En aucun cas je ne voudrais provoquer à la présidente du parti démocrate chrétien, plus de ces "souffrances" dont elle se goberge avec la délectation de celle qui se cherche une sainteté dans le confortable martyre d'une opposition "jusqu'au bout" grassement financée par ailleurs. (En plus de l'argent de l'UMP, il faudrait aller fouiller du côté des communautés charismatiques et de cet organisme étatsunien dont médiapart a fait mention).
Mais il faut bien constater l'évolution assez spectaculaire de son positionnement sur le dit mariage gay.
Elle se défendait depuis toujours de toute homophobie et c'est, bien sûr, tout à l'honneur de sa sincérité chrétienne qu'en aucun cas je ne voudrais mettre en doute (les faits et ses propos s'en chargent), en affirmant son amour pour les "frères et sœurs" LGBT qu'elle respectait beaucoup et dont elle comprenait les (inévitables) "souffrances". Elle le réitérait à chaque occasion avec un sourire compassionnel aux lèvres (fraternel le sourire si on l'en croit) qui voilait son regard carnassier façon Torquemada qu'on lui avait connu dès la campagne anti-pacs.
Il y a de la bouffeuse de pédés (les gouines n'existent sans doute pas) dans ce regard.
Au passage signalons comme "les souffrances" sont à la mode. Et si l'on parlait des colères plutôt ? Celles de chômeurs, des clandestins, des déplaces, des discriminés et en l'occurrence des LGBT. Mais non, on préfère la souffrance à la colère. la souffrance fait d'eux des sortes de patients sur lesquels se pencher (on se penche sur les souffrances n'est-ce pas), tandis que reconnaître les colères (ce qui leur reconnaîtrait leur dignité) serait leur conférer une humanité pleine et entière qu'on leur dénie.
Bref, Mme B convenait volontiers des "souffrances" des LGBT.
Elle ne convient de plus rien du tout maintenant.
Elle a commencé dans l'ignominieux en plaisantant par un tweet retiré très vite, sur les suicides ceux (hélas bien réels) des jeunes LGBT en mettant en exergue ceux... des jeunes hétéros. Comme si les jeunes hétéros qui, hélas, se suicident ou tentent de le faire le faisaient en raison de leur hétérosexualité et de ce qu'elle aurait à subir... Qu'est-ce qui l'emporte là de l'agitation cynique qui perd toute mesure, de l'odieux, de la sottise bigote ?
Maintenant elle trouve qu'on est envahi par les gay, mais oui, une invasion d'un quatrième type sans doute. Invasion ! Tout ça à cause de quelques films et d'une palme à Cannes. Et sans doute se voit-elle en Charlotte Martel opposant son corps si fragile aux lacrymogènes, à ces hordes, car derrière invasion il y a horde et derrière toutes les horreurs qui subliminalement s'ensuivent. A peine subliminalement d'ailleurs, il n'était que d'entendre une bigote "pour tous" déclarant que la loi ouvrait la porte à la pédophilie, les homosexuels (sans doute ipso facto pédophiles) allant se faire faire les enfants qu'ils se lasseraient d'aller tripoter en Thaïlande. A vomir.
Je ne dis pas que ces propos sont de la présidente démocrate chrétienne, mais je dis par contre sans hésiter que ses actes et propos ouvrent les vannes à ce genre de délires.
Il y a donc trop de gays désormais, telle est la conclusion logique. Il faudrait un numerus clausus de gaytude pour que Mme Boutin dorme en paix. Mais il y en a trop comme par ailleurs il y a trop d'Arabes ? trop d'étrangers ? trop de Musulmans ? Du numérus clausus à plus du tout, il est d'autres temps terribles qui ont voulu trouver la solution finale à ces "trop". Qu'elle se méfie, et nous avec.
Tout cela sent extrêmement mauvais.
Mais ce n'est pas tout : il y a quelques mois elle déclarait que "républicaine" elle appliquerait la loi si elle était maire, le jour où celle-ci viendrait par malheur à être votée.
Elle n'est désormais plus républicaine. Sans doute avait-elle mal lu la loi. Aujourd'hui elle appelle volontiers à ne pas l'appliquer, elle l'estime illégitime, hallucinée de colère et de rancœur jusqu'où ira-t-elle ? Et la voici affirmant maintenant en pleine république, parce qu'elle croit le rapport de force changé, qu'il y a des lois supérieures à celle-ci. CQFD, il est des démocrates qui ne le sont qu'en démocratie et dont, dès qu'il le peut, le naturel obscurantiste et autoritaire revient au galop. J'ose dire tranquillement que la Boutin est de cette eau là.
Autrement "Gott mit uns", Dieu est à nos côtés... Et l'esprit totalitaire et dictatorial des religions lorsqu'elles ont libre cours, revient en froce. la bête immonde des inquisitions et des bûchers pointe son mufle. Et les Lumières n'ont qu'à bien se tenir elles qui avaient voulu par la loi pour tous, contenir désormais "le fanatisme et la tyrannie".
Il y a un vrai danger dans ce surgissement odieux d'une génération réac cornaquée par de vieilles bigotes aigries et, en sous main, de doucereux prélats qu'on n'entend d'ailleurs plus guère une fois leur saint brasier bien enflammé.
Ils étaient démocrates il y a six mois. On les verrait bien Pinochetistes dans six autres si la situation leur en laissait l'espace.
Et pendant ce temps la gauche gouvernementale mène une politique économique et sociale qui divise, appauvrit, précarise... et pour tout dire démobilise aussi !
Ce n'est pas d'une sixième république maintenant dont nous avons besoin, mais d'un tous ensemble dans la rue et les lieux de travail.
(ce qui suit ajouté après réaction de Stéphane Borras)
" Et que dans la poussée de ce tous ensemble se réunissent les forces politiques de gauche décidées à rompre avec la politique du PS pour imposer un gouvernement de services publics, de droits sociaux, de démocratie appuyée sur la population."
Maintenant.
J'en garde l'espoir !