Eh oui, cette manifestation homophobe a révélé plusieurs faits intéressants.
Tout d'abord homophobe, oui, l'église est homophobe, profondément, et cette manif aussi, quelque baratin qu'elle puisse tenir sur le respect des frères et sœurs LGBT. Fassin explique cette homophobie "consubstancielle" dans le Monde aujourd'hui.
Plus directement disons que quiconque refuse l'égalité aux noirs est raciste. Quiconque la refuse aux femmes est sexiste (l'église romaine l'est), quiconque la refuse aux homosexuel/les est homophobe, c'est aussi simple que cela. Il n'y a pas besoin d'insultes ni d'invectives bovines, ce serait facile si l'homophobie se résumait à une propension à l'agressivité verbale ou physique envers les LGBT. Toutes les circonvolutions jésuitiques ni les postures empathiques n'y pourront rien. L'homophobie c'est un déni d'humanité, une façon de voir en l'homosexualité quelque chose qui déroge à l'humanité, fait que les LGBT ne sont pas tout à fait ni totalement considérables comme des humains ni similaires aux autres.
Donc qu'on est... non seulement en droit mais en devoir de ne pas les traiter comme les autres ! Ce que très exactement prônent les catholiques et les religions plus généralement.
Ensuite l'église romaine plie devant la lutte contre l'homophobie, bel acquis de nos luttes. ! Les organisateurs ont fait le maximum pour éviter les sordides et barbares horreurs qu'on a connues lors de la manifestation contre le PACS (genre les PD au bûcher). L'église romaine serait bien plus dans son rôle si elle s'excusait auprès des homosexuel/les des violences morales, sociales, juridiques, psychiques et physiques dont elle a été l'agent sinon le moteur durant un millénaire. Mais de cette repentance là pas question (ce qui signe aussi l'homophobie). Cependant les hiérarques sentent bien que ce n'est plus possible, qu'on ne peut plus (même si de Barbarin à Vingt Trois on frise régulièrement le dérapage, chassez le naturel...). Donc ils se retiennent et ils ont expressément demandé à leurs ouailles non de se retenir, mais de se taire. La manif était si encadrée qu'on ne devait ni sortir des slogans ayant l'imprimatur ni parler aux journalistes (prompts à googleiser les dérapages). D'où la manif à part de Civitas, infréquentable sur ce sujet.
Mais encore mieux, l'église romaine ne peut plus défendre ses propres conceptions, elle n'ose plus !! On ne nous a pas parlé du "dessein de dieu" pour les hommes et les femmes. Ni du caractère sacré (depuis moins de mille ans et non depuis les apôtres) du mariage. Vingt Trois a lui-même précisé qu'il parlait en tant que citoyen, exit le représentant de Dieu à Paris. La ci-devant Boutin itou entre deux sauts de cabri façon gay pride. On nous a rebattu les oreilles de la défense des enfants (mais qui songera à l'intérêt des enfants face au bourrage de crâne familial et religieux, conformement sexiste, puritain et homophobe à la clé ?). Il y a quelque chose de lâche et de cauteleux dans ce renoncement à être soi ! Une tactique passablement pitoyable qui tient de la contorsion et devrait faire se raidir de honte tout bon théologien. L'argument avancé par eux tous et toutes, faute de pouvoir (rapport de force) avancer les leurs à visage découvert, c'est la Nature, la prétendue universalité du modèle hétérosexuel nucléaire, l'ordre symbolique si cher à une partie de la gauche intellectuelle (sic) de salon, bref un dogmatisme calotin contraint de se travestir avec des arguments séculiers.
Ceci me conduit à ma conclusion : cette manifestation réussie par le nombre est thérapeutique, oui thérapeutique. Elle marque la place de l'église romaine dans notre société, l'entérine, la fait assimiler par les siens. L'église romaine n'est plus désormais qu'un courant d'idée, qu'une des religions, qu'un des lobby, minoritaire qui se cherche des alliés au gré des cironstances jusque dans les arguments du siècle s'il le faut puisque les siens n'ont plus force de foi. Elle n'est plus la mère (marâtre) de sa prétendue fille aînée. Et cette manifestation d'un certain point de vue le fait entrer dans les crânes de celles et ceux qui s'y pressaient en même temps que dans la conscience du pays. C'en est fait de la sainte église catholique gallicane. Ils sont nombreux dit-on. Oui, nombreux. Ils ne sont plus ni le tout ni la majorité. Ils sont simplement les cathos. Et c'est une sacrée victoire.
Resquiescat in pace !