Non, le NPA n’est pas dans un cours sectaire et isolationiste. Oui, il y a des forces en son sein (doctrinaires) qui l’en menacent, depuis toujours, comme à l’inverse il y a des forces qui le tirent vers la dissolution dans une gauche de la gauche investie à quasiment tous les niveaux dans la gestion libérale avec le PS. Et quand on voit ce dont les PS libéralisés sont capables en Grèce, en Espagne, et qu’en France le « nôtre » se disposait à nous proposer comme candidat le propre directeur du FMI (!!), après vingt ans d’altermondialisme et un référendum rejeté, il y a de quoi se dire que cette question est quand même sine qua non dans un accord unitaire et ne souffre pas d’ambiguïtés prétendument pédagogiques.
Car c’est de cela qu’il s’agit et non, trop facile, Velveth, d’isolationisme ni de sectarisme : oui ou non le front de gauche a-t-il la lucidité aigue de ce qui se révèle crûment aujourd’hui quant aux PS ? Oui ou non ses composantes en tireront-elles enfin les conséquences urgentes ? Les réponses ont été clairement non de la part du PCF incrusté dans toutes les institutions qu’il cogère avec le PS (et dans mon département avec des strausskahniens pur jus). Le PG se meut dans plus d’ambiguïtés, mais impose (il y a un an) son candidat (professionnel de la profession et cacique du PS) avant même toute discussion unitaire, en contrepartie (ne nous racontons pas d’histoires) de répartition de circonscriptions qui, donc, se négocient, au moins via le PCF, avec le PS. Qui imagine que ce serait sans contrepartie ?
Dans ces conditions la mystique de discussions unitaires menées avec des partenaires pour qui tout est joué depuis longtemps et au moins un an, est une obstination qui se retourne contre nous : à force de dire on veut discuter, on fait accroire que la discussion peut aboutir alors que les mêmes qui la prônent écrivent en interne qu’elle n’aboutira pas. Nous avons fait de la fiction avec le prétexte de la « pédagogie » envers les militants du FDG qui n’en demandent pas tant mais que nous canions sur cette question cardinale des accords avec le PS. Au mieux nous nous ridiculisons, au pire nous finissons puisque ça n’aboutit pas, par passer pour responsables de la rupture. Il fallait que cela cesse. Dommage que les "unitaires" n'aient pas eu cette lucidité. Du coup ce sont les doctrinaires qui viennent en renfort. A chaque jour suffit sa peine.
Quant au « repli » et au NPA. Il y a, cher Velveth, une omission de taille dans ton désespoir outré. La démarche de fondation du NPA a été en rupture avec une autre : celle qui situait la construction d’une force de changement social et politique dans les débats au sein des diverses composantes de la « gauche de la gauche ». Le NPA a été fondé sur l’abandon de cette option « stratégique » (maintenue par la gauche unitaire) au profit d’une autre : s’adresser directement aux jeunes, aux sans, aux militants syndicalistes, associatif et politiques en recherche d’une radicalité anticapitaliste, sortir de la frilosité du "tout unitaires", qui nous enfermait et, hélas nous a à nouveau enfermé dans le microcosme figé de la dite gauche de la gauche, incapable de se dégager de l’emprise récurrente du PS et d'envisager un autre horizon que les solutions institutionnelles. En revenir à cette gauche de la gauche velléitaire satellisée par le social libéralisme, sous prétexte que le NPA a pris de rudes coups, là serait le repli, Velveth.
Non, le NPA ne se replie pas, il a plié sous la pression interne qui l’a avec la succession d’échéances électorales, à nouveau poussé vers les mirages unitaires, copieusement aidée en cela par l’opération Mélenchon qui n’a visé rien moins qu’à enrayer la constitution d’une gauche anticapitaliste, dissidente dans les institutions et indépendante du PS. Nous avons plié, il est temps de reprendre le large : avec l’initiative unitaire dans les multiples luttes sociales actuelles et celles qui nous attendent (le FdG sera-t-il disposé à un front pour combattre la politique du PS si celui-ci l’emporte ?), l’indépendance anticapitaliste intransigeante au plan politique et institutionnel (une candidatre anticapitaliste). Notre voie est celle des indignés et des révoltés arabes, pas celle de coalitions électorales fondées sur le poker menteur de négociations sans fin.
Et cette voie que nous redégagerons, tu y seras le jour venu, et bien d'autres que nous indisposons.
Et bienvenus.