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Billet de blog 6 février 2013

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NPA rrrrrrrrebondira... rebondira pas ?

La pression sectaire reste très forte sur le NPA à la sortie de ce congrès. Une infinitésimale majorité s’est dessinée autour du NPA/LCRcanal historique à qui il reste à restaurer le fil de cette filiation tout en le rénovant.

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La pression sectaire reste très forte sur le NPA à la sortie de ce congrès. Une infinitésimale majorité s’est dessinée autour du NPA/LCRcanal historique à qui il reste à restaurer le fil de cette filiation tout en le rénovant. Il faut noter qu'il est remarquable d'atteindre cette majorité si on retourne aux rapports de force du précédent congrès comme de la conférence nationale. Alors la GA en était en partie, puis après son départ, les sectaires étaient écrasants et étaient en passe de "prendre le npa". Malgré la faiblesse de cette majorité, elle représente un vrai retournement de rapport de force interne.

Au moins, cette majorité l’est-elle à l’arithmétique, et pourra-t-elle imprimer un semblant de cap au bateau ivre que le petit parti était devenu depuis le naufrage de la GA. Ce n’est ni simple ni joué et il faudra de la décision et de la clarté.

Pour ce qui est du paysage interne.

Le NPA n’est plus qu’au tiers de ses effectifs de naguère.

Les lambertoïdes (10%) ratiocinent des discours copiés-collés d’avant la guerre de 14 comme si pour conjurer l’obscurité des temps de vieilles antiennes suffisaient. Pensée magique.

Les isolationistes sectaires (30%) mélange de LO rigoristes qui voient du réformiste partout, et de gauchistes nostalgiques des années 70 mâtinés de post-modernisme sociétal ont perdu beaucoup de leur superbe et du terrain et du monde mais... en ont tellement fait perdre au NPA aussi !

Cela fait beaucoup si on y ajoute les quelques illusionnés ou illusionnistes qui dans la très courte majorité se verraient jouer les entremetteurs entre deux courants pourtant incompatibles… Eux laissent ainsi une marge de manœuvre inespérée aux forces sectaires contre la fragile majorité.

Ils diront une fois de plus qu’il ne faut pas confondre les dirigeants enkystés dans leurs certitudes avec « la base » qui les suivrait. D’abord je ne suis pas pour prendre pour imbéciles les « bases » mais, les ouvertures ont déjà été faites, pour les mettre devant leurs responsabilités (et les pertes des isolationistes témoignent que c’est en cours). Cela veut dire que pas à pas il sera nécessaire de faire savoir et de… savoir faire savoir les âneries politiques que les dirigeants sectaires tenteront d’imposer au NPA. Rien ne doit être pardonné ni rester confiné dans le cercle des dirigeants entre soi.

Cela fait bientôt vingt ans que les ex dirigeants des JCR incapables de construire une organisation de jeunesse large quand ils en avaient la possibilité, se sont vu traités avec ménagement pour ne pas dire faiblesse (entre autres par les dirigeants de l’ex-GA), au motif qu’ils auraient représenté « la jeunesse » alors qu’ils en ont été le repoussoir. Aujourd’hui ils veulent se présenter comme les voix des quartiers et des ouvriers ! Il est plus que temps de les mettre devant leurs inconséquences.

Certains d’entre eux se proposent de faire un front anticapitaliste (et non antilibéral selon leurs termes). Ceci avec (organisations respectables certes) l’AL, le MOC, en admonestant LO qui s’en fout. Ce serait pour damer le pion aux « réformistes » du FG. En fait, ils se cherchent un cocon dans l’entre soi gauchiste où ils seraient « les plus gros[1] », plutôt qu’affronter la réalité FG, mener le débat sur le fond (les institutions etc) et s’y frotter en participant à ses actions à chaque fois qu’elles vont dans le bon sens, et en proposant des objectifs plus assurées que ce qu’il promet en matière de lutte anti-crise. Bref, ils désertent la bataille politique pour parler en ces termes guerriers qu’ils affectionnent.

Ils rêvent un petit espace groupusculaire où on se fait des « campagnes entre soi », tout contents du nombre d’affiches collées. Il suffit de ne pas regarder ailleurs et on se croit le centre nerveux de la révolution mondiale en marche. Cela tourne souvent très vite aux débats entre qui sera le plus anticapitaliste ou le mieux, dans l’impuissance la plus totale pendant que le gros des troupes radicales restera drivé vers la révolution par les urnes et le produisons français avec des capitalistes honnêtes.

Il est possible pour le NPA de sortir de cette nasse où nous a mis le combiné de situation politique contraire, de contr’offensive de la gauche institutionnelle face au péril NPA, et enfin d’insuffisances de direction et de risques mal mesurés (j’en ai été).

Cela passe par une réelle et sincère refonte du mode de « faire parti » hérité du passé comme d’ailleurs du mélange explosif de colères sociales qu’a été le processus fondateur et que nous ne mesurions pas. Car il y a une défiance profonde envers celles et ceux qui sont censés l’incarner et qui se trouvent être le canal historique. Cette défiance les prive d’une majorité franche que sinon ils auraient. A elles et eux de démontrer qu’ils sont animés par autre chose qu’un conservatisme frileux de pratiques, de caciques (vieux/vielles et jeunes) et de mode de faire (cf la communication), et surtout qu’il peuvent être le vecteur d’un profond renouvellement des pratiques et relations politiques.

Cela passe aussi bien évidemment par une compréhension attentive de ce qui travaille aujourd’hui le Front de Gauche et de ce qui y est à l’œuvre. Sans rancœur ni sectarisme. Encore une fois « réformiste » n’est pas une insulte mais une impasse. Cela ne s’aboie pas mais se vérifie pas à pas, tous ensemble de préférence. Ce que les temps à venir aideront à démontrer si l’on sait s’y prendre.

Enfin, cela se jouera sur le front des luttes et du réveil social que la crise et le gouvernement social-libéral ne manqueront pas de provoquer. Les gens ont pris tant et tant de coups depuis quarante ans qu’ils restent souvent collectivement « sous le coup » en dépit des remarquables luttes en cours [2]!

Pourvu que ça ne se fasse pas trop longtemps attendre.

NB. En matière de cacicat : il a été voté une rotation des mandats bravo, avec limitation du renouvellement de ceux-ci. Bravo, mais cela a donné quatre mandats consécutifs au CPN, en chiffre cela donne... en gros dix ans de mandat ! Bonjour la rotation, et je ne sache pas que ça doive s'appliquer aux actuels qui cumulent pour certains... je n'ose pas le dire des décennies de mandats !


[1] Sans doute selon l’adage hispanique « mejor vale ser cabeza de ratòn que cola de leòn » !!!

[2] Renault, Peugeot et les autres, so-li-da-ri-té !

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