La polémique concernant le grand photographe américain Andrès Serrano et son oeuvre Piss-Christ, a beaucoup agité les intégristes vauclusiens de « Civitas ». Ils se sont rendus en groupe pour pleurer sur ce blasphème (une croix baignant dans de l'urine), avec enfants comme d'habitude (ils ont la manie de trainer leurs enfants ainsi instrumentalisés dans leurs manifs , autour de l'avortement entre autres, avec force gesticulations doloristes à la limite de l'obscène). On a pu les voir, jupes plissées, carrés hermès, pulls bleu roi sur le dos, socquettes blanches, vilipendant l'artiste, son oeuvre et les responsables artistiques d'une expo qu'ils ont d'ailleurs mis trois mois à repérer. Bref, un appel assez sarkoziens aux racines chrétiennes, à la réinstauration de la poursuite pour blasphème et autres joyeusetés catholicardes romaines qui sentent bon l'excommunication, la croisade, le bûcher voire les dragonades.
Braves gens.
Ce ne serait qu'anecdote locale si l’évêque d’Avignon, le ci devant Cathenoz que les medias s'échinent à nommer Monseigneur au lieu de monsieur l'archevêque, n'avait pris part active à la polémique. Il faut savoir que cet archevêque très dans la ligne cathorestauratrice JP.II et maintenant Benoit XVI, a réussi en quelques mois à mettre vent debout une bonne partie de son diocèse pourtant pas peuplé de gauchistes jocistes ni animés par des nuées de prêtres ouvriers. Non seulement par son autoritarime et ses penchants réac mais aussi par un goût prononcé pour ses propres aises qui ont quelque peu mis à mal les saintes finances si l'on en croit les reproches adressés par ses ouailles contestataires avec qui la rupture est toujours consommée, coupant la sainte église en deux.
Le saint homme a donc publiquement encouragé la cohorte qui faisait une sorte de piquet d'incantation devant la salle d'exposition en exigeant le retrait du blasphéme. Ce à quoi, évidemment, les autorités artistiques se sont refusées. Et comme ce WE l'oeuvre a été tout bonnement vandalisée, on peut à juste titre se tourner vers la mitre archiépiscopale et lui demander des comptes sur ces délits, ne serait-ce que pour incitation.
Mais alors qu'une burqa avignonnaise portée sottement par provocation et une fanatique en mal de pub qu'on ferait mieux de laisser à son délire (comme on y laisse les bonnes soeurs claquemurées dans leurs couvents), faisait la une de la presse et un passage aux journaux télévisés, on ne sent pas le vent de scandale que l'appel de l'archevêque et les méfaits de ses ouailles devraient légitimement soulever. On n'entend pas hurler le ministre de l'intérieur contre cette atteinte à la liberté artistique et à la liberté d'expression tout cours, à nos racines culturelles en quelque sorte. Rien. (Et je ne parle pas du timide ministre de la culture).
Sait-on quand même que ce catholicisme romain est aujourd'hui un bouillon de culture intégriste, fanatique, homophobe, sexiste, "reconquériste" des plus actifs, qui s'infiltre, via l'Opus Déi par exemple, dans les rouages de l'état et du corps social comme toute secte qui se respecte ? Et y grignote le droit à l'avortement, les subventions pour le planning familial, la liberté de recherche scientifique,les droits acquis et demandés des homosexuels etc etc. Et la liberté de la création artistique.
Et le dira-t-on haut et fort ?