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Billet de blog 20 février 2011

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Bien sûr que je reste au NPA !

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Le NPA ce n'est pas un parti c'est un projet. Et ce projet reste le mien, dans les bons et les mauvais jours. Pas vous ?

Celui d'un parti à créer, à penser, à "programmer" à partir des résistances et des espérances des "sans", des salariés, des anciens, contre la dislocation générale des liens sociaux, la dilapidation des savoirs et des ressources, et l'asservissement toujours plus violent des multitudes pour le profit vorace de quelques-uns.

Un projet qui fait honneur à ceux dont je suis, membres de la LCR "canal historique" (métissage trotsko, guévarro, libertaire) qui, quoi qu'on en susurre ici et là, ont osé mettre toutes leurs billes sur la table, risquer leurs acquis en les proposant à qui voulait non seulement les partager mais les enrichir, qui sait ? les transformer. C'était notre rôle, non ? Nous ne partions pas de rien. Avec l'ambition, certes, d'emporter la conviction, ce qui n'a rien de honteux, mais avec la conviction aussi d'apprendre beaucoup. Il va falloir faire le point de nos illusions, nos conneries, nos apprentissages, à nous et à tous, ce dont le congrès chaotique n'as pas été capable.

C'est un projet qui contrarie. Pas question pour la gauche institutionnelle de se voir flanquée d'un courant politique ancré dans les mobilisations, radicalement hostile à rentrer dans le rang des unions de gestion successives, et réfractaire aux poisons et délices d'institutions qui, c'est leur fonction, finissent toujours par avoir raison de qui s'illusionne d'y changer quelque chose. L'on s'est empressé d'envoyer un mercenaire bien "posturé" (à gauche du PS - sic), dûment nourri au gras de la république pendant 30 ans, en contrefeu. Son ordre de mission était simple, se la jouer sur deux modes : la grrrosse colère contre l'injuste monde, et les palinodies de l'unitarisme sans frontière, histoire de rameuter au bercail les brebis électorales qui semblaient s'égarer en dissidence.

Cela donne la rrrévolution citoyenne du vieux sénateur naguère mitterrandolâtre. Une resucée de la politique d'un PCF mol et coi, engoncée dans son républicanisme franchouillard, shootée au miroir aux alouettes de la gagne et de l'arrivée en tête, offrant pour toute unité le ralliement à sa personne. Son verbiage programmatique n'a d'égal que sa détestation verbale d'un DSK, diversion qui lui permet de ne pas trop dire mot des autres (Aubry...) ? Bref, ce projet a ça pour fonction, ceux qui fléchissent et cèdent à ses sirènes, exaspérés de colère et d'amertume devant la dureté des temps, ça se comprend, (je ne parle pas des petites personnalités pressées) en reviendront. Expérience faite, nous nous retrouverons.

Contrairement à ce qui est hautainement moqué ici et là, le projet ne relevait pas de l'idée qu'entre la LCR et le PS il n'y avait rien, mais, nuance, du constat qu'entre la LCR et le PS ce qu'il y avait était enferré dans une double névrose : l'incapacité de s'opposer au PS dès que celui-ci approchait d'un pouvoir quelconque, de résister à l'hypnose qu'exercent les institutions sur quiconque y espère ne serait-ce qu'un strapontin. Que de surcroît profitant de la misère aggravée, politique et sociale, surfant sur le désespoir rampant, ce "rien" entre le PS et la LCR trompait encore son monde sur l'air de "votez pour nous et vous verrez, cette fois on les aura" (le PS et les institutions).

Le projet s'est heurté à plusieurs limites, dont les nôtres, mais ça reste un projet. Le mur sarkozien a tenu solidement adossé au MEDEF, à l'Europe libérale, à un art consommé de la diversion sordide sur le dos de boucs émissaires, peu menacé par des directions syndicales en semi coma volontaire, ni les gesticulations de la gauche parlementaire empêtrée dans la vacuité de son alternative. Les luttes sont venues s'y cogner, opiniâtres mais sans relai, habilement épuisées une à une, de journée d'actions en journée d'action, de grèves sectorielles soigneusement indépendantes les unes des autres, ou tout bonnement laissées au bon soin de "la base" encouragée par un assourdissant silence des appareils.

Piège électoral (fait pour ça), il est possible que nous ayons raté quelque chose aux européennes : proposer une coalition à gauche du PS. Nous étions en position de force après des présidentielles où notre porte parole (et non notre chef comme le marmonnent les imbéciles) cumula à lui seul autant que tous les autres (PCF, Bové, LO, Voynet). Proposer une coalition qui devait prouver la force de l'union libérée du PS avec la perspective (et non la condition) de la poursuivre dès lors que, sur la base de cette première réussite, on convenait pour la suite (régionales etc) de l'indépendance totale envers le PS et du refus de cogérer.

Ensuite ? Le projet a beaucoup rassemblé, mais, ce que nous n'avions pas estimé, il a rassemblé des aspirations et des colères diverses et impatientes. Il fallait qu'à chacune le NPA réponde. Chacune se voyait prioritaire : pour les uns forcer l'unité à gauche de la gauche, pour tels autres élaborer un projet radical, pour d'autres incarner une écologie anticapitaliste, pour d'autres encore redonner dignité et espoir aux populations maltraitées des quartiers populaires, pour d'autres asseoir la crédibilité du parti sur des élus voire des postes (pour eux)... Tout cela sous l'égide d'une improbable démocratie : celle où tout le monde aurait raison et où chacun serait majoritaire.

Il ne suffisait pas pour "faire parti" de se rassembler, il fallait accepter de ne pas se ressembler, de ne pas prendre la contradiction comme une insulte ni une mise en cause personnelle, accepter de, minoritaire, s'inscrire dans un processus de conviction - débattre et expérimenter -,il fallait créer, pour beaucoup ex nihilo, une loyauté de parti qui implique donc de respecter... la majorité au lieu de "n'en faire qu'à sa ligne", d'être minoritaire sans accuser par exemple la LCR de magouilles, de ne pas voir un réformiste derrière chaque pragmatique, de laisser Lénine un peu à sa place c'est à dire un siècle en arrière, de ne pas la jouer à la démission ou la victilisation à tout va, de ne pas tenter par tous les moyens de pousser sa candidate voilée en dépit du mandat donné, ou de ne pas, malgré 55% de vote dans les AG, tenter de faire passer un avis contraire, de ne pas jouer sa fraction contre l'ensemble, de poursuivre le débat sans bloquer la machine.

Bref. Pas si simple de "faire parti" sans être adossé à une table de la loi condition d'entrée et règle commune. Or, pour son honneur au passage, c'est ce qu'a voulu la LCR. Pas facile non plus lorsque ça secoue de tous bords, la droite déchaînée, la gauche institutionnelle à la manœuvre...

Ni simple, ni facile ? Raison de plus pour persévérer.

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