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Billet de blog 17 juillet 2011

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Des tensions au NPA

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le npa vit aujourd’hui une tension entre deux tentations antagonistes l’une doctrinaire l’autre de dilution au lieu de suivre la voie originelle qui est la convergence de courants déterminés à en finir avec le capitalisme. Les doctrinaires ne voient dans cette convergence qu’un détour tactique, le plus court possible vers un retour aux prétendus fondamentaux qui, avec la centralité ouvrière, ont une vision étroite de la classe salariée d’aujourd’hui et gardent la nostalgie du parti homogène et dirigeant. Les autres diluent « l’anticapitalisme jusqu’au bout » fédérateur du NPA, dans une nébuleuse où tout ce qui bouge à gauche du PS est ipso facto anticapitaliste, en particulier les courants organisés dont le PCF. Comme le terrain de jeu principal de cette gauche de la gauche institutionnelle est… les logiques institutionnelles et les échéances institutionnelles, la dilution s’opère dans des opérations sans fins d’accords, désaccords, compromis, plateformes qui n’engagent jamais que ceux qui croient.

Il y a quelque chose de « performatif » dans ces deux positions : l’énonciation créée la réalité. Ainsi les uns nous assènent la centralité de la classe ouvrière. On peut convenir heureusement de la centralité de la question sociale, et on le déclinera par un plan d’urgence par exemple. Mais la classe ouvrière ? Qui ? quels critères ? des chiffres ? Car la centralité de la classe ouvrière si la classe ouvrière ne recouvre pas le prolétariat, la classe salariée, ça veut dire une partie minoritaire, le glissement ensuite ce sera le parti de cette classe, puis pourquoi pas la dictature de cette classe ? Quelle classe d’ailleurs ? Pure énonciation sans réalité explicitée derrière.

Mais de même lorsqu’on nous dit rassembler les anticapitalistes et que cela implique la gauche de la gauche institutionnelle, quand cette nébuleuse a-t-elle dit qu’elle était anticapitaliste ? qu’est-ce qui dans les programmes et plateformes existantes le justifie ? et dans les actes politiques au sein des institutions ? Là encore pure énonciation qui glisse à la fabrication de réalité. Ni le PG ni le PCF ne se définissent comme anticapitalistes tout en glissant qu’ils sont opposés au capitalisme, certes, mais ce n’est pas dans leur « cœur » d’autodéfinition. Encore moins dans leurs programmes, leurs références ni leurs pratiques. Alors on glisse vers « rassembler les anticapitalistes et les antilibéraux ». OK, c’est une hypothèse de travail, laquelle, pour le coup, est en contradiction avec les textes fondateurs du NPA, son projet même, dont par ailleurs les mêmes se revendiquent (performatif encore : l’énoncé ne suffit pas) et nous reprochent de les trahir.

La convergence originelle du NPA concernait des courants en dissidence avec les valeurs dominantes, les institutions, la gauche traditionnelle, ses tics réthoriques et œillères théoriques (y compris dans la LCR), le productivisme, l’électoralisme, l’unitarisme ritualisé etc… Il appelait à une convergence sur ce qu’on peut appeler un anticapitalisme jusqu’au bout, et une convergence appelée « par en bas », à côté des appareils voire sans eux, rien de comparable avec le tropisme unitaire à donf qui aboutit à débattre à l’infini d’accords tortueux et d’élections pour le coup pièges à cons.

C’est cela qu’il faut restaurer, cet esprit de dissidence dans la pluralité, de résistance aux institutionnalisations, de radicalité anticapitaliste, et reprendre comme étant au cœur de notre projet, en résistant aux deux dangers même si celui de la dilution paraît plus « ouvert » et a priori sympathique.

Surtout quand la gauche de la gauche institutionnelle est en train de se doter, mine de rien, d’une cohérence « social-républicaine » dans un arc politique en constitution de Montebourg au PCF en passant par l’ineffable Mélenchon (voir son communiqué patriotard sur le 14 juillet). Cohérence que ne voient pas venir nos candides unitaires. Et arc politique qui saura vite auprès d’une gauche de la gauche institutionnelle qui n’a pas fait son deuil d’une révolution par les urnes, remplacer l’altermondialisme devenu creux par un antimondialisme qui sied comme un gant à ce qui reste de culture PCF comme aux républicains d’une partie d’Attac, Mpep et autres.

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