Négationniste, adj.: personne qui nie la réalité de crimes pourtant établie par la documentation, le plus souvent pour des raisons idéologiques. Le terme s'applique généralement aux personnes qui contestent ou minimisent des crimes contre l'Humanité.
Contre celles et ceux qui en niaient violemment l’existence, la réalité du meurtre d’une petite fille de 4 ou 5 ans à Outreau en 1999 ne fut pas si difficile à prouver. Ce fut long, plutôt. Ce sera l’objet de mon prochain livre.
Ce meurtre, dans le contexte socialement et politiquement explosif de l’affaire Dutroux dans la toute proche Belgique, il fallait absolument qu’il n’existât pas.
Si différents témoignages de personnes présentes ce soir-là concordaient sur de très nombreux points, l’abondante littérature sur l’affaire (de même que les reportages, les émissions, etc.) s’engagea surtout à les discréditer et les ridiculiser. Trois méthodes, et trois arguments différents :
1. Les témoignages des personnes auditionnées concordent certes, mais c’est le juge Burgaud (contre toute vraisemblance) qui a soufflé les réponses à fournir. Du genre :
« Question : Elle était habillée comment, le petite fille ?
Réponse : Ben…
Question : C’était pas un pyjama bleu, par hasard ?
Réponse : Oui ! C’est ça…
Question : Bleu clair, peut-être ?
Réponse : Oui, bleu clair, M’sieur l’juge ! J’me souviens maint’nant que vous me le dites... »
2. Myriam Badaoui a brodé autour de la lettre de Daniel Legrand fils lue par le juge. La consultation des PV authentiques montre que c’est impossible: elle fournit de très nombreux détails qui ne sont pas dans la lettre.
3. Les témoignages ne concordent en rien. Mais pour le prouver, la littérature révisionniste va devoir mutiler les PV authentiques, ôtant, sans vergogne, tous les détails qui pouvaient concorder.
Une quinzaine d’auteurs, dont Florence Aubenas de Libération et Acacio Pereira, chroniqueur judiciaire au Monde se livreront à cet exercice de faussaires. Les émissions, documentaires, iront dans le même sens. Le citoyen n’y verra que du feu, forcément. Puisque tout le monde le dit, c’est que c’est vrai. Argument en apparence imparable. Cependant du même tonneau que «la terre est plate, c’est évident. Tout le monde le voit».
A l’époque, les avocats de la défense, dont Hubert Delarue, ses copains Franck Berton et Eric Dupond-Moretti, feront de même. Mais au moins eux, en falsifiant la réalité, restaient-ils un peu dans leur rôle: gagner à tout prix, quelques soient les moyens utilisés. Et même si on peut s’interroger ici sur leurs objectifs.
Proposer trois possibilités différentes, tarabiscotées et peu vraisemblables de cette histoire montre déjà que les auteurs ne parviennent pas à s’accorder. Le mensonge a en effet plusieurs versions. La vérité n’en a qu’une. Qu’elle plaise ou non.
Quand dans toute la littérature sur l’affaire (hormis trois ouvrages) le meurtre est rapporté de façon ouvertement tendancieuse et mensongère, c’est bien qu’on a voulu sciemment en nier la réalité. Sinon, pourquoi prendre tant de risques?
Pourquoi vouloir, et si malhonnêtement, nier la réalité d’un meurtre d’enfant qui n’existerait pas ? On ne cache jamais quelque chose qui n’existe pas.
Qui sont donc les véritables négationnistes dans toute cette histoire ?
Et pourquoi font-ils ça ?