On me demande pourquoi j’éprouve le besoin de discuter publiquement du congrès du NPA. Je pourrais aussi bien le faire « en interne ».
Tout d’abord, je fais ce que je veux, il n’y a pas de règle supérieure ni de gardien de la loi. Le centralisme prétendument démocratique a tué le débat, et le vrai centralisme démocratique est foulé au pied (souvent par ceux qui s’en réclament) il implique originellement qu’après un débat radicalement ouvert, on se range derrière la majorité pour, loyalement, faire l’expérience de ses propositions et non les saboter.
Mais cela fait un bail que cette fraternité là a été oubliée au nom de pseudo droit d’expérimentation ou de fraction (ce qui est carrément ridicule dans un groupe humainde moins de 3000 personnes).
Ensuite, j’estime qu’à l’heure d’internet et autres moyens de communication et d’échange d’idée, les textes devraient être tous accessibles. Mieux même, que des réactions in et out NPA devraient être sollicitées. Mais quand un petit parti comme le NPA en est encore à fétichiser sa minuscule presse écrite sous prétexte qu’on peut la vendre sur les marchés à quelques centaines d’exemplaires au lieu de se doter d’une sorte de Mediapart rouge qui parlerait à des centaines de milliers…
Enfin parce que ce débat « interne » est positivement archaïque et non démocratique (ce qui ne veut pas dire anti démocratique). Rappelons que les textes proviennent du CPN autrement dit des restes de direction élus au précédent congrès et figés dans leurs antagonismes. Pas d’appel d’air des comités, voire de groupes de gens intéressés qui risqueraient ensemble une parole hétérodoxe.
On lit religieusement ce que les groupuscules internes concoctent en fonction d’éventuelles césures qu’ils pourraient susciter chez les autres ou d’alliances qui les hisseraient dans une majorité. Groupuscules ou pseudo vieux sages, le tout dans une rhétorique figée elle aussi.
Alors que la gauche a sombré et que le NPA se porte comme on sait, personne ne renverse la table. Alors que Podemos vit une expérience fragile mais passionnante, que Syrisa approche du gouvernement et ainsi de suite, que le FG n’est plus qu’une comète en voie d’extinction par dislocation…
Ce débat se fera dans un étrange entre soi de groupes qui ne se supportent plus sauf quand l’illusion lyrique d’une lutte masque un temps les oppositionnettes. Les sectes ont procédé depuis longtemps à l’épuration politique des comités où elles sévissent usant tout autre courant qu’elles-mêmes (j’ai des noms et des faits), les jeunes et vieux caciques blablattent sur « la classe » « les entreprises » « la jeunesse » avec une componction de pasteur marxiste, comme si en cent ans et surtout après trente ans d’offensive libérale inouïe, rien n’avait muté.
Les plus féconds sont paralysés là dedans, espérant qu’en tenant bon, au détour d’un changement de situation sociale, s’ils ne sont pas trop épuisés, ils pourront rebondir. Ils produisent certes, ici ou là, un petit texte, un petit livre qui chante une autre musique…
Il faut bien que quelqu’un le dise même si c’est dans un silence goguenard, et les supplie de reprendre leurs propositions à partir de ce qui bouge, se cherche, se risque…
Et si avec la chanson on se disait : « alors, on bouge ! »
Chiche ?