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Billet de blog 18 novembre 2018

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Gilets jaunes : quand les syndicats font la moue

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L'initiative des gilets jaunes est incontestablement un évènement, et une réussite en dépit des désinformations, minimisations, stigmatisations des structures de pouvoir et du pouvoir, et des grimaces chichiteuses de certains à gauche de la gauche. On peut penser ce qu'on veut du mouvement et de ceux qu'on y entend, le pire pas mal et le meilleur aussi, mais surtout de la banale et justifiée colère.

Maintenant ce que nous dit à nous militants dits de gauche un tel mouvement c'est la scandaleuse impéritie des cercles dirigeants syndicaux qui font la moue sur divers registres, je ne parle pas des dirigeants politiques, laissons les morts enterrer les morts.

Ce mouvement et son ampleur mettent le doigt et la lumière crue sur ce que ces directions sont ; empêtrées dans leurs privilèges (cf l'ex secrétaire général de la CGT et ses dispendieuses dépenses d'installation, le placement grassement payé de l'ancien spécialiste des questions européennes dans une sinécure internationale, les pantouflages successifs des secrétaires généraux de la CFDT, et leur train de vie que des responsables de FO se jettent à la figure alors que ça fait longtemps... bref. Donc leurs privilèges, celui aussi des responsables syndicaux, y compris dans le syndicat le plus réellement syndical, qui une fois que leur poste syndical leur a fait un nom et une place au soleil ne retournent à aucun prix à la base mais là encore ripent d'un poste à l'autre, d'une structure à l'autre, et brassent du vent y compris alterceci ou celà depuis leur notoriété privatisée alors qu'elle leur vient d'un travail syndical collectif auquel ils auraient dû retourner.

Mais aussi leur connivence avec les élites et les idées mainstream du libéralisme largement enrichi par les crétins sociaux démocrates qui deviennent députés à vie, si possible, ministres intègres se constituant des carnets d'adresse pour des vies futures (quand ce ne sont pas des comptes off shore ou des oublis administratifs), et se foutent comme de colin tampon des sans dents et autres "rien" qu'ils flattent et appâtent régulièrement pour en obtenir les votes utiles à leurs plans de carrière tout en les bombardant de pédagogie c'est à dire d'un bourrage de crâne méprisant et méprisable souvent basé sur la peur. Eux qui n'ont plus ni plan politique ni planification sociale à l'agenda comme ils disent et sont tout dévoués au libre jeu du marché dont leurs discours laissent entendre qu'il faudrait simplement songer à veiller à ce que le jeu ne soit pas trop pipé. Tout au plus comme Rocard vous diront-ils un soir où ils auront trop picolé que la gauche a perdu sa guerre contre le capitalisme et qu'il ne lui reste plus qu'à en gérer le plus proprement la victoire. Bravo Tsipras !

Enfin leur pétoche, leur incommensurable couardise devant ce qu'impliquerait le commencement d'un début d'action un peu déterminée pour défendre efficacement les intérêts de leurs mandants. La rigolade sinistre des journées d'(in)action qui font perdre des journées de salaires à des salariés qui n'en ont pas de trop et rien du tout au bureaucrate qui prend des journées de mandat syndical... pour que les dirigeants puissent gloser au poste sur la colère populaire en ânonnant des discours aussi creux que vains, et lancer des avertissements aux pouvoirs qui en rigolaient encore il y a quelques années mais s'en tamponnent ouvertement aujourd'hui. Sans parler de la pantomime autour des signatures ou pas d'accords supposés sociaux qui ne changeront rien de bien pour personne et sont soumis au préalable à l'accord... des règlementations ultralibérales bruxelloises, au point qu'aujourd'hui ils ne se permettent même plus de disputer de la longueur de la chaîne de chacun mais de la taille des maillons, ce qui n'a aucune conséquence. Bref ils crèvent de trouille à l'idée de n'avoir plus d'accords à signer ou à refuser et tournent autour du pot quand une mobilisation devient tellement nécessaire que c'en est criant et qu'il va bien falloir qu'ils se décident à se décider à s'y mettre avec comme ultime argument seriné à la base que... la base n'y est pas prête.

Ce qui vient de se passer avec ces gilets d'une couleur en effet douteuse mais endossés par des colères dont le fond ne l'est pas, ni la légitimité, ni les motifs principaux, est la manifestation saisissante de ce que les prétendues directions syndicales de la classe ouvrière en sont les garde chiourme, les chiens de berger, les tambourineurs de galère, tout sauf des responsables syndicaux.

Vivement que des gilets rouges les basculent aux poubelles d'une sinistre histoire, celle de la déconfiture et du pourrissement des gauches mondiales depuis la révolution russe (et dont la révolution russe) dont la faillite désormais avérée devrait logiquement ouvrir la voie aux pires de ce dont notre humanité est capable... mais qui sait peut-être et pourquoi pas au meilleur si nous savons faire mentir la logique.

En avant pour le meilleur !

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