Les prochaines élections régionales pourraient être le commencement de quelque chose à la gauche du PS.
Déjà on entend la petite musique politicienne du Front de gauche appelant du pied droit EELV sans d'ailleurs se soucier outre mesure de ce que ce conglomérat a quand même activement soutenu et continue, la politique d'austérité ultra libérale du gouvernement, et du pied gauche ce qui reste du NPA majoritairement sectarisé.
On en est à un tel point de déréliction politique qu'on est prêt à passer sous silence ces réalités pour quêtr un peu d'unité en escomptant un peu de dynamique dont on ne se demande même plus quel peu de contenu minimal pour ne pas dire minimaliste elle pourrait avoir en dehors du refus (mais quel refus exactement ?) de la politique de Hollande/Valls/Macron.
On comprend bien en effet que dans les désarrois actuels les bonnes volontés se tournent en tout sens pour trouver un portillon de sortie à l'impasse politique dans laquelle les gauches se noient et dont Hollande espère tirer in fine et in extremis profit s'il parvenait avec un peu de "croissance poudre aux yeux" et de baisse du chômage habilement manipulée (entre statistiques aménagées et contrats aidés précaires) à devancer la droite. Le calcul auquel en sont réduit les partis institutionnels étant que le premier arrivé devant l'autre profitera (oui, profitera) du face à face avec l'épouvantail lepéniste.
On en est là.
Pourtant la gauche de la gauche pourrait tenter quelque chose dans la décrédibilisation prononcée dans laquelle les forces partidaires se trouvent encalminée, quelque chose qui nous libèrerait des appétits faméliques d'un appareil PCF en quête hallucinée d'un peu de survie encore, qui nous libèrerait des contorsions d'écologistes prêts à se vendre pour une poignée d'élu/es, d'un mélenchonisme qui après avoir tout essayé dans le registre ronchon patriotard éructeur républicano électoraliste se retrouve à sec d'idées et de moteur, d'un anticapitalisme qui ne digérant pas son échec choisit la voie du repli révolutionariste incantatoire.
Elle pourrait se rassembler sur une courte plateforme de refus d'une austérité calamiteusement antisociale et antiécologique, si l'on veut bien raisonner et être raisonnable, on peut s'entendre sur quelques urgences emblématiques d'une autre politique que TINA. De là elle pourrait lancer des listes dans les régions dont les partis ne seraient que les soutiens (les soutiers, oui) et qui seraient composées pour les premières places éventuellement éligibles de représentants de grévistes en actions, de mouvements des quartiers populaires, de luttes zadistes, d'associations mobilisées sur l'eau, sur les fermetures d'écoles, de postes etc... Ces luttes ne manquent pas, elles prolifèrent même et constituent un vivier de militant/es insérés dans d'autres collectifs que les écuries concurrentes et de plus en plus mal vues de par leur incapacité à s'entendre par de là leurs intérêts propres et leurs postures intéressées.
Un premier test d'un mouvement unitaire appuyé sur les mobilisations et libéré des cartels et exclusives organisationnels pourrait ainsi être réalisé, présenté comme tel, encore une fois avec le soutien des partis (même critique) mais composé par ces personnes issues et insérées dans les luttes, contrôlées si élues aussi bien par leur collectif d'origine que par leurs soutiens politiques.
Oui, nous le pouvons. Chiche !
La question n'est pas anodine, elle renvoie à la "conscience" des partis et professionnels de la personnalité de la gauche de la gauche. Le défi historique qui est devant eux c'est de convenir enfin de leur faillite sans en rechercher sempiternellement et pitoyablement la responsabilité chez les autres ou le PS ou etc... Convenir de leur faillite et mettre leurs forces au soutien exclusif des luttes en promouvant leurs acteurs. Cela implique évidemment de renoncer aux prébendes des mandats divers, aux autoaffirmations dérisoires, aux particularismes et chauvinismes de parti.
Ce défi serait la seule façon de dépasser l'impasse politique actuelle que les antiennes unitaires par exemple d'Ensemble ne font que mettre encore plus en exergue sans y apporter le début d'un commencement de dépassement. Les partis doivent savoir se sacrifier sur l'autel des mobilisations qui, toutes grosso modo, ont une même cible : l'arrêt de l'austérité et la recherche d'une autre politique.