Si ce qui se passe au Moyen orient est une simple guerre impérialiste, alors oui, il faut la dénoncer et en exiger l'arrêt immédiat.
Alors ce serait ce qu'on pourrait faire de mieux dans l'intérêt des populations.
En étant logique on devrait aussi bien dire que Daesh mène une guerre antiimpérialiste, et on voit la pente où le campisme si fréquent dans les réflexes pavloviens d'une extrême gauche doctrinaire nous conduirait. En même temps que nous fermerions les yeux sur l'emprise de fer qui s'abat sur les populations dont l'éradication est une partie, en disant que s'en libérer est, selon la formule consacrée et abstraite, l'affaire de ces populations elles-mêmes.
Or Daesh ne mène pas une guerre antiimpérialiste mais une guerre civile contre les peuples de la région qu'il ambitionne de fédérer sous son autorité de fer. Et cette autorité est objectivement fasciste (cf. Claude Gabriel), militarisation de l'état, abolition de toute liberté, embrigadement généralisé, asservissement des femmes, endoctrinement de masse, répression sanglante hors de toute légalité judiciaire et main mise d'une clique sur les richesses de ces pays dont le pétrole.
Ce fascime a poussé sur le terreau ensanglanté de l'échec des printemps arabe dans la région (cf Tariq Ali), écrasés entre l'absence de courant politique solide capable de les animer, des dictatures sanglantes soutenues internationalement, les jeux de dupes des puissances impérialistes... Ce fascisme nouveau a épousé un islam fondamentaliste arrangé à sa sauce, comme idéologie de combat, mystification pseudo religieuse qui entre autre peut enflammer une partie de la jeunesse arabe désespérée et/ou délinquante jusque dans les métropoles impérialistes.
Dire aujourd'hui arrêt de la guerre revient à se laver les mains de l'extension de la dictature fascite sur toute une partie de l'Afrique et du Moyen orient, et se laver les mains des horreurs perpétrées. Soutenir cette guerre revient à soutenir les efforts symétriques d'embrigadement, restriction des libertés, mise au pas des résistances dans les métropoles impérialistes et exactions de leurs armes dans ces pays par les armées impériales.
On n'est pas dans la merde.
Il reste une position, la seule, qu'après réflexion et toutes les hésitations que vous imaginerez sauf ceux qui depuis la doctrine, m'excommunieront du trotskisme, me soupçonneront d'islamophobie (?!) et pour faire bonne mesure me déclareront passé définitivement du côté de l'ordre bourgeois, bref une seule solution : l'objection de conscience envers ces deux camps, la lutte ici contre l'état d'urgence, les atteintes aux libertés et résistances, et le soutien avec nos maigres moyens de toutes forces qui, là bas, combattent le fascisme islamique avec au cœur les valeurs d'une émancipation des femmes, d'une laïcisation des états, d'une redistribution des richesses qui sont celles de la révolutiona sociale que nous espérons.