Jacques Fortin (avatar)

Jacques Fortin

retraité, après mille et un boulots

Abonné·e de Mediapart

312 Billets

1 Éditions

Billet de blog 2 décembre 2018

Jacques Fortin (avatar)

Jacques Fortin

retraité, après mille et un boulots

Abonné·e de Mediapart

Et la gauche révolutionnaire......

Jacques Fortin (avatar)

Jacques Fortin

retraité, après mille et un boulots

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Nul ne sait à ce jour ce que donnera la révolte des gilets jaunes, il faut espérer et tout faire pour qu'elle fasse plier le genoux à la macronie, cette imposture ultralibérale arrogante. Mais le sens qu’a cette révolte est d’une clarté aveuglante.

Les diverses couches des populations qui subissent depuis la fin des années 70 l’appel permanent aux “efforts” n’en peuvent plus. Elles n’ont fait que régresser au profit d’un capitalisme français incompétent dans son propre domaine (exemple de la désindustrialisation) et imensément cupide (mais n’est-ce pas tautologique). Elles voient leur horizon personnel se refermer sur le manque et la désespérance, tandis que les plus riches prospèrent crise après crise, plan de rigueur après plan de rigueur. Elles voient aussi une société dont les “forces productives” connaissent des mutations effrénées, stupéfiantes sans qu’il en sortent une baisse du temps de travail, un allègement des rythmes d’exploitation, un mieux être dans des espaces polluées et détruits que les plus pauvres subissent en priorité.

Les forces dites de gauches ont été prises bêtement d’ivresse par les baratins technocratiques et la pression à “la France qui gagne” ou doit gagner ou perd qu’il faut sauver, alors que dans les années 80 on y débattait de la baisse du temps de travail et de la société des loisirs, autrement du développement par le loisir.

Elles ont depuis longtemps renoncé à faire au moins le service minimum de défense d’un peu de répartition des richesses, au contraire on sait tous qu’elles ont accompagné les régressions sous l’égide libérale, y compris les élites syndicales, même la grande centrale dite la plus à gauche qu’il a fallu secouer pour qu’elle appelle à voter non au référendum sur le traité constitutionne dont le principal chargé en son sein a fini par une juteuse carrière internationale personnelle, nous n’oublions pas.

La gauche révolutionnaire et même la gauche associatives altermondialiste ont tenté diverses voies pour sortir du carcan des vieilles structures à la fois vermoulues mais accrochées au système et suffisemment pourvues en prébendes pour barrer le chemin du neuf. J’aurais tendance à penser que le côté élégamment velléitaire a beaucoup prospéré chez ses élites intellectuelles.

En ce qui concerne ma chapelle, la LCR, la tentative du NPA a eté prise en étau entre les impatiences internes et les manœuvres des néo soc dem et des post staliniens dans un climat de patinage des mobilisations.

Qui tirera honnêtement les conclusions du sabordage du NPA au profit des illusions du Front de gauche qui n’avait pour horizon que la tentative du PCF de se refaire un brin de santé, ce qui était évident dès le départ et n’a abouti qu’à un effondrement sur lui-même encore plus prononcé du vieil appareil bureaucratique ?

De même qui fera le même retour lucide sur la séduction opérée (de longue date pour certains) par l’opération néo bonapartiste de l’équipe Mélenchon aux théorisations qui n’avaient pour but que de hisser au centre du jeu à gauche une clique autoritaire et manœuvrière dont des personnalités avaient montré ailleurs leur goût des positions de premier plan et leur soif d’une trajectoire personnelle, qui font aujourd’hui naufrage.

Quel gâchis. Aujourd’hui il n’y a plus d’outil à gauche de ces gauches pour tenter de peser sur le cours des choses et y faire entendre une voix nourrie de valeurs collectives et attachée à un projet de refondation d’une gauche de combat collective, démocratique, pluraliste au lieu de ce vieux parti cacochyme, de petites organisations imbues d’elles-mêmes, et de personnalités autoproclamées qui squattent aujourd’hui les réseaux sociaux où ils étalent les débordements de leurs hubris.

Il serait temps d’essayer de sortir de là. De refonder un réseau de convergence pour l’action, sur une base collective, authentiquement sociale, fraternellement pluraliste à la base sans palinodies d’appareils, et intransigeante envers le capital. Une convergence qui pratique ce qu’elle prône, la vie de collectifs de base, la rotation systématique des mandats, l’expérimentation loyale de l’orientation majoritairement choisie et la prudence devant l’exagération des divisions idéologiques.

Pour cela il faudrait s’affranchir des illusions sur les reliques politiciennes et les professionnels de la personnalité, s’affranchir aussi des intempérances gauchistes et des oukases des professionnels de la ligne juste. Nous en sommes loin et quand je dis qu’il est temps, je dis qu’il est surtout tard, très tard, très très tard.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.