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Billet de blog 14 novembre 2020

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L'avenir en commun... obsolescence d'un programme social démocrate de gauche

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je suis de ceux qui n'ont aucun confiance en monsieur Mélenchon. Il a quitté la révolution quand il a réalisé, jeune, qu'elle ne serait pas (plus) le plus court chemin entre lui et la réussite, et est parti faire carrière chez les sociaux démocrates, pour le reste de sa vie. Il n'est pas le seul. À tout péché miséricorde diront ses soutiens, qui se congratulent qu'il affirme rectifier le tir, après avoir voté oui à Maastricht, participé au gouvernement de Jospin, celui du traité de Lisbonne et de Vilvoorde... et commettre de petits écarts nauséabonds dont le dernier à propos des Tchétchènes, que voulez-vous il est méditerranéen, et a le sang chaud.

La mansuétude des velléitaires n'a pas de limite.

Je leur conseillerais amicalement de se repencher sur le programme L'avenir en commun où je viens de rejeter un œil, et de regarder ce qui est en train de se produire en Europe. 

Des pans entiers de l'emploi et de la vie économique sont en train de s'effondrer, Air-France, l'Aéronautique, le Tourisme (énorme employeur, structurant une bonne partie du territoire et de ses activités, pourvoyeur de devises), la culture elle aussi structurant vie sociale et locale, et ses centaines de milliers d'intermittents, sans doute aussi le transport... qui vont en sortir lessivés. Ajoutons-y le tissu de commerces et de très petites entreprises... à quoi il faut adjoindre les bataillons des habitants des quartiers populaires déjà paupérisés à l'extrême, si l'extrême existe en la matière, gangrenés par les trafics de survies et les mafias. Enfin l'inconnue climatique dont l'accélération nous promet son lot de catastrophes que nous n'imaginons pas encore sauf peut-être quand on a été atteint par la Covid ou qu'on a vécu les déchaînements inouïs qu'ont connus les vallées cévenoles et basses alpines. Avant-goûts...

Le joli plan déroulé par "l'avenir en commun" est assez exactement l'image renversée de l'optimisme (inavoués publiquement) des tenants de la destruction créatrice pour qui, sans le dire tout haut, la crise climatique, les crises sanitaires, la grande crise économique commencée, sont autant de moteurs et la promesse d'une nouvelle ère de croissance après lessivage général de ce qui entravait la sacro-sainte croissance sur le planète. À condition que les gouvernants sachent tenir les peuples en laisse.

Les confinements auront été un excellent exercice grandeur nature, quasi providentiel, les restrictions extrêmes des libertés une aubaine puisqu'elles n'ont pas suscité de révolte significative, et les répressions brutales successivement exercées sous Hollande puis l'actuel président, une sorte de Mithridatisation de l'opinion contre l'idée que la police n'a pas tous les droits, qu'un gouvernement est soumis à l'état de droit et que la justice doit être indépendante. Donc on tape, embastille, juge expéditivement, éborgne etc... ce sera utile.

Il y a là comme de la répétition générale.

Mais les deux ont en commun de regarder l'avenir proche avec l'optimisme de ceux qui pensent que business politique is business, que le spectacle va continuer, qu'on va pouvoir prendre les mêmes recettes, chacun les siennes (et les mêmes protagonistes), devant un peuple gentiment dans l'expectative, pour avancer après l'épreuve vers un avenir harmonieusement émancipateur ici par le miracle de l'évolution par les urnes (on a un peu zappé la révolution par les mêmes), glorieusement profitable là suite à la chaotique étape de destruction créatrice.

Ce ne sera pas cela.

Ce n'est déjà plus cela.

Les pires éléments politiques, sociaux et climatiques ( sanitaires,) sont probables, il faudrait pour mobiliser les colères, les féconder de solidarité, d'audace et de sang-froid, tout autre chose qu'un laborieux programme post social-démocrate dont l'acmé serait une nouvelle constitution, programme incarné par un politicien compulsif du siècle dernier voire de la première partie du siècle dernier, qui dans sa grande générosité se propose en candidat sacrificiel.

Alors les thuriféraires... moi, si j'étais vous... méfi ! Je me reprendrais.

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