Tatcheria virulens» vient d'Outre-Manche. Celui dénommé«Buschia deliriumsis», variante de «Reagania debilentis», des Etats-Unis; sans parler de«Berlusconia obsedentitia sexualis» qui nous vient d'Italie...
-Merci, cher Professeur pour toutes ces précisions...
-Je voudrais, si vous me le permettez, terminer par une anecdote qui dépasse le champ de la politique, mais qui est quand même significative. Savez-vous que certaines féministes, arguant du fait que l'origine du mot «connerie» est latine («cunnus») et désigne, dans cette langue, non seulement la gaine ou le fourreau mais, par analogie, l'endroit féminin intime que tout le monde connaît peu ou prou, et que, de ce fait, le terme était désobligeant pour les femmes, voire machiste ( ce qui n'est peut-être pas complètement faux); que, d'autre part, la connerie étant, pour elles, l'apanage surtout des mâles, ont proposé de remplacer le terme historiquement consacré par l'épouvantable néologisme de «biterie»...Stupéfiant!...
-C'est donc sur cette savoureuse anecdote que nous nous quittons et que je donne rendez-vous à nos auditeurs la semaine prochaine.
-Merci à vous.»