Lettre ouverte à ceux qui ont boudé les Etats généraux
Un certain nombre d’associations LGBT, et non des moindres, ont décidé de s’abstenir de venir aux Etats généraux. Chacun a la liberté de ses choix bien sûr. On peut comprendre que les tiraillements pusillanimes ou politiquement dirigés du microcosme associatif parisien aient pu rebuter. Une lecture attentive de toute la préparation des Etats généraux aurait quand même donné sinon des garanties du moins des perspectives allant dans une tout autre logique. Ce que leur tenue a d’ailleurs confirmé.
Les associations abstentionistes feraient bien de s’interroger et leurs membres d’interpeller les conseils d’administrations qui ont pris, dans les circonstances actuelles une décision d’abstention.
Je dis dans les circonstances actuelles. En effet, nos associations ont dans les décennies passées, plus ou moins bénéficié de l’attention et du soutien des pouvoirs publics. Certains même en ont bien vécu. La subvention est un puissant lien… et l’on a vu des ces animateur/trices associatives LGBT y compris des plus radicaux faire diverses carrières, à la tête de partis, dans les ministères, dans certaines administrations ou media. Cela a eu hélas des conséquences sur le type de revendications qu’on nous a servies comme urgentes au détriment d’autres… Mais passons.
Les circonstances actuelles c’est l’effarante incapacité dans laquelle les associations LGBT de ce pays ont été de riposter au déferlement homophobe qui s’est manifesté durant le vote du mariage pour tous. Nous avons laissé ce mouvement hostile voire haineux se structurer, enfler, mobiliser, polluer le débat politique, éducatif, culturel, jusqu’à aujourd’hui peser dans la plus part des partis politiques et s’infiltrer dans les partis de droites jusqu’à y introduire leurs exigences programmatiques.
Pendant ce temps nos associations empêtrées dans leurs fréquentations (concurrentes) des antichambres ministérielles, administratives et officielles, leurs négociations plus ou moins occultes, nous sussuraient « ayez confiance »… en un gouvernement qui nous a trahi/es en partie et avec lequel nombre d’entre les responsables avaient « parti lié ». Du coup appeler à la mobilisation des LGBT, créer un rapport de force tous azimuth, constituer un front commun pour parler haut et fort ailleurs quand les antichambres, conforter la fierté LGBT mise à mal par la rue… rien de tout cela n’a été accompli, remplacé par un militantisme du communiqué.
On ne peut nier qu’il s’agit d’une faillite absolue même si, évidemment, chaque association en son domaine voire son pré carré, a quand apporté sa pierre à l’action en faveur des LGBT, ce qui est la moindre des choses.
Or cette faillite absolue relève aussi d’un aveuglement qui pourrait devenir tragique. Le retour de la droite dans eux ans à la direction du pays amènerait dans les cercles du pouvoir directement les plus acharnés de nos adversaires avec en ligne de mire certes la remise en caus du mariage pour tous mais surtout la création d’un climat de chasse aux sorcières : tout ce qui a été obtenu pour les LGBT se verra mis en cause, restreint, grignoté, atrophié.
SOSHomophobie grand absente des Etats généraux perdra son habilitation dans l’éducation nationale. Les financements y compris de la lutte contre le SIDA seront dans le viseur et d’autres financements propulsés vers nos ennemis.
Au conseil général de Vaucluse, qui est sans majorité, le FN a déjà demandé que les subventions à AIDES soient supprimées car « ils délivrent des seringues aux drogués ».
Déjà dans deux mois, Marion Maréchal pourrait accéder à la tête de la région Provence Alpes Côte d’azur, avec l’engagement de supprimer toute suventions aux LGBT. Mais aussi, sans aucun doute une pression à supprimer les interventions de SOSH dans les lycées dont bien des financements utiles relèvent de la Région.
Nos états généraux se sont déroulés alors que la barbarie daeshienne d’était abattue sur Paris. Ils furent néanmoins plus une rencontre de retrouvaille, de prise de poul, de convivialité intelligente et chaleureuse. Les prochaisn pourraient être marquée par l’arrivée d’une autre barbarie, celle qui vouera les jeunes LGBT mis à la rue à s’y perdre, les séropos à redevenir des parias, verrouillera l’accès à la PMA, reviendra sur les questions de parentalités, et qui donnera aux fous de dieu divers tout loisir d’imprimer une tour de vis homophobe dans l’éducation nationale et dans la santé mais aussi, prenons-y gare dans l’opinion.
Alors de grâce, rejoignez-nous, l’urgence nous guette.