Jacques Fortin (avatar)

Jacques Fortin

retraité, après mille et un boulots

Abonné·e de Mediapart

312 Billets

1 Éditions

Billet de blog 5 juillet 2014

Jacques Fortin (avatar)

Jacques Fortin

retraité, après mille et un boulots

Abonné·e de Mediapart

QUAND MELENCHON BROIE DU NOIR

Jacques Fortin (avatar)

Jacques Fortin

retraité, après mille et un boulots

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Que Mélenchon broie du noir, somme toute...

Mais voilà, avec lui ou sans lui effectivement ça ne va pas fort.

Pourquoi tant de noirceur ?

Il y a diverses raisons mais quant au Front de gauche et à toute notre gauche de la gauche qui se cherche depuis vingt ans, il n'est pas inutile de remonter à la sortie de la campagne référendaire, de sa victoire en eau de boudin pour finir, et de l'opération collectifs unitaires manipulée de main de maître, somme toute, puis celle de l'étouffement du NPA et enfin du lancement du FG par... l'appareil du PCF tout particulièrement.

Oh, c'est une main arthritique, mais ceux qui se sont laissé prendre feraient bien de réfléchir un peu à leur naïveté ou leur absence de fermeté d'alors et tirer lucidement, enfin, un bilan de leur conduite.

Il fallait faire avec le PCF ? Certes, mais comment et à quel prix ?

Dans le comment on peut encore et encore s'interroger de savoir si le maintien des candidatures de Salesse et Autain à la présidentielle d'alors n'a pas été quelque peu téléguidé par le PCF à qui ces deux candidats ont bien servi : ils ont empêché qu'une candidature indépendante des appareils ne s'impose et ils ont donc permis au PCF d'imposer Buffet. Ce dont Bové l'opportuniste a profité pour se la jouer candidat suprême avec un tas de gogos (oui oui, on vérifie un peu sur le fond pour qui on se mobilise) croyant voir en lui (ils n'avaient pas lu ses oeuvres ni examiné ses conduites) le sauveur suprême du moment. Quelques années et un mandat confortable plus tard il se révèle derrière ses moustacles bien inséré dans l'Europe libérale, loin de l'esprit et de la lettre du "Non" au TCE  (et au passage au nom d'une écologie réac anti science, opposé à la "manipulation du vivant" et donc de la PMA, les positions idéologiques ont une implacable logique, camarades, à mon avis son féminisme doit avoir d'intéressantes limites lui aussi).

Il y a derrière tout cela le péché originel du débat post TCE, lorsque la LCR défendait la formule "indépendance envers le PS" et que le PCF lui opposa "indépendance envers le social libéralisme" qui, selon lui, signifiait la même chose. Et l'on nous (LCR) traita d'indécrottables pinailleurs...

En réalité, par incurie politique ou versatilité ou sempiternelle posture velléitaire dès qu'il s'agit de faire face au stalinisme et à ses avatars, la majeure partie des faiseurs d'opinion dans la mouvance des collectifs a écarté sans ménagement (et sans démocratie d'ailleurs) la position de la Ligue même pas présentée aux collectifs.

Et je désigne là ceux qui feront par la suite le PG, la Fase, la GU etc...

Parce que le PCF, son appareil, demeurent enkystés dans la gauche de la gauche c'est à dire entre celles et ceux qui voudraient des changements offensifs, et un PS pourvu de diverses prébendes à distribuer à un appareil moribond, fallait-il, faut-il sempiternellement servir la soupe à ce qui SUR LE FOND est sa seule orientation, sa seule préoccupation, sa seule tactique : assurer sa survie avec le sempiternel cynisme issu de la matrice stalinienn ?

Mélenchon a cru pouvoir cuire le mouton PCF sans qu'il s'en aperçoive, le digérer progressivement, ingérer le kyste jusqu'à le dissoudre sous ses vociférations et ses grandiloquences : le résultat est là c'est le Fg qui est dissous par un PCF toujours accroché à sa seule survie et donc un coup dans une démarche "unitaire" à sa gauche (présidenteielle pour se refaire un petit rapport de force, merci Mélenchon) ou une démarche "d'union" à sa droite (pour sauver des élus municipaux puis sénatoriaux, merci le PS).

Comme quoi la pensée magique qui fétichise l'unité comme sésame au changement à gauche, qu'elle soit unité "de gauche" ou unité "grand angle", ferait bien de se reposer la question que nous lui posons depuis des années : unité sur quoi, unité pour quoi, quelles conditions indispensables.

Et lorsque Mélenchon (ce type a toutes les inconsciences et, notable chez les notables, bien peu de limites) se lamente avec de Villiers selon Le Figaro (oui, je sais, mais c'est plausible) de ce que le débat politique aurait disparu en France, hé bien... que lui et les siens balayent devant leur passé récent : ils ont sempiternellement esquivé le seul vrai débat pour reconstruire une gauche de gauche : l'incompatbilité entre les deux gauches, celle du changement et celle du libéralisme, autrement dit l'indispensable et radicale indépendance vis à vis du PS qui, sinon, nous entraine dans ses vilénies et le naufrage de toute la gauche.

Condition sine qua non d'une démarche unitaire politique.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.