Jacques DELIVRé

Abonné·e de Mediapart

133 Billets

0 Édition

Billet de blog 27 janvier 2023

Jacques DELIVRé

Abonné·e de Mediapart

AFFAIRE OUTREAU: PROTEGER LES ADULTES.

La mini-série de France TV sur l'affaire continue à faire des vagues.

Jacques DELIVRé

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

AFFAIRE OUTREAU: PROTÉGER LES ADULTES.

Gros battage, énorme battage ! Le produit « fiasco d’Outreau » et son produit dérivé « vies brisées », origine contrôlée, préparé par une inédite campagne de publicité, va certainement bien se vendre : c’est la mini-série Outreau par France Télévision. A lire les critiques (Trois « T » Télérama, par exemple), le produit est prometteur ; le packaging annonce un contenu des plus exceptionnels, des plus inédits, des plus créatifs. Tout ce qui importait dans l’affaire avait été retranscrit avec une scrupuleuse « fidélité ». C’était nouveau, etc. Très bien, car on en avait un peu assez de cette affaire...

La chose avait donc tout pour plaire et faire renaître notre curiosité émoussée par le temps. L’idée que l’on se faisait du produit était , à l’avance, toute émoustillante : enfin du bon docu-fiction, qui allait permettre à chacun d’y voir plus clair dans cette sombre histoire.

Alors, puisqu’il faut bien faire saliver le chaland, impossible d’ouvrir un journal, une revue, de consulter son ordinateur, sans tomber sur l’annonce de la série diffusée par France 2, chaîne nationale. Difficile d’écouter la radio, de regarder la télévision. Impossible de prendre tranquillement son train sans tomber sur des panneaux publicitaires géants qui nous rappellent gentiment : « Il n’est pire souffrance que l’injustice ». Quel programme ! Personne n’aime en effet l’injustice, pas plus que personne, généralement, n’aime la souffrance. On va pouvoir se régaler au frais du contribuable !

Et pourtant !… Les « spécialistes de la solution des problèmes » , comme le disait Hannah Arendt (Du Mensonge à la Violence) n’ont pu s’empêcher de frapper encore. Encore, parce qu’ils frappent ainsi depuis le début, il y a 20 ans, et que ça marche encore pas trop mal… Est-ce donc toujours le premier qui parle qui a raison ? La version de départ, sans nuances et sans contradictoire, a eu les faveurs du public ; je veux dire du « citoyen », puisque nous sommes encore une démocratie. Cette version péremptoire, comment a-t’elle pu ainsi s’enkyster dans les consciences pour devenir un véritable tabou auquel il est très périlleux de s’attaquer?

Hannah Arendt disait aussi : « La prémisse psychologique de la manipulation des Hommes est devenue l’un des principaux produits en vente sur le marché de l’opinion ». C’était en 1969. Depuis, rien n’a changé, sinon ce curieux paradoxe : plus la propagande s’éloigne de nous dans le temps, plus on la distingue. Enfin, normalement...

La mini-série verra donc, sans surprise, et une nouvelle fois, arriver sur les petits écrans toute la clique des (vrais ) négationnistes de l’affaire. Car comment appeler autrement celles et ceux qui, avec constance et acharnement, et à défaut d’arguments véritables (l’invective en est la preuve), nient des crimes sur enfants, mettent en cause l’existence avérée du meurtre d’une toute petite fille de 5 ou 6 ans à Outreau, en 1999 ? En effet, par un retournement tout pervers, cette désobligeante dénomination, à laquelle il faudrait ajouter « révisionnistes », « complotistes », « agités du missel »,etc. a d’abord été utilisée pour désigner les citoyens honnêtes et libres d’esprit qui se battent corps et âme pour la protection des enfants.

Depuis quand les dominés que nous sommes se mettent-ils à croire sans réflexion aucune à ce que les dominants leur assènent ainsi à grands coups de matraquage médiatique et d’argent public ? Le citoyen français a-t’il donc perdu tout esprit critique ? Les lumières de la Raison se sont-elles donc définitivement éteintes au pays des Droits de l’Homme? Pourquoi s’est-on mis d’un coup à croire sans aucune hésitation à ce que les plus hautes instances du pays nous déclaraient péremptoirement ? Le nuage de Tchernobyl et ses pérégrinations pro-françaises n’avait donc servi à rien !…

Et qu’est-ce qui avait bien pu arriver pour que les Institutions dans leur entier s’intéressent avec autant de constance, de publications, d’investissement, de publicité, au sort de quelques individus dont les Pouvoir se contrefichent la plupart du temps ? Dépenser des millions, du temps, de l’énergie, des compétences, pour venir au secours de braves gens qui ont été déjà grassement indemnisés pour leurs années de prison ? Et personne ne se pose la question ?

Une seule réponse, et tous les Dominants se savent depuis longtemps : parce que ce discours correspondait parfaitement à ce que le citoyen avait envie d’entendre. Parce qu’il fallait, à tout prix et par tous les moyens, étouffer des crimes ignobles. Nier la réalité.

Donc, rien n’y fait. Ce sont encore aujourd’hui, et la mini-série n’en est qu’un exemple de plus, tous ces pauvres adultes, tous ces « acquittés-innocents », comme on nous le rappelle sans cesse (pourrions-nous avoir des doutes?) qu’il faut impérativement protéger des enfants.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.