Il serait temps que les militants anticapitalistes du NPA, je veux dire celles et ceux qui demeurent convaincu/es du projet initial : créer un grand mouvement des anticapitalistes qui ambitionnent de s’adresser à tous et non aux seuls supposés plus radicaux, et qui considèrent que la perspective révolutionnaire (indispensable et inévitable) doit être retravaillée dans la pratique par la rencontre et la fusion de diverses trajectoires politiques et militantes sans que l’une prétende a priori à l’hégémonie théorique.
Il serait temps que ces militants, unitaires, non dogmatiques, ancrés dans les luttes sociales concrètes et non dans les fantasmagories révolutionnaires, à l’écoute aussi de la diversité des mouvements de contestation qui agitent la capitalisme effréné, à l'écoute de leurs expérimentations et participant à leurs espérances sans leur seriner que “seule la révolution socialiste etc etc”, en débat fraternel avec les autres forces de gauche qui prétendent lutter contre les politiques austéritaires, répondre à la crise écologique avant qu’il ne soit trop tard, s’affranchir de l’hypnose du PS et de l'attraction des postes institutionnels, tenter de construire une alternative politique émancipatrice… en recherche têtue de l’unité, toujours complexe et risquée, à chaque fois qu’utile même si ça paraît impossible…
Il serait temps que ces militants éprouvés par l’échec du premier lancement d’un parti anticapitaliste, revenus sur l’impasse d’autoaffirmation excessive de celui-ci dans les premiers temps d’euphorie, aujourd’hui étouffés d’une part par un conglomérat de groupes doctrinaires au révolutionarisme hors sol qui souvent volontairement tendent les débats à l’extrême pour les tuer et faire fuir les plus raisonnables (taxés de droitiers donc !!!), d’autre part par l’équilibrisme à courte vue de frileux politiques qui croient pouvoir composer avec les sectes au nom d’un parti à préserver que ce faisant il condamnent chaque jour un peu plus au raccornissement et à l’isolement…
Il serait temps que ces militants (PF1 dans le NPA) cessent d’attendre des solutions d’une direction qui, en dépit de ses qualités, pour certain/es éminentes et incontestables, n’ont pas été particulièrement... convaincants dans leur gestion politique du parti, agissant comme s’il suffisait d’avoir de bonnes intuitions politiques, une prestance pour la proposer aux médias sans avoir à se mettre la main dans le cambouis de son explication et de sa défense pied à pied dans tous les recoins du parti en dialogue constant avec celui-ci.
Ils ont été impuissants devant la scission de la Gauche Anticapitaliste puis incapable de ramener à la raison les archéo de la P2 tout à leurs peurs, dans l’impossibilité d’enrayer l’hémorragie de ceux-là même qui jusqu’ici les soutenaient puis s’en vont jour après jour sur la pointe des pieds sans être pris en compte, et enfin de mobiliser autour de leur orientation ce qui reste du NPA.
Entre prudences, atermoiements, spéculations sur ce que ferait “in fine” tel ou telle, tout ça dans l’entre soi d’un noyau restreint qui, sans doute, s’estimait au dessus de l’alimentation d’un réseau vivant de pensée commune avec constance et respect alors que les sectes grenouillaient à qui mieux mieux, ils n’ont guère fait la preuve de leur capacité à lier un courant et à penser avec lui à l’avenir difficile. Il va donc falloir le leur apprendre.
De toutes façons, trop de verticalité et de diplomatie de coursive, ont gangrené la LCR dans un souvent joyeux capharnaüm, puis le NPA dans les cris et lamentations ! Il faut que cent fleurs s’ouvrent, les bouches avec et que les débats éclosent dans ce courant qui tient en ses mains la vitalité de l’anticapitalisme en France. Que la discussion commencent à l’horizontale, entre régions et militants, sans tabou ni stratégie à trois bandes, avant voire sans les oracles nationaux et leurs prudences alambiquées, le NPA aurait besoin d’un grand coup d’air frais, d’une révolution culturelle, cela ne peut commencer que par la tendance qui l’incarne et comme nous le disions à la fondation du NPA : par en bas.
Avant l'encéphalogramme plat.