Quand on voit ce qu'est en train de devenir le front de gauche on ne peut pas ne pas s'interroger sur l'opportunité d'avoir fait exploser un courant politique, naguère LCR, au sein du NPA, certes travaillé de tensions pénibles et de divergences tactiques aigues mais doté d'un socle commun. Un peu d'honnêteté et de lucidité, de courage surtout, devrait animer mes camarades de l'ex direction du NPA, l'essentiel de la jeune génération issus de l'histoire LCR, et leur faire tirer quand même un bilan sinon des perspectives du choixqu'ils ont effectué alors, et se demander si vraiment, à l'aune des faits intervenus depuis, ce fut pertinent qu'ils nous l'assénaient non sans quelque arrogance d'ailleurs, souvenez-vous mes amis...
Pour l'anecdote illustrative, passer de Besancenot à Autain comme porte voix est-il vraiment un tel saut qualitatif ?
Qu'en est-il de ce pari sur la possibilité, la faisabilité même de peser sur le PCF dont la base etc etc, comme si ça se réglait dans le PCF par les volontés de "la base" et comme si (de plus) la base du PCF était si distincte que ça des aspirations de sa direction ? On sait qu'il y a dans une partie de la nébuleuse post stalinienne un patriotisme de parti passionnel (voire revanchard, hier contre le NPA, aujourd'hui contre Mélenchon) qui fait passer la survie de la machine par dessus les questions d'orientation ce qui est très exactement la seule ligne politique de l'appareil : se survivre, non ? Avec une relation névrotique de haine/fascination vis-à-vis du PS pourvoyeur in fine de poste et prébendes (et partenaire de mythologies d'unions diverses) même si, en même temps fossoyeur des vieilles implantations. Et un appétit féroce envers les postes électifs.
Une autre partie de cette nébuleuse a pris et repris ses distances, fourbue des mensonges, virages, reniements, échecs staliniens, et porte dans bien des mouvements associatifs l'honneur restant de la gauche.
Et Mélenchon en qui certains (non des moindres dans la GA) ont déclaré voir "l'homme de la situation" ? Le voici en pitoyable matamore (mes excuses mais je ne vois pas mieux) genre tel est pris (par le PCF) qui croyait prendre d'assaut la vieille forteresse post stal et se retrouve KO debout, berné pour tout dire par le PCF qui une fois tirés les quelques marrons qu'il y avait à tirer des quelques feux du Front, va chercher sa prochaine transfusion du côté de la ci-devant gauche du PS et d'EELV que le libéralisme vert n'éffraie pas tant que ça.
Plus grave, il croyait aussi en remontrer au Front de haine qui prospère sur l'effondrement politique et moral des grands partis dits de gouvernement.
A l'injonction d'unité qui était faite avec sommation d'entrer au FG nous étions un certains nombre à répondre : sur quel contenu, celui du Fg semblait se restreindre à l'unité comme formule magique effaçant tout le reste (et devant comme l'amour chrétien tout accepter, tout supporter, tout pardonner). Or le reste a sauté à la figure lors par exemple des municipales, avec la crudité et la cruauté que l'on sait. Et les assemblées citoyennes n'y ont rien fait. Et faute de contenu plus clair qu'un antilibéralisme incantatoire assorti de ralliements multiples au PS comme on va à la soupe, c'est toute la gauche de la gauche qui s'est retrouvée dans le naufrage socialiste, nue et sans voix face au FN.
Donc, quel bilan de ce saut dans le vide dont le qualitatif apparaît bien maigre au jour du délitement programmé du Front de gauche mouture mélenchonno/post staliniens ?