Olivier Besancenot ne sera donc pas candidat. Les raisons qu'il en donne sont à l'image de son engagement et de ses positionnements passés, ce que nul ne pourra lui reprocher, pour certains, dont moi, au contraire: on ne peut pas être du côté des anonymes, pour une prise de pouvoir collective, contre la mystification électoraliste, et s'installer dans le rôle de professionnel de la candidature et de la personnalité.
Ceci dit des professionnel/les de la personnalité il n'en manque pas dans la dite « gauche de la gauche » (dont le NPA), qui, l'encre de sa lettre même pas sèche, lance un de ces appels récurrents à une candidature commune (où d'aucun/es se verraient bien). Gauche de la gauche velléitaire dans son incapacité à rompre et avec le PS et avec les institutions, remarquons que son unitarisme est très électoral. On le sait, les engagements unitaires électoraux n'engagent que ceux qui y ont cru, et ne profitent qu'à ceux qui les bafouent, cf. ce qui s'est passé en Languedoc. Mais ils persévèrent. Leur précédent choix devrait les inciter à l'humilité quand on se souvient que leur candidat à moustaches d'alors (con)vole aujourd'hui en renfort d'un vendeur de shampoing millionnaire, enrichi par les nucléocrates et bétonneurs de la planète, qui prétend au sauvetage écologique du monde. Et le Front de gauche peut toujours multiplier les rodomontades contre le ci-devant patron du FMI PS (aarrrgghh), dans mon département de Vaucluse le vice-président PCF du Conseil général vice-préside « sous domination sociale libérale » qui plus est strausskahnienne, et le PCF national, pas en reste, ne cache en rien sa ferme intention de participer à ce qui pourrait se passer. On a la fermeté qu'on peut.
Après cela les débats échevelés sur l'anti et le social libéralisme, et sur les vilains "pas-unitaires "dont Olivier aurait été le candidat usurpateur, qui avaient tant occupé la scène des comités dits unitaires après le référendum, apparaissent pour ce qu'ils étaient, des mystifications.
Il ne manque pas non plus, devant l'attitude d'Olivier, de pratiquants d'un certain cynisme, qui alors qu'ils ont œuvré à empêcher une majorité même minimale au congrès du NPA, sur au moins un appel commun à... une candidature anticapitaliste, enjoignent aujourd'hui à Besancenot (dans Libé du 6 par exemple), d'assumer la candidature... commune ! Que je sache, un candidat n'est pas un perroquet mais le candidat d'une orientation. Or, ce minimum d'orientation qui aurait pu être, précisément, d'opter pour une candidature anticapitaliste, fut refusé par ceux-là pour d'obscures raisons (sans doute qu'il y manquait « révolutionnaire » ?). On comprendra que faute de cette majorité, et donc d'une orientation, le « candidat naturel » ne se soit pas non plus senti de l'être, déjà rétif aux candidatures et à leur « naturalité » fondée sur les sondages. Et le dépit de ceux qui s'en plaignent dans Libé est celui des arroseurs arrosés.
Le NPA se trouve sans candidat, secoué par ses difficultés, des erreurs, ses illusions opposées, l'offensive de la gauche institutionnelle orchestrée par le Front de Gauche, une conjoncture sociale et politique calamiteuse, et les divisions en son sein qui en découlent. Le reste de la gauche radicale/révolutionnaire en Europe ne va pas trop bien non plus. On verra quelle place existe aujourd'hui dans ce pays pour un anticapitalisme résolu, antisystème et trotsko-libertaire.
Car il y a ce qu'Olivier a incarné. L'anticapitalisme, hier gros mot, est devenu aujourd'hui un terme du débat public. Sa foi en l'initiative populaire, révolutionnaire, est revigorée par les soulèvements arabes. Le scepticisme radical envers les institutions et les vieux appareils qui s'y sont ( !) coulés s'illustre dans des unions de gauche diverses de Mélenchon grognard de l'antilibéralisme électoral au très libéral-libertaire ( ?) Cohn Bendit, tout un poème. La probité qui fait refuser les honneurs et les pièges de la personnalisation, jure avec des trajectoires politiques qui se parent de virginité radicale, tout en ayant prospéré dans le velours de fauteuils parlementaires et ministériels (qu'ils osent nommer « le cambouis » des responsabilités). L'aspiration à l'émancipation de tou/tes et chacun/es sans chefferie ni sauveur si représentants individuel ou partidaire, loin des orthodoxies jargonnantes, est un bien commun qui demande à être partagé et auquel le plus grand nombre aspire.
Bref cet héritage des années Besancenot, il va falloir le faire fructifier. Lui-même sera un militant talentueux et repérable, désormais libre. Il ne sera pas seul.