Très franchement je pense que ce n'est pas à nous de construire ce genre de mouvement qu'est JLM2017.
qu'in fine nous venions à y contribuer par un bulletin s'il s'avérait en passe de l'emporter OK, on a voté Mitterrand au second tour on peut voter un JLM s'il semble devoir être en tête au premier face à LMP.
Mais ce n'est, à l'heure qu'il est, pas le cas. Et je ne vois pas l'intérêt pour des marxistes révolutionnaires de s'atteler à construire le mouvement de JLM et à appeler éperdument à voter pour lui. Car ce sera de ça qu'il s'agira.
Il y avait le même genre de logique de discussion naguère dans la LCR avec Piquet sur reconstruire la gauche.
Cette logique là n'est pas celle qui me convainc.
Et l'idée qu'un fort score de JLM soi seul, à l'exclusion de tout autre vote de gauche critique renforcerait la résistance à ce qui vient, me semble relever de l'éternelle illusion lyrique sur la dynamique électorale (cf 1981) et du "récit stalinien" mensonger sur 1936.
Soit il y a le support social et les forces politiques pour construire une gauche de gauche de type antilibéral
et elles n'ont pas besoin de nous, anticapitalistes, nous y consacrer serait nous y perdre. En général ceux qui s'y emploient s'y diluent, il n'est que de voir déjà combien d'anciens camarades "unitaires" passent au mélenchonisme et en viennent "pour les besoins de la cause" à défendre quelque fois même bec et ongle maintenant les orientations nationales et institutionnelles de celui-ci et jusqu'à ses errements (que je te sens relativisant régulièrement)... pour les besoins de la cause dont in fine on finit par intégrer, après la rhétorique, la logique.
Il ne s'agit pas de combattre, si cette gauche se (re) construit tant mieux nous aurons à nous y adresser, à travailler avec elle, à la défendre sur ce qu'elle aura de défendable, à nous opposer à ses errements, à œuvrer à sa recomposition politique chemin et expérience faisant. Pour ma part je polémique avec les camarades qui petit à petit abandonnent toute autonomie politique face au mélenchonisme. Qu'ils le soutiennent c'est un choix, mais quand leur soutien tourne à l'adhésion, c'est un renoncement et un virage politiques. Non seulement ils ne préparent pas les lendemains qui déchanteront quand le mélenchonisme auréolé d'un bon score voudra s'imposer à tous, mais ils se vouent à renoncer totalement à leur autonomie et diversité politiques.
De plus la structure même de FI et la stratégie mélenchonistes interdisent que s'y construise à ce jour un courant de soutien critique libre d'exister, ce qui distingue un tantinet FI de Podemos outre le fait que Podemos est issu de mobilisations horizontales et non d'une construction par le haut (on peut donc y parier que la base saura se regimber contre le dirigisme et ça a été le cas).
Peut-être cela aurait-il été possible, mais les camarades qui ont rejoint le front de gauche n'y ont mené aucun combat, se sont dilués dans un Ensemble ! mou et sans orientation un peu délimitée, ils ont abandonné l'objectif d'exister en tant que courant marxiste révolutionnaire ou à tout le moins anticapitaliste, laissant toute la marge et tout l'espace à l'équipe passablement sectaire qui fait la garde rapprochée de JLM et à son correspondant dans leur petit parti. Ce qui distingue un tantinet leur présence dans la galaxie mélenchonienne de celle des camarades de Anticapitalista dans Podemos.
Dans ces conditions il n'y a pas la garantie que soutenir et prendre part à la campagne JLM2017 puisse déboucher sur le développement d'un axe anticapitaliste minimum, de même que escompter que 20% à Mélenchon déclencheront la fameuse dynamique relève de la croyance politique et de l'angélisme organisationnel. Cette garantie le suicide politique de la GA nous en a privés et le repli du NPA rongé par les sectes n'a fait qu'empirer. L'équipe JLM à 20% aura tout loisir de mener une tentative d'organisation de la gauche de la gauche sur ses orientations et à sa botte (sauf si les législatives sont calamiteuses). Et cette gauche de la gauche là aura une furieuse ressemblance avec un PS simplement raidi sur le patriotisme et espérant disputer à Bruxelles des espaces d'indépendance sociale. Ce serait déjà ça, mais tout ça pour ça ?
Voilà les raisons pour lesquelles je ne pense pas vital de mettre le bulletin de vote JLM dans les urnes et j'estime même qu'un bon pourcentage de la gauche révolutionnaire à gauche de Mélenchon, malgré toutes ses limites et ses absurdités, serait une bonne et saine garantie pour l'avenir.
Billet de blog 7 avril 2017
lettre à l'ami mélenchonien qui voudrait me voir voter JLM
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