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Billet de blog 27 février 2017

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MELENCHON PIEGE A...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L'autoproclamation de Mélenchon déjà dite, redite et soulignée, a désormais de lourdes responsabilités dans le désarroi fébrile qui prend ses troupes face au tournant imprévu d’une candidature “à gauche” venant du PS, et aussi dans le débat de dupe absolument faussé à propos du “ candidat inutile” qui devrait en conséquence s’effacer. L’autoproclamation originelle de Mélenchon en dehors de toute démarche collective inclusive et plurielle, de rassemblement à gauche de la gauche, sur la base des "fondamentaux" de la gauche de la gauche et non de ses lubies propres (et clivantes “dans” la gauche de la gauche), invalide depuis le début sa prétention à être le “vrai candidat de la gauche”.

JLM est le candidat de ses seules idées et de son seul projet avec captation indue à son profit personnel du score collectif de la précédente présidentielle. Son programme a été élaboré d’en haut après récollection pour la vitrine, de propositions “remontées” de collectifs privés de tout débat commun et de tout scrutin fondateur. Son dispositif de campagne est verrouillé par la fiction d’insoumission d’opérette que représente FI dans laquelle des militant/es par ailleurs plus qu’honorables acceptent de n’être que de la chair à propagande soumise aux instructions venues d’en haut, et les moteurs d’un futur financement électoral sur lequel ils n’auront aucun mot à dire.

Tout ceci, au passage, invalide aussi les injonctions faites à Hamon de se retirer alors que lui-même peut se prévaloir (et se sentir engagé par elle) d’une consultation collective transparente quoi qu’on pense du PS.

Le grand guignol de l’unité ne fait rêver que les hypnotisés de FI à qui on a fait miroiter Mélenchon au dessus de 20% alors qu’il stagne désespérément depuis des semaines autour de son score précédent. Ce grand guignol sert à cacher les vrais enjeux : savoir qui aura le pompon de la première place, pour Hamon afin de tenter de se saisir du PS au détriment de Valls, et pour Mélenchon pour lancer son parti derrière sa personne en espérant tuer définitivement le PCF maintenant que l’extrême gauche est à terre désertée par nombre de ses anciens dirigeants pris dans les mirages u(r)nitaires de la révolution par les urnes, et/ou désarmés par les occasions ratées.

Il y a des chances que ni l’un ni l’autre n’y parviennent.

Et devant nos critiques, que les JLMistes cessent de nous dire “faisons l’unité avant qu’il ne soit trop tard” avec des mines de premiers communiants ! Leur candidat a tout fait depuis le début pour qu’il ne puisse “jamais être temps” ! L’injonction de se retirer adressée à Hamon à la mode lambertiste ne trompe personne, elle donne simplement l’espoir à ceux qui la pratiquent sur les réseaux sociaux et dans les médias, de grignoter quelques 0,quelque chose %, et les conforte dans leur satisfaction amère et sectaire que JLM est blanc de neige et que le méchant est de l’autre côté.

Parmi les premiers résultats calamiteux de cette démarche d’autoproclamation mélenchonienne, c’est tout d’abord ce sectarisme apolitique insufflé sans vergogne à FI qui sévit, à la stupéfaction de quiconque y présupposait un mouvement d’essence unitaire, mais aussi l’arrogance sèche de sa garde rapprochée quasi dogmatique dans ses déclarations publiques. Ce sectarisme nous rappelle de tristes heures que nous croyions disparues, de stalinisme triomphant qui régnait y compris à coups de baffes sur les mobilisations de la gauche, et d’une extrême gauche avec ou sans livre rouge éructant l’exclusion et l’imprécation envers ses plus proches partenaires. Et ce sectarisme a sa logorrhée apprise de quelques socio-politologues mainstream à qui la lutte des classes et ses conflits calleux répugnent.

Ainsi, autre calamiteux résultat, entend-on des camarades naguère inspirés par le marxisme révolutionnaire ou à tout le moins l’esprit de classe, l’appartenance au mouvement ouvrier, gloser désormais de moins en moins timidement sur "le peuple", "la caste", "la patrie" qu’il ne faudrait donc pas « laisser à l’extrême droite »... et plus triste encore quand on les entend manier une laïcité aux accents douteux tout en pinçant le nez devant « la libre circulation » en écho grinçant au « la France ne peut accueillir toute la misère du monde » (à l’heure où le Liban accueille en réfugiés l’équivalent d’un tiers de sa population !). Je passe sur les justifications alambiquées desorties genre celle sur les travailleurs détachés quand ce n'est pas le faux foulard de Mme Le Pen.

Il est important dès maintenant, de tirer sans concession les leçons de l'aventurisme mélenchonien qui nous met dans une situation impossible. Et de l'absence de soutien critique, public, organisé de gauche à sa candidature imposée. Car c’est cela qui aurait fait la différence au lieu de la tétanisation de la gauche de la gauche devant l’OPA de Mélenchon et de son équipe, du silence devant des méthodes d’organisation politique non seulement archaïques mais incompatibles avec les valeurs du mouvement ouvrier et des révoltes actuelles, silence devant la prétention sectaire à incarner à soi seul la gauche nouvelle, et enfin devant les dérives idéologiques diverses dont certaines relevées plus haut.

Cette absence de gauche de soutien résolument critique et indépendante de l’OPA JLM2017, nous désarme pour les lendemains compliqués voire dramatiques du « jour d’après », cette carence fait que je ne voterai pas Mélenchon et que je n’invite pas à voter pour lui.

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