Les grandes manœuvres à gauche ont commencé en vue de la présidentielle et d'une "alternance" de gauche à l'orientation Hollande-Valls-Macron. On fait ami ami, on se déchire, on fait mine d se (re)découvrir, on se la joue "pas question pour qui me prenez-vous ?" etc...
Bref, une sorte de front en pointillé pourrait se chercher du Front de Gauche au Frondeurs englobant les Verts de EELV. Un front qui voudrait sortir de l'austérité, réorienter l'Europe libérale vers une Europe plus solidaire.
Chiche ?
Certains à gauche de la gauche de la gauche (hum) s'en affolent et crient à la reconstitution d'une Union de la gauche et voient la main cauteleuse de la bourgeoisie, les trahisons social démocrates, l'hydre d'une gauche réactivée qui viendrait occuper l'espace politique. Il fut un temps où nous appelions à voter pour l'union de la gauche, où nous disions "Gouvernement PC/PS", où nous les mettions au défi de chasser la droite et d'appliquer leur programme (le programme commun).
Qu'une alternative à gauche du PS, grosso modo construite sur la contestation du libéralisme obtus de l'Europe, sur un refus de l'austérité, sur la prise en compte de la crise environnementale, sur une réforme fiscale "plus juste", sur un droit du travail reconstruit, sur la restauration d'un état redistributif et des services publics et sur une république plus démocratique... y a-t-il de quoi pousser des cris d'orfraie ? Comme si le retour d'une force réformiste était une abomination, une ruse de la bourgeoisie et non le fruit aussi de son impasse ? Donc une réalité ambivalente...
Et pourquoi crier au loup, surtout ?
Parce qu'une telle alternative barrerait la route à une stratégie anticapitaliste ? Allons, dans l'état où est celle-ci !
Parce qu'elle ferait obstacle aux luttes ? Allons, les luttes actuelles sont défensives, dispersées, sans perspective politique ! Et, jusqu'ici sans ressort propre comme Syriza ou Podemos.
Parce que cette forme de social démocratie ce serait... mal ? allons, allons...
Il faut regarder les choses en face, sans rire ni pleurer, ni "doctrinariser" (= regarder les choses depuis les abstractions doctrinaires, leurs fantasmes, leurs oukases et leurs excommunications principielles).
Faute d'avoir pu susciter un front antiaustérité appuyé sur des mobilisations qui se font attendre, et potentiellement contrôlé par elles, le mouvement ouvrier français prend peut-être le chemin d'en constituer un autour d'une démarche parlementaire, partidaire, institutionnelle, au réformisme assumé. Ce n'est pas la nôtre (les anticapitalistes), mais nous pouvons l'appuyer comme arme pour combattre les libéralismes de droite et de gauche et l'extrême droite. Qu'elle soit utile dans ce premier balayage du champ politique. Nous n'y jourions pas notre indépendance qui resterait entière, soutenant le bon, combattant ce qui servira le capitalisme et surtout encourageant l'irruption de l'initiative collective des travailleurs, de la population dans l'arène politique autour de leurs propres revendications.
Peut-être alors faudrait-il changer notre fusil d'épaule et au lieu d'apostropher le FG sur la constitution d'un front antiaustérité radical commun, devrions-nous apostropher cette nébuleuse néo social démocrate pour qu'elle prenne ses responsabilités, qu'elle se constitue en front antiaustérité, qu'elle soit l'outil politique actuel pour un objectif limité mais utile : chasser le social libéralisme, le PS, du pouvoir (en ayant donc clairement rompu avec lui), empêcher le retour de la droite et damer le pion à l'extrême droite en plein essort.
Gouvernement FG/Verts/Frondeurs contre l'austérité ?
Pourquoi pas...
J'en entends qui toussent. XD