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Billet de blog 14 mars 2011

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bonapartisme de "gauche"

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je lis dans un blog d'un Ségolâtre, sur Mediapart, l'assertion suivante, assénée comme si elle allait de soi pour un homme de gauche, et ne souffrait même pas une réticence : "En outre, faut-il le rappeler, les présidentielles françaises sont la rencontre d'un homme ou d'une femme avec le peuple." (Il ne parle pas des Ségala à rollex qui officient sur les fonds baptismaux de cette métaphysique rencontre).

Ceci pour argumenter que S. Royal ne serait pas la candidate du PS mais d'une aspiration plus large et que, foin de la démarche de parti, cette légitimité là supplanterait celle-ci sans doute ringarde et inopérante, celle du collectif. D'ailleurs que reste-t-il du collectif, du peuple, de la volonté générale dans un PS qui, ayant participé à la perte du referendum sur l'Europe, et bien perdu, n'en tient aucun compte et se fout comme de colin tampon de cette volonté assez généralement exprimée quand même.

Il est sidérant de voir combien la gauche institutionnelle a dégénéré. Combien ses propres repères sont passés aux oubliettes comme par exemple le système parlementaire, l'organisation en parti, le débat démocratique en son sein, et en public. Les conventions socialistes thématiques sont un mélange de ratiocinations de technos arrogants et autistes, et de marchandages de couloirs pour entremêler des "lignes" et obtenir un consensus de façade, une construction esthétique sensée donner une image au parti, une sorte de fashon week politique du meilleur défilé possible. Le tout devant accoucher d'orientations programmatiques dont aucun congrès sérieux n'aura sérieusement débattu, dont on nous dit enfin d'avance que c'est certes le credo du parti mais pas la feuille de route du candidat. Celle ou celui-ci, Soubirou de la politique dans sa rencontre mystique avec "La France" se la fera lui même sa feuille... plus ou moins volante d'ailleurs comme Calvin fustigeait ceux qui "volaient à tous vents de doctrines".

Ce coup d'état permanent de l'élu/e de la Nation (langage mystique encore) est maintenant socialiste (et même plus à gauche quand on voit un candidat s'autoproclamer, s'autopromouvoir, tenter de s'autoimposer "unitaire" dans la gauche de la gauche comme le seul possible et le bon ; manque de pot le peuple renâcle).

Ce n'est pas propre au PS d'ailleurs ; on trouve cet esprit plus largement dans le mouvement associatif par exemple, d'éducation populaire, de sport et de loisir où le culte du "président" règne en maître sur les happenings pichrocolins agitant souvent ces lieux qui devraient être des viviers collectifs et démocratiques. On y entend sans cesse "le président a décidé que"... "il faut voir avec le président", la voix du président est prépondérante etc. Président qui ne préside plus un collectif mais qui règne sur lui. Donc plus un président mais un mini monarque.

Parler de dégénérescence n'est donc pas abusif.

On nous dit que le système de la cinquième république y contraint. Sauf que la gauche a été au pouvoir à diverses reprises et n'a rien fait ne serait-ce que pour désserrer cette "contrainte" au contraire, la monarchie mitterandienne boursoufflée s'y est vautrée avec les acclamations énamourées de transfuges de l'extrême gauche (Camba, Mélenchon, Dray et autres), ce à quoi se préparait quoiqu'avec plus de (re)tenue calviniste, Lionel Jospin.

Maintenant si la gauche a mis à mort à Maastricht, Barcelonne, Lisbonne et ailleurs, l'Etat dit providence, elle a par contre épousé sans retenue l'homme ou la femme providentiel/le.

Rien que pour ça une telle gauche n'est plus la gauche, ni de gauche.

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