On a beaucoup grinché dans le passé sur les réticences des révolutionnaires envers la démocratie bourgeoise. En les taxant eux-mêmes d'antidémocratisme et de cracher dans la soupe.
Or la soupe est amère aujourd'hui.
Nous disions que le droit de vote "un citoyen une voix" ne valait pas grand chose quand une de ces voix possédait le Figaro ou Tf1 ou Les échos ou les trois. Que n'avions-nous pas dit ! Il faudrait ajouter quand quelques % de ces voix possédent les agences de notations et les moyens de boursicoter sur grande ampleur. Les 99% ne pesaient qu'un quart de feuillet de papier qui ne servait qu'une fois tous les quatre ou cinq ans, histoire de dire, pour nous à nous faire connaître (et ce fut toujours ça de pris) et pour les autres à devpoir choisir entre la peste et le choléra (souvent à prendre l'un pour taper l'autre, et vice versa).
Le choléra ? Comment ! La gÔche, choléra ? Bon, qu'en disent aujourd'hui les Grecs, les Espagnols, du choléra ? et de votre gauche qui n'est pas la mienne. Laquelle, s'en souvient-on, tolérait Ben Ali et Gbagbo dans on internationale.
A pleurer.
On m'en voulut récemment d'avoir rappelé le crétinisme électoral dans une récente chronique. Souvenez-vous le référendum. Nous le gagnâmes, fort bien. Après une bataille politique ambigue mais intéressante. Fort bien. Et puis ? Rien. Le coup d'état permanent s'ensuivit. On s'en tape du vote du peuple s'il contrevient à l'Europe qu'il devait sacraliser, aux agences de notations et aux propriétaires divers, répondent les 99%. Et les vainqueurs du référendumpapotèrent durant un an pour s'engouffrer dans le crétinisme électoral habituel : la gagne, on est majoritaire dans la gauche, et autres crétineries.
En plus, si je ne m'abuse, quelques 15% des gens ne sont pas inscrits sur les listes électorales, et autant sinon plus ne viennent pas voter.
Alors la révolution par les urnes...
Là, le référendum agité par Papandréou pour tenter une ultime manœuvre.
Là, le coup d'état des marchés qui renverse tout simplement deux gouvernements et s'apprête à en virer d'autres.
Ici une rigueur posée comme courageuse alors qu'elle n'émane d'aucune décision populaire, et notre vainqueur des primaires qui cache son refus d'un référendum sur le nucléaire derrière les flonflons ronflants d'un "grand débat national". Ben tiens.
Voyez la Tunisie, toc élections. Et si la révolution avait poursuivi sa marche en fédérant ses collectifs de lutte, en organisant elle-même sa reconstruction d'un autre état, d'une démocratie du débat par la base. Hé bien ça viendra. Ne me dites pas que non, vous disiez déjà non quand on parlait révolution. Obsolète entendait-on. Comme le mot capitalisme il y a dix ans.
Quand on vous dit que c'est la rue, et la rue seule qui y peut quelque chose.
L'indignation , la rue, la dynamique collective et la suite. Mais si.
Vous verrez ! (si l'extrême droite ne nous mange pas avant de vous dévorer aussi).