Chacun fait ses expériences, celle du Front de gauche semble épuisée, en tout cas harrassée des bisbilles entre Mélenchon et le PCF, du double jeu de ce dernier et de son "autonomie" envers le PS qui n'est qu'une formule pour faire tantôt des alliances tantôt de l'indépendance au gré de gains électoraux espérés ou de mandats à sauver.
A ce propos on ne peut qu'être déconcerté par la dernière lettre d'Ensemble : autant la condamnation du PS et la soif de mouvements sociaux y sont présentes, autant dans les rapports avec le PCF la même mansuétude ambigue demeure. Là où il faudrait se décider à hausser le ton et refuser "l'autonomie" pour appeler à l'indépendance et la rupture, Ensemble en est encore et toujours à l'autonomie fourretout cher à l'appareil post stalinien.
Ne s'en sortira-t-on pas ?
Bien sûr, ce n'est pas sésame qui débmloquerait tout, mais ce serait un point d'ancrage pour une convergence unitaire, un bloc soudé dans le refus clair et net des politiques antisociales. Un ferment de confiance.
On voit sortir du dernier WE où le Fg a fait son assemblée générale dans le climat qu'on imagine et que personne ne cache une déclaration qui place la VIe République comme "moyen essentiel pour sortir de la crise". Comme si face à un Lepénisme qui se pose en défenseur des "sans dents", face à une rage sociale sourde tant des 7 millions de travailleurs précarisés au bord de la misère ou dedans que de ce qu'on nomme "les classes moyennes", la question essentielle était celle des institutions !
Bien sûr on dira que ce ne sont pas seulement les institutions dont il s'agit, on m'enverra lire les textes, mais aussi la répartition entre capital et travail, les droits sociaux etc etc
Ne serait-il pas plus audible et plus raisonnable pour tout dire réaliste de partir de là, justement, droits sociaux, salaires, emplois et répartition de la richesse ? Sans parler du césarisme d'opérette du leader en appelant seul au peuple.
Ne serait-il pas plus judicieux d'en appeler clairement à un front social avec les syndicats, les mouvements et des forces politique dans la lignée du 12 avril ? De mettre accent, énergie, unité là dessus ?
Mais si, mais si, me dira-t-on, ça aussi on veut le faire, on le fera.
Mais alors la VI° république comme moyen essentiel ?
Tout cela sonne creux, vague, fourbu, abstrait.
Ce n'est pas clamer en sautant sur place "les luttes, les luttes, les luttes" que de constater que le déblocage de la situation à gauche ne passera pas par de nouvelles spéculations avec le facteur nouveau (innovant ?!) que serait la gauche du PS et les ambiguités de la très libérale EELV, ne peut se faire par le biais politique. Ensemble a déjà donné dans le registre on tente de débloquer par la recherche de l'unité, non ?
On nous a dit c'est le correspondant politique aux résistances qui manque, allons le chercher en créant le Front de gauche. On a retrouvé dans le front de gauche les freins qu'on connaît dans le mouvement syndical. N'oublions jamais que l'économiste de B Thibaut a négocié le TCE (traité constitutionnel européen) rejeté par le référendum et que l'appareil PCF a été très réticent à la constitution des premiers collectifs unitaires du Non. N'oublions pas que la réforme ferroviaire paraissait acquise car négociée en le gouvernement et la CGT entre autres, en dépit et malgré les cheminots.
On dira mais on accepte autonomie pour avancer avec le PCF, le pousser plutôt que le heurter. Cela a-t-il réussi ? Qui l'a emporté dans ce mano a mano entre vous et l'appareil post stal ? Quel sera votre rapport de force maintenant qu'une ci devant gauche se dessine dans le PS et qu'EELV a pris ses distance ? Parce que le PCF se voit user de la même "pédagogie" pour les tirer à gauche.
On me dit mais la VI° on s'en fout, ce qui compte c'est l'unité et qu'il peut y avoir une dynamique autour. Vraiment ? Pour le moment cette rencontre du WE avec cette déclaration sur le moyen esssentiel n'ont pas illustré une unité torride. Et puis, franchement, vous voyez les entreprises s'enflammer pour la VI° ? les quartiers populaires ? la jeunesse ? tous pour la VI° ! On pétititionne, on manifeste, on vote ! J'en aurais le fou rire si je n'en pleurais pas !
Et la "pédagogie" qui fait accepter d'ânonner "autonomie" pour ne pas heurter l'appareil du PCF alors même qu'on sait ce qu'il en fait, celle qui fait se ranger derrière l'absconse "VI° république comme moyen essentiel pour sortir de la crise, c'est du fourvoiement à la limite du renoncement, en tout cas une chimère.
Oui, il nous faut une mobilisation massive, à gauche, sociale, pour débloquer les choses en France. Quelque chose qui secoue voire disloque les appareils sclérosés, et ne vaut-il pas mieux un petit parti bancale et souffreteux qui tente de populariser les luttes, d'appeler, de travailler à leur convergence, de pousser à d'autres 12 avril.. ?
Oui, les luttes, les luttes et leur convergence... non seulement dans l'indépendance mais la rupture sociale qui aura comme en Grèce ou en Espagne son effet politique.
Surtout pas l'autonomie cauteleuse et non plus l'absconse VI° république...
Non ?