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Billet de blog 23 octobre 2014

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Congrès NPA : de l'esprit de secte

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

""Je crains les révolutionnaires et leurs révolutions toutes faites".

L'esprit de secte, doctrinaire dans notre chère extrême gauche c'est voir le monde à gauche en deux couleurs : le réformisme partout, rapace, cauteleux, grimé, sombre donc, et la sienne... rouge bien sûr, de détenteurs avaricieux de LA révolution et du copyright « révolutionnaire », avaricieux comme l'autre de sa cassette.

La révolution est une chose bien trop sérieuse pour l'abandonner aux ci-devant autoestampillés « révolutionnaires » qui l’ont d'ailleurs plus souvent à la bouche plutôt qu’au bout du fusil. En général elle leur échappe aux moments suprêmes : les peuples désinvoltes sans souci de copyright, omettent quand ils s'en saisissent de leur en demander ni la permission ni le… « bon » mode d’emploi, encore moins d’en prendre « la direction ». Le nombre de révolutions derrière lesquelles les révolutionnaires patentés ont couru...

Et puis, quoi qu'ils nous dénient, nous sommes beaucoup plus nombreux/ses qu’ils ne le croient à être convaincus sans forcément en être plus réjouis que ça, qu’hors une révolution on ne s’en sortira pas. Ni du capitalisme, ni de la cata écologique, ni des barbaries symétriques, ni du désespoir, ni de la misère, ni des humiliations. Pas plus réjouis que ça parce qu'on ferait bien l'économie de ce moment là dont le romantisme livresque se paye de tensions, de violences, de vies concrètes. 

Mais comme la chose est terriblement compliquée par ceux qui n’en veulent à aucun prix et qui feront tout pour la rendre tendue, violente, dévoreuse de talents comme de braves gens, tout pour nous intimider à l'avance et nous en dissuader à l'occasion, nous cherchons la voie à tâtons, dans la cacophonie, le doute et l'expérimentation, et pour certains, il faut le dire, à reculons (ce qui n'est pas être exactement réformiste).

L’expérience du totalitarisme stalinien rend méfiant envers les « lignes justes », les « partis guides », les « directions » locale comme mondiale, les anathèmes (aujourd’hui « réformistes partout » hier « centristes » voire « hitléro-trostkistes »), et… envers les révolutionnaires patentés qui vous admonestent avec leurs révolutions toutes faites.

La révolution se produit lorsque la colère populaire explose, la russe de 17 s’est nouée autour de « la paix et le pain », ce qui est un contenu bien réformiste. Aujourd’hui ce pourrait être dans l’indignation toute bête réclamant « le pain et la démocratie » et se criant "nous le pouvons" pour s'encourager. Bien court, non ?

Les peuples lorsqu’ils se fâchent n’ont pas de ces cas de « conscience (de classe) » qu’on leur voudrait insuffler du haut des doctes révolutionarismes.

Nous sommes du coup devant deux questions :

-      sur quel court et lisible contenu l’indignation populaire pourrait-elle se muer en révolution ? Dans les débats du NPA ça se désigne par "revendications transitoires" et ça se déploie en programme itou.

-      comment contre les sectaires de tous ordres (il n’y a pas que nos révolutionnaires patentés à l’être, voir les douces inimitiés qui s’exposent dans le PS ou l'attitude constante de l'appareil post stalinien) comment y aller "tous ensemble", tous ensemble ou du moins le maximum. Ce qui n'est guère compatible avec les caractérisations péremptoires ni les invectives comminatoires.

Commencer par se taxer, soupçonner, accuser les uns les autres de réformisme (grosso modo de trahison) c’est-à-dire se délimiter le plus étroitement possible et creuser ainsi une ligne de fracture entre celles et ceux qui tentent de résister au rouleau compresseur d’un capitalisme qui joue la crise pour perdurer, ne me semble pas devoir aider vraiment.

C’est pourquoi l’anticapitalisme comme espace de rassemblement me parait être la "bonne dimension" : les nuances y ont droit de cité, les oppositions non. On y partage le goût du faire ensemble contre les violences capitalistes, autour d’un court et lisible contenu d’indignation qui bouge en avançant, évolue, s’enrichit, se discute, s’amplifie, s'épanouit… tente à gauche, plutôt qu’opposer en se disputant, systématiquement de rassembler pour agir.

Le projet NPA quoi, rouge, noir, vert, un peu arc en ciel.

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