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Billet de blog 9 mars 2011

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Paniques à bord ?

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Voilà donc : Marine avec le vent en poupe. Cela sert fichtrement et le PS et la droite comme d'hab'.

Les caporaux des deux bords vont enjoindre de serrer les rangs, qu'il ne faut qu'une seule tête, et que pour éviter le pire, il faut les considérer eux, au pire, comme le moindre mal.

C'est l'air du crétinisme unitaire (voisin d'ailleurs du crétinisme parlementaire dont parlait Marx). Faire croire que si on se met tous ensemble dans le même panier on va conjurer la catastrophe à venir, on ne sait jamais d'ailleurs où finit ce tous ensemble : à voter Chirac ou à s'allier selon le délicieux Dany avec Bayrou qui n'est guère que la face mielleuse du pire des libéralismes. Le PS va jouer cet air là, déjà joué, encore une fois, par le même Dany lorsqu'il suggère l'abandon de la candidature écolo en contrepartie de sièges de députés.

Cet air, ce crétinisme unitaire, on l'entend à gauche de la gauche, dans cette partie de l'opinion politique, et de l'engagement militant, le plus lucide sur la catastrophe à venir et sur celles déjà subies sous les coup du libéralisme en folie. Le plus lucide mais aussi souvent affolé par ce qu'il sait qu'il combat pied à pied, et par ce qu'il pressent à juste titre : oui, les temps qui viennent seront plus terribles que ceux déjà passés, pour les peuples, les pauvres et les autres, sauf la mince couche capitaliste ennivrée par sa rapacité.

Cet air il nous dit unisssons-nous, vite, à gauche de la gauche, avant qu'il soit trop tard. Pourquoi pas ? Mais dans quelle perspective ? Sous l'effet d'un projet ou de la peur ? De la construction de quelle forme d'unité ?

Il y a une trouille unitaire qui refuse de regarder en face ces temps à venir : ils seront rudes, ils seront autoritaires et/ou mensongers, ils se joueront dans la rue ou nous perdrons, ils ne seront pas parlementaires car les élections sont biaisés et les institutions piégeuses, et il faudra se battre encore et plus. Voilà ce qui nous attend et l'honneur de la gauche de la gauche dans on ensemble c'est de savoir le pressentir. Son drame vient alors, il tient à la peur. Et ça se comprend. Il veut le tous ensemble.

Là où ça se gâte c'est lorsque la panique fait fi des divergences à considérer lucidement sur la ligne à tenir, leur préfère les sauve qui peut autour d'un sauveur suprême au petit pied et des accomodements avec le système, genre révolution par les urnes, dynamique gagneuse (alors que la gauche de la gauche a au mieux et dans la division la plus totale, atteint les 14% en 2002, à son maxi), comme si toutes ces "solutions" pouvaient conjurer la perspective d'avoir à faire face aux violences sociales (régression, misère, policiarisation) qui nous attendent, et aux affrontements qu'elles génèreront inévitablement.

La machine de guerre sociale est sur pied (800 000 garde à vue l'an dernier !!), les nantis campés sur la défense la plus éhontée de leurs plus éhontés privilèges, les appareils répressifs sont au point, lois iniques comprises (cf la Llopsi), une partie de l'opinion a été durcie au feu des haines pour servir de bouclier voire, le jour venu, de piétaille de quasi guerre civile, les institutions - nationales et européennes - sont en place, implacables s'il le faut (y compris intervention de maintien de l'ordre dans un des pays membres), les mécanismes électoraux affûtés pour que, droite ou gauche, la même politique de guerre sociale s'applique, volens nolens, de surcroît sous le poids de leur crise .

Tout cela ne se réformera pas, peut seulement voler en éclats.

Alors la trouille au ventre (et on l'a tous), dans la gauche de la gauche, ça atermoie, ça rêve de majorité possible sinon totale du moins de majorité DANS la gauche. Quand bien même, la belle affaire ! A la moindre velléité réformatrice le reste de la gauche aura tôt fait de s'allier avec le centre, la droite, de faire jouer l'Europe ou les institutions, les contraintes internationales c'est à dire de la finance à l'offensive etc... Ces promesses de majorité citoyenne et parlementaires sont des illusions ou... des duperies.

Tout ça parce que la seule majorité qui nous est possible fait peur, angoisse, affole car elle signifie de voir en face les affrontements à venir, inévitables si l'on veut résister et, qui sait, vaincre un peu. Alors la trouille fait naître ces trémolos unitaires, unitaires à tout prix, certains honnêtement cherchent des points d'équilibres entre tous... pour cette majorité introuvable, improbable, absurde par les urnes. Tout ça alors que la seule majorité à laquelle nous puissions prétendre dans ce formidable piège des institutions capitalistes de tous ordres, la seule que nous pussions atteindre, c'est la majorité sociale, celle de la résistance, de la rue, celle qui s'exprime en Tunisie, en Egypte... Et de celle ci, il semble que même dans la gauche de la gauche on aie peur.

C'est pourtant la seule possible, efficace. Voici qui vient de se prouver contre les régimes les pires au monde. Preuve jouissive contre tous les scepticisme et les sarcasmes subis dans la gauche de la gauche par les révolutionnaires. C'est cette ligne de fracture là qui divise la gauche de la gauche. Entre quelque chose comme la frousse et la lucidité. On se prépare ou on renâcle, on regimbe devant l'obstacle...on cherche un raccourci, une issue...

Marine, Sarko, DSK et les autres, dans l'ordre, l'avenir est sombre.

Pas de panique : la majorité sociale n'est pas seulement la seule possible, c'est la nôtre.

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