Ils/elles sortent du bois, ça y est.
Ce sont des croisés de l'homophobie, des talibans de l'hétérosexisme. Ils sont nourris de catholicisme, bénis par les hiérarchies, financés par les sociétés discrètes (plus ou moins) que secrète l'église catholique romaine depuis quelques décennies. Ils obtiennent le renfort d'autres coteries religieuses. Ce sont des manifestants en loden et chapelets, ils viennent des bons et beaux quartiers, ils se diraient facilement classe moyenne, ils sont surtout de droite, très, tradi jusqu'à la nausée, réacs viscéralement.
Et c'est ce "viscéralement" qu'il faut interroger.
Si leur discours jusqu'ici rôdé et parfois alimenté par telle blablateuse philosopharde dite de gauche, avait l'articulation, la syntaxe, la phraséologie, la forme d'une rationalité, hé bien leur vérité, leur aliment, leur moteur, leur venin c'est la phobie, l'ancestrale phobie qui ne se discute pas. "Taisez-vous !" rêvent-ils de nous dire tout en en imputant l'intention à Hollande (Guéant dans un discours bêlant de ridicule).
Qui ne se discute pas donc, ce qui est le propre de leur radotage phobique : "on est comme ça, y'en a point chez nous, on a rien contre mais qu'ils fassent ça entre eux, en toute discrétion, loin du regard de nos Zenfants".
Et ils invoquent, il faut bien une rationalisation,
- l'éducation... "chez nous pas de ça, n'est-ce pas". Celle qui ferme les yeux et les écoutilles du réalisme quand un suicide d'ado intervient dans le cercle de famille atterré. Celle qui, si elle est bien faite, et s'il ne se présente pas de suborneur bien sûr, prévient la séduction de ce mal de l'âme (citation du doux pape François), qui est toujours celui "des autres", et pour finir marie en hâte faute d'être assurée d'amender...
- la culture... chrétienne qui ne veut pas sombrer dans la décadence comme (selon leur fantasme) ça aurait été le cas de la Grèce antique (cf ce député du Nord de la France), ironique à l'heure où les Borgia font les beaux jours de soap-opera à succès et où un vieux prélat usé de rigorisme et d'angoisse métaphysique, fait retraite devant l'ampleur des divers scandales dont son institution est aujourd'hui percluse...
- la religion... et le dessein divin concocté par des Dieux non seulement pour leurs ouailles (dont après tout c'est bien leur droit de se fustiger, frustrer, retenir et repentir à gogo) mais pour tous... sommés de s'y plier, nolens volens, athées et mécréants, le goupillon en appelant à la loi et, parfois dans un récent passé, aux coups d'états et leurs militaires sanguinaires absous par les prélats contre le péril athée et marxiste...
- la morale... qui est la coagulation de ce que les mœurs (dont "moral" est l'adjectif) ont accouché à travers des siècles de domination, répression, obligations, assignations, exploitations, excommunication, inquisition, torture, exécutions sommaires ou sophistiquées. Morale assassine dont les spectres pervers hantent l'adolescence des plus tendres...
- la nature... qui comme chacun sait a conçu le tenon pour la mortaise, la bosse pour le creux, le mâle pour la femelle, le (vain et vil) plaisir pour la (sainte et universelle) reproduction celle-ci venant absoudre de celui-là, comme si l'on ne faisait l'amour que pour concevoir...
- la construction identitaire... dont bien évidemment selon eux l'élément de base, le ciment, le pneuma ou le sang serait la stricte dualité homme femme avec en conséquence non pas la conquête universelle de "l'égalité" entre citoyen/nes mais le culte de la "complémentarité" entre les unes et les autres (la complémentarité pour les unes surtout) laquelle permet et encourage toutes les variations de "soumissions féminines" imaginables par la fertile inventivité des oppressions sexistes...
- la psychologie... triste avatar essentialisée en science alors qu'elle est avant tout une clinique, fécond et hasardeux dialogue entre personnes, qui ne devrait vivre que d'incertitudes, de changements et d'adaptations au sujet, s'est vue fourvoyer par des mandarins de pacotille (mais monnayant pesamment leurs mirages) qui ajoutent leur onction scientiste (en plus des philosophes de kiosque de gare) à la loi divine, naturelle, culturelle, morale, historique (ha j'avais omis l'histoire, "notre" histoire celle des racines religieuses par exemple)...
Viscéral donc avec l'écran de fumée de justifications diverses, variées mais qui toutes en reviennent au même : TAISEZ-VOUS ! Comme naguère on (le sexisme institutionnel) débattait se savoir si les femmes avaient une âme... sans elles ! Comme naguère le colonialisme disputait de savoir si les indiens en avaient une... sans eux évidemment. Les talibans de l'homophobie, les croisés de l'hétérosexisme mettent, en embrigadant d'ailleurs leurs enfants dans le grossissement des cortèges, toute l'âpreté de leur détestation sectaire à tenter de décider encore et encore du droit des LGBT... sans elles, sans eux... contre elles et eux.
Car, qu'on s'en assure, les homosexuel/les ont des enfants, font des enfants, en feront, ils créent des foyers, ces lieux de vies (plutôt que "famille" institution sclérosée où rôdent les hiérarchies) où l'inventivité humaines tricote et tricote... des parentalités diverses, des filiations complexes, des affections et des tendresses...
Jusque là ces Talibans et ces Croisés ont pu faire croire, hélas, à une forme de rationalité bêlante, pacifiste, aimante même (envers les homosexuel/les), les masques angéliques sont en train de tomber. Ce ne sont plus quelques voix discordantes, mais tout un pan fascistoïde, phobique et hargneux qui révèle la cruelle vérité du tout.
Les intégrismes de tout bord sévissent dans la crise mondiale où la démence capitaliste nous entraîne, ils sont du ventre hideux et fécond qui produit le pire dans l'Histoire.
Puissions-nous les arrêter : ils se sont mis en marche.