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Billet de blog 23 septembre 2012

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PORTUGAL / VICTOIRE SUR LA RIGUEUR, demain ici... Hollande à ton tour

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Portugal. Le Gouvernement de Passos Coelho obligé de reculer !

Ce qui est en train de se produire au Portugal est assez inouï en ces temps de reculs et de défaites populaires.

Cela peut préfigurer un changement de rapport de force dans l'Europe libérale.

Le 7 Septembre, le gouvernement portugais a adopté un plan d’attaques sociales des plus brutales parmi celles que subissent les pays en crise actuellement « secourus » par l’Europe sous domination libérale.

Il s’agissait d’augmenter de 7% l'ensemble des cotisations sociales salariales  et de réduire de 5,75% ceux des entreprises. Cette mesure équivalait rien moins qu’à un transfert direct de 2.000 millions d'euros nets aux profit des employeurs (en sus du vaste transfert déjà effectué en Europe du travail vers le capital dans les 20 dernières années).

Un hold-up de classe selon Francisco Louça (porte-parole du Bloco d'Esquerda).

Vendredi 21 septembre a vu de puissantes mobilisations se dérouler dans tout le Portugal, au cri de « ils sont une demi-douzaine, nous sommes des millions."

À Porto une assemblée populaire a eu lieu. Des rassemblements aussi à Faro, Viseu, Pombal, Leiria, Braga, Funchal, Aveiro, Bragança, Évora et Coimbra.

A Lisbonne on a également crié: «La voix appartient au peuple. Nous sommes le Conseil "," Troïka et gouvernement, dégagez!. "

Le mot d'ordre le plus populaire est sans doute "Voleurs!" et l’on a réentendu l'une des chansons préférées de prisonniers politiques avant la révolution du 25 Avril : Acordai.

Des manifestations de masse ont duré toute la nuit.

Le samedi 22, à midi, une foule de manifestants en colère entourait le lieu où se tenait non stop une réunion marathonienne du Conseil d'Etat présidée par le Président. Sous cette pression qu’on mesure mal ici, le Premier ministre Passos Coelho a été forcé de battre en retraite, retirer ces mesures et a annoncé qu'il chercherait des «alternatives».

C’est la première fois que sous la pression politique populaire un gouvernement européen ravale un plan de rigueur exigé par la Troïka, et c’est le résultat direct d’un grand mouvement social. La première fois qu’il est enfin démontré par rapport à toutes les stratégies institutionnelles (chercher un référendum, prôner la révolution par les urnes…), que la mobilisation populaire est, par de là tous les clichés chers à l’extrême gauche, la seule voie sérieuse qui conduit à faire plier les gouvernements.

Que c'est d'abord et avant tout sur elle qu'il faut miser, elle qu'il faut prôner, elle qu'il faut construire plutôt que mettre l'essentiel de son énergie dans des meccanos d'alliances électorales aux contours improbables derrière tel leader maxiMoi. (En ce sens la manif du 30 est décisive et aurait mérité d'être conçue et préparée d'emblée de façon ouverte et unitaire comme l'ouverture d'une épreuve de force et non un coup de rentrée).

Cette voie est ouverte par ce Portugal dont on parle peu mais qui subit depuis quatre ans une incessante rigueur.

Ce n’est sans aucun doute qu’un début. Il reste à espérer et surtout à faire en sorte que les autres peuples d’Europe s’inspirent de ces évènements et se disent enfin que "les faire reculer est possible", à commencer ici, nous, en conduisant ce cher Hollande sur une autre pente que celle de sa "rigueur de gauche".

Faisons que le 30 en soit un lancement.

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