Je reste de ceux qui déplorent l'égarement dans l'absurdité du mariage où nous ont conduits les élites socialistes ou apparentées qui dirigent de fait l'espace (mondialisé) des associations LGBT depuis plus de vingt ans.
Quand je dis "nous" je ne parle pas seulement des LGBT, mais de la société française. En effet ces représentants de la catégorie sociale a priori la plus éloignée du congugalisme familialiste, font le tour de force de venir ouvrir un débat de fou sur le mariage, ses fins et ses vertus (je m'étrangle) à l'heure même où seulement 44% des couples dans ce pays y ont recours (au mariage) et où trois divorces sur quatre sont demandés par les femmes. Ils viennent conforter une institution déglinguée en en faisant l'alpha et l'omega de l'intégration LGBT ! Ils resacralisent ce "lien" où l'Etat vient se mêler des corps et des affections...
Bref.
Depuis plus de vingt ans j'ai plaidé pour qu'on prenne pour objectif la reconnaissance de l'union libre, sa libre déclaration en mairie, son droit à accéder aux droits dévolus au mariage, bref le droit des personnes de choisir elles et elles seules, entre elles la nature et le contenu de leurs relations affectives, sensuelles et érotiques.
Et voilà qu'on a conduit les LGBT dans la voie rétrécie de revendications communautaires pour ne pas dire communautaristes, de "droits pour soi". L'option inverse - accès de l'union libre aux droits dévolus au mariage - aurait conduit à un vaste front hétéro homo, libres relations, familles recomposées, relations lgbt, uni pour, en fait vider, le mariage de son contenu symbolique genré, patriarcal et religieux, en en exigeant les droits.
Au lieu de cela lesbiennes et gais, qu'on le mesure bien même s'il est trop tard, vont DEVOIR en passer désormais par l'institution du mariage pour obtenir par exemple la parentalité, la pension de réversion, la donation au dernier vivant pour ne parler que de ces droits. Avec dans les bagages la question de la fidélité (appropriation des corps), le conjugalisme (le couple sacro-saint), des séparations où le débat ne se cantonnera pas à l'amour ni au désir de vivre ou ne plus vivre ensemble mais en appelera contre la vie, ses évolutions, les affects, au CONTRAT passé, à l'engagement LEGAL pris devant le maire, bref avec intrusion de l'Etat venant parasiter le dialogue des personnes.
Tout cela instillé, infligé aux jeunes générations LGBT comme valeur CONQUISE contre l'homophobie, alors même que les jeunes générations hétéro s'en sont écartées et continuent de chercher une autre voie. Quel défaîte de l'esprit !
Heureusement que les hétéro s'y mettront, à révolutionner un peu nos relations, quand les élites LGBT ont bradé cet héritage de nos luttes pour le plat de lentilles avariées d'une institution rétrograde que seuls les rétrogrades défendent aujourd'hui.
Quel paradoxe.
Mais le vin amer de ce renoncement et de ce dévoiement est tiré.
Il faut le boire jusqu'à la lie.
Ne pas laisser aux célibataires ambigüs et rancis de la vieille église catholique romaine en déroute, l'occasion de se refaire une santé sur une homophobie qui a honte d'elle-même et se camoufle derrière l'argument (laïc) de l'ordre symbolique des genres (Merci Mme Agacinski Jospin).
Ne pas laisser un gouvernement de gauche mol et variable nous infliger un nouveau recul.
Ne pas laisser l'homophobie reprendre du poil de la bête.
Alors manifestons, pétitionons, en multitude, sur l'air, hélas, de... gai, gay marions-nous !