Maintenant qu'il est clair que le deuxième tour était une chimère, on est en droit de se demander ce qu'attendent nos hyperunitaires insoumis et autres des diverses chapelles de la gauche de la gauche, pour se battre afin d'imposer une unité Hamon-Mélenchon, sans question de personne... ??? Et le débat sur qui va s’effacer devrait se résoudre par un peu de grandeur d’âme et de sens de l’intérêt supérieur de la gauche (voire de la Patrie, hein ?). Mais voilà on ne sent aucun engouement et guère de volonté en ce sens. Cette objectif jusqu’ici nodal d’unir à gauche ne serait-il plus de mode derrière JLM2017 ni d’urgence alors que MLP est au zénith sondagier talonnée par EM le candidat de l’hyperlibéralisme…?
Il y aurait quand même bien moyen de proposer astucieusement une plateforme de campagne commune qui laisse ouvertement en suspens certaines questions disputées. On se souvient que dans les collectifs unitaires nos unitaires étaient disposés à bien des arrangement verbaux par exemple plutôt que dire “nous ne gouvernerons pas sous domination du parti socialiste” qui chagrinait le PCF dire “du social libéralisme” qui ne mangeait pas plus de pain que ça.
Il y a certes de fortes divergences, mais les renvoyant à délibération “citoyenne” puis décision référendaire après débat sérieux ne pourrait-on pas les noter sans ambiguité en en gelant momentanément la résolution et précisant les délsie et les modalités de leur discussion publique ? C’est une opération dont nos unitaires ont le savoir faire sinon le goût. L’affaire des candidats aux législatives sur lesquels Mélenchon a mis une fatwa légitime mais nourrie d’arrières pensées, se règle d’elle-même, les intéressé/es logiquement lorgnent vers le candidat libéral sans qu’on le leur enjoignent, en foulant au pied au passage toute loyauté envers le processus naguère quasi sacralisé de la “primaire” (qui n’est sacrée que si leur candidat l’emporte).
On a vus nos hyperunitaires (et subis aussi !) hyper prêts à l'unité sans trop de condition, certains avec un Bové qu’ils n’avaient guère examiné de près, avec un PCF pourtant allié partout au PS et à l’antilibéralisme arrangeant. On les a entendus en appeler aux Verts, à la gauche des Verts que la participation au gouvernement n’avait pourtant pas scandalisée, à la gauche du PS déjà plus réticente, aux Frondeurs, à tout ce qui pouvait ressembler à un penchant gauche dans la gauche traditionnelle.
Pourquoi pas ? J’ai toujours été sceptique devant cet unitarisme qui pare l’unité d’une “dynamique” quasi naturelle à mon sens trompeuse et strictement politicienne. On me dit qu’elle apporte ce “débouché politique” qui serait propice aux luttes alors que j’ai tendance à penser l’inverse, que ce sont des luttes que peut procéder un débouché politique un peu fiable. Toutes argumentations qui s’inscrivent dans les logiques électorales (uRnitaires) et y stérilisent les énergies. On me (nous) rétorquait disant que “ça passerait par là” et qu’il “fallait agir dans le champ politique” sous entendu dans le champ clos et passablement sclérotique de l’establishment politique de la vieille gauche (sclérotique : blanchâtre, opaque, fibreuse, tendineuse, très résistante, cf définition de la sclérotique). Or ça fait un moment que j’ai de la vieille gauche la conviction qu’elle n’est plus bonne à rien politiquement qu’à boucher la vue de l’avenir possible et bloquer la rénovation nécessire (je ne parle pas des luttes où des dizaines de milliers de militants aguerris résistent pied à pied) … Mais bon.
Maintenant que les frondeurs ont enfin frondé sous la poussée d'une base PS furieuse de la politique libérale, alors là les raisins sont trop verts, Hamon ne serait pas assez ceci (et le PCF était pourtant assez, non ?), le vote de la primaire de la belle alliance rien de plus qu’un non évènement sans signification. De toutes façons le PS serait toujours le PS. Que les éminences social libérales tordent le nez devant le candidat sorti de leurs urnes, et lorgnent vers le banquier gominé (ou quasiment) n’importe pas : une péripétie sans signification notable. Rien n’a bougé à gauche, aucune ligne n’a frémi…
Nos unitaires veulent leur candidat, leur programme, la majorité, des exclusions préalables à tout accord etc etc ils font aujourd'hui sur leur espace rien moins que ce qu'ils ont amplement reproché au NPA hier...
Mieux même on y entend la petite musique d’une théorie du complot sui generis : Hamon ne serait qu’une marionnette de l’éternel Parti socialiste, cauteleusement propulsé sur la scène de la présidentielle par ruse. Il n’aurait de fonction que celle de nuire à leur candidat autoproclamé (au passage) et contrôlé par… nul collectif démocratique sinon celui qu’il s’est lui-même choisi et à sa dévottion jusqu’au sectarisme (voir la réaction de son porte parole au soir de la désignation de Hamon). La désignation de Hamon ne serait ainsi pas seulement un non évènement mais un trompe l’œil, un scud une manœuvre guerrière orchestrée par la direction du PS, à double objectif car il serait en fait au service de… Macron pour lequel l’irréristible (sic) poussée de JLM ( qui n’a été bizarrement notée par aucune étude d’opinion un tant soit peu reconnue) est un mortel danger.
C’est comme si se voyant (sic, se croyant) le rapport de force, le tropisme unitaire de nos unitaristes de tout bords (dont ceux que je connus à la LCR puis au NPA) pourtant naguère si virulent partait en fumée tout à coup, dissipé par les incantations mélenchoniennes. Alors que le terrain n’a jamais été aussi propice à tenter de “faire bouger les lignes” ce dont ils nous rebattirent les oreilles, alors que l’occasion ne se représentera sans doute pas de sitôt et que l’urgence face à la poussée des droites les plus réactionnaires et fascisantes n’a jamais été aussi patente, voilà que non, l’unité ne les tente pas, ils n’en veulent qu’à leurs conditions, leurs candidats et sans doute leur association de financement (?) exactement comme ils nous le reprochèrent naguère (et non sans une certaine pertinence parfois).
Voilà ils se voient le rapport de force, l’hypnose mélenchonienne les tient sous ses mirages, alors le sectarisme l’emporte.