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Billet de blog 17 avril 2012

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le jour d'après : Mélenchon

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Voici donc qu’est en passe de réussir l’opération Front de Gauche, au de là de toute espérance pour ses initiateurs à l’œuvre depuis quinze ans. Travailleurs de sape dans la gauche de la gauche, ils étaient affolés par l’émergence d’une gauche radicale, rebutés par un discours de rupture populaire, prêts à tout sauf à l’irruption dans la sphère sérieuse du Politique de ceux de vraiment en bas qu’ils ambitionnaient de représenter, (les "sachants" de gauche aiment rien tant que servir le peuple mais n'imaginent pas que le peuple se serve, directo, tout seul).

Bref, je suis méchant ? Elles, ils ont beaucoup souffert ces dernières années, coincés entre un PS sans vergogne et l'essort des anticapitalistes. La revanche est douce à prendre sans aucun doute. En tout cas Mélenchon ne se l’économise pas. Il faut dire qu’avoir passé trente ans dans les couloirs du PS à renégocier sa sinécure sénatoriale, et quand même un sous ministère en fin de législature, quand on a une si forte idée de soi… Tiens, il était sous ministre d’ailleurs quand son gouvernement à Barcelone, Lisbonne et ailleurs a convenu de saccager un peu plus ma retraite. Il n’a pas moufté à l’époque. Merci Jean-Luc.

Donc ils ont recréé les deux gauches d’antan, nouvelle mouture, qui permettent à la gauche institutionnelle de marcher sur deux jambes une jambe gauche qui fait mine, et une jambe droite qui marque depuis toujours le tempo. Suffisamment incompatibles pour drainer deux électorats dissemblables, dont l’un mélancoliquement prêt à tout croire un peu du moment qu’on lui en promet en propos ronflants, (les temps sont si durs qu'on est tenté de croire, quand même, presqu'héroïquement) et suffisamment compatibles pour que ni la continuité d’institutions sans intervention populaire (hors le vote délégataire qui signe un chèque en blanc aux élus), ni la continuité d’une société de la propriété privée capitaliste (celle du travail contraint, du temps compté et de la vie chiche), ne soient balayées, ce qui est la seule solution de bon sens.

Mais si, c’est ça. Vous verrez. Et par les conjonctures chaotiques qui nous attendent, ces deux jambes s’emmêleront vite, dans les deux sens de l’image.

Déjà, sur des heures de discours, Mélenchon n’en consacre qu’une modeste partie aux mesures réelles et sérieuses qu’il préconise, et encore, en flou. Il n’est que de lire ses déclarations emphatiques sur l’immigration à Marseille, sans un mot sur sa politique en la matière. Sa république ne pourra pas, le jour venu, "accueillir toute la misère du monde" ? On ne lui en demande pas tant, régulariser déjà, et le dire haut et fort à la tribune, c'est mieux. Non ?

Bon, voilà. Je suis méchant, amer de voir MA gauche de la gauche réduite aujourd’hui à la portion congrue ? Pas faux. Elle résiste quand même la bougresse, hein Poutou...

Il y aura le jour d’après. D’après les envolées et les vastes rassemblements. Le bon score promis par les enquêtes d’opinion a son revers. En dessous de 10%, bof, on pouvait tenir une honorable posture tribunicienne. Au-dessus pourra-t-on tenir ?  Sans ironie, ce ne sera pas si simple. En plus (ironie) quand on se veut « homme d’état » et un « républicain », si « la patrie » était la proie des spéculateurs... Tous ces gens qui vous ont voulu, voudront plus qu’une posture. La rançon du succès quand on base tout sur la révolution par les urnes, c’est que le débouché des urnes c’est le gouvernement. alors ? pas tout de suite ? Un petit délai de viduité (pour le programme du FdG) ?

Et puis, il serait difficile de rester hors des sphères du pouvoir pendant cinq ans. Cinq ans, c’est long. Le pouvoir, c’est attractif pour d’aucun/es. Oh ne serait-ce que pour ne pas stériliser des compétences, n’est-ce-pas ? Ce qui est si complaisamment imputé aux anticapitalistes, refuser de « mettre la main dans le cambouis » bref dans les institutions, pour peu qu’un score conséquent soit obtenu, sera plus compliqué pour les « révolutionnaires citoyens ». Il y a une logique aux postures.

Pour quoi faire et avec qui ? Aïe.

Il est plus confortable d’appeler à une vaste manifestation pour la VI° république à Marseille comme la semaine passée, que d’organiser la lutte pour le partage effectif des richesses (tiens, j’aurais préféré des manifs Front de Gauche contre la vie chère, contre le chômage, pour le partage des richesses plutôt que sur le miroir aux alouettes institutionnel de cette VI° république).

Or ce partage des richesses ce sera le seul enjeu qui vaudra. Six, sept ou x républiques n’y pourront pas grand chose s’il n’est pas procédé d’abord à de solides avancées vers cette nécessité vitale. Et là, la dette, les impôts (sur qui, vraiment), la "compétitivité" de "nos" entreprises si "l'on veut produire français". Nous verrons. J’ai lu quelque part dans l’Huma que le Hollande de ce dimanche passé n’était pas si mal. Ah, bon. Foutu jour d'après qui s'approche ! hein ?

En attendant et à cause de "ce jour d'après" qu'il faut justement préparer, votez anticapitaliste, Poutou, oui, tout de suite, en plus il le vaut bien, décidément. D'accord, il ne vous promet pas d'être président ni de compter plus que ça sur lui. Il n'a pas de promesses ronflantes, seulement des objectifs à imposer d'en bas, parfaitement irréalistes dans la révolution par les urnes. Il vous préfère vous (nous, tous) comptant sur vous (nous), nos propres forces. Donc votons pour lui. Mais si. Ensuite virons Sarko. Ouste. Puis ce sera le jour d’après.

Hum.

NB. Commentaires fermés pour cause de blabla trop souvent lapidaires dans les deux sens du mot. J'ai un courriel ici. Alors n'hésitez pas.

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