(Interlude dans ma série en cours)
Trois sérieux désaveux pour la "voie indigéniste"
Les Indigènes de la république dont le projet d'une organisation autonome des populations issues de la colonisation en France, me semblait à suivre lorsqu'ils se sont lancé, ont depuis largement dérivé, de mon point de vue vers des positions séparatistes calamiteuses.
Trois évènements sociaux viennent frapper de plein fouet certaines de leurs théorisations.
La grande césure qui s'est produite en Egypte entre l'aspiration des masses révoltées (la jeunesse beaucoup) désireuses d'avancées sociales comme de libertés civiles et l'Islam théocratique (et autocratique) des Frères musulmans. Cet Islam dont bien des textes des Indigènes vantaient les vertus et surtout s'évertuaient à gommer, minimiser les traits sexistes, autoritaires, normatifs. La grande révolte égyptienne a dévoilé le théocratisme islamique et, sans doute, contribue à renvoyé la religion hors de la sphère civile et civique tout en prouvant une fois de plus que les voies religieuses vers l'émancipation se révèlent le plus souvent des pentes savonneuses pour celles et ceux qui s'y abandonnent.
La Tunisie a montré elle aussi qu'il y avait une possibilité et surtout une puissante aspiration en pays de culture islamique, à la création d'une société civile, civique, de séparation des idéaux religieux d'avec le contrat social et politique. Elle a montré aussi la force d'un féminisme "civil" (pour ne pas sortir le gros mot de laïque) qui laisse l'idéologie de la "complémentarité" aux prêches des lieux de cultes, et instaure l'égalité civique en primat.
Le troisième évènement vient de mouvements sociaux tout à fait inverses : ceux qui agitent et recomposent les diverses droites extrêmes en France autour de Dieudonné/Soral et de la manif pour tous. Le premier capte une radicalisation dévoyée que les Indigènes ont été incapable d'attirer tant leur propre problématique a été nourrie d'exclusions et d'exclusives au lieu de concentrer son tir sur une lutte STRUCTURANTE, UNITAIRE ET UNIFIANTE des inégalités issue de la colonisation, et une forme d'organisation qui donne à la fois fierté, force et goût de l'unité. Le second travaille à une forme d'intégration imprévue (!) de populations de culture islamique, par et dans les droites sur la défense des "valeurs qui nous sont chères" diraient les égéries de la manif pour tous. C'est à dire les plus réactionnaires des antiennes religieuses concernant la différence homme/femme, le dessein divin pour elles et pour eux, la famille, la sexualité, la prétendue civilisation et toutes ces sortes de choses qui font converger aujourd'hui les religions en tant que fondamentalismes totalitaires.
Voilà un bilan mélancolique pour les Indigènes, non ?
Ce ne sont là que quelques réflexions rapides, superficielles mais justes qui mériteront d'être approfondies. Elles me vaudront bien sûr sarcasmes et quelques insultes sans doute.
Mais quand même, je lis régulièrement les textes "indigènes" et je me dis... quels démentis !
à méditer, non ?