Lu l'opus de Lindon fils et petit fils, sur ses années "Foucault", Michel, qui a "inventé" le titre GaiPied pour le premier magazine homosexuel entre autres choses. A fond dans ces mutations et interrogations à l'époque, je me pourléchais à l'idée de passer un bon moment dans ce chaudron de pensée et d'action évoqué par un témoin de toute proximité. Oups. Pas un mot sur ce qui se passait dans le monde en ce temps là, fin des années 70 début des années 80, trop futile sans doute. Pas un mot sur la sexualité riche du grand homme (hors quelques allusions). Quant à ses idées, son œuvre, ses engagements, pfff. Allons ! Non. Un peu sur le SIDA, il faut bien.
On a droit à moi, mes potes dans le grand appartement quand Michel n'y était pas. En gros. L'ombre plane du grand éditeur de père malgré (sic) le nom duquel notre auteur a pu quand même (sic) se faire éditer ; quel tour de force et quel tourment ! Une langue à échos scolairement proustinoïdes, mâtinée de Max du Veuzy (?), bref laborieusement recherchée. Du rien de rien sur trois cents pages alors qu'il a côtoyé un esprit des plus acérés, vivants et impliqués de son jeune temps. Non, c'est mon nombril et ceux de mes potes dans un bel appartement parisien qu'on saccage un peu, et, en passant, qui couche ou ne couche pas avec qui, puis, surtout, mes émerveillements à moi, mes mélancolies : Oualà, j'ai connu tout ce monde là. Bon. Et Michel m'a (chastement, je me suis refusé, il a laissé tomber) aimé. Mourant trop vite il n'a pu me dédicacer ses livres. Zut. Fallait bien qu'un jour je le fasse savoir. Etc, etc.
Illustration de ces coteries endogamiques dont notre république est farcie : on est fils ou fille de à l'édition, à la télé, dans la presse, à la chanson, au cinoche, avec force encensement mutuels, réciproques et convenus, quelques détestations, du pognon un peu ou beaucoup, et des notoriétés de salon à la clé ainsi qu'une ou deux fréquentations prestigieuses. Tout ça par la vertu de quelques gamètes et vibrillons.
Vivement la révolution sexuelle, la confusion des genres et la mort des parentalités !
NB. ça s'appelle en toute simplicité "ce qu'aimer veut dire", ah bon ! Chez P.O.L Mathieu Lindon, donc (18€50, quand même). Allez, lisez-le, pour voir.