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Billet de blog 30 octobre 2014

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La société que nous voulons

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je suis toujours assez surpris par la pauvreté ou le flou des explications données par la gauche révolutionnaire sur la société future débarrassée de la dictature des capitalistes que nous voudrions, ça oscille entre le pouvoir des soviets à qui nul n'est capable de donner une architecture un peu crédible et surtout une représentationaccessible, et le pouvoir du parti révolutionnaire qui s'empare de l'appareil d'état ce qui me donne des frissons dans le dos et la conviction que dès fini le grand soir il faut à la première heure du petit matin d'après créer une association de défense des droits de l'homme et du citoyen.

Bref, on parle pouvoir aux travailleurs, ce qui est sympa mais comment ? On revoit surgir les parlements, les partis (on est démocrates on en voit plusieurs). On parle socialisation, mais c'est quoi socialisation, une façon pudique de ne plus dire étatisation ? On laisse entendre que subsisteraient des capitalistes mais qu'ils n'auraient plus tout le pouvoir, alors quels pouvoirs auraient-ils ? à quoi seraient-ils utiles ?. On évoque la démocratie jusque dans l'entreprise qui signifierait donc que les travailleurs y auraient autant de droits ? plus ? les quels ? par rapport à ceux du propriétaire ? Quelle serait la juste rémunération du capital ? Qui la fixerait ? Les capitaux pourraient-ils fuir ? Non ? Comment ? etc

Bref tout ça m'apparaît pauvre, flou, assez incompréhensible.

Pour ma part je ne vois pas pourquoi subsisteraient des capitalistes ni à quoi ils serviraient. Ni des entreprises "privées" au sens où elles appartiendraient à des actionnaires non productifs. Si on dit que ce sont les travailleurs qui font la richesse alors qu'ils soient leurs propres maîtres jusqu'au bout. Il y a quelque chose qui se nomme les coopératives qui sont des espaces de production de biens et de services dont les travailleurs sont les coopérateurs, propriétaires en quelque sorte et dont le capital est géré par eux.

Bref ce que je vois.

Tout d'abord société de services publics autrement dit d'entreprises apportant les services de base que tout collectif humain sensé et solidaire devrait assurer à chacun : santé, éducation, logement dont l'énergie, sécurité/justice, retraite, accès garanti aux produits alimentaires de base, transports de proximité, système bancaire central et pour les particuliers etc... tous soumis à gratuité, financés par l'impôt. L'impôt c'est bien quand on voit à quoi il sert exactement.

Ensuite une société d'initiative coopérative : il n'y a raisonnablement quasiment aucune activité productive qui ne fasse appel à plusieurs travailleurs. Il n'y a aucune raison valable que ces entreprises ne soient pas obligatoirement des coopératives composées de tous celles et ceux qui y travaillent. Il n'y a donc plus place pour des entreprises individuelles telles que nous les connaissons desquelles on part pour construire un empire.

Ces entreprises crééraient des produits et services, les feraient connaître et les proposeraient sur le marché, paieraient des charges sociales, des impôts et capitaliseraient une partie de leurs bénéfices de façon à s'assurer des réserves et à innover, les réserves constitueraient des établissements bancaires coopératifs (entre entreprises) qui aideraient au développement économique et opèreraient une forme de péréquations entre coopératives.

Ce système n'a rien ni d'utopique ni de complese, il peut prendre forme dès une crise sociale et politique d'ampleur par tout simplement la prise en main des entreprises par leurs salariées pas simplement l'ouverture des livres de compte mais leur captation, et leur remise en marche non seulement sous contrôle ouvrier comme on dit, mais sous direction ouvrière tout simplement par dépossession immédiate des capitalistes : autrement dit un affrontement avec l'appareil économique capitaliste, sa destruction et sa reprise en main par les travailleurs.

Ce me semble être aussi important et décisif que la sacro sainte "prise du pouvoir" dont cette prise de possession doit être le corrolaire concommittent et non un sous produit à venir, une annexe ou une conséquence, il me semble plutôt que la conséquence de cette prise de possession des entreprise par les salariés serait la prise du pouvoir réelle et complète. Ce qui ne diminue en rien l'indispensable et concommitente prise du pouvoir par affrontement avec l'appareil d'état mais la complète et surtout la conforte.

Il y a une sorte de politisme à relent dirigiste et étatique, très révolutionariste avant gardiste, à se concentrer sur la seule question de l'Etat sans en même temps développer au même niveau stratégique celle de la question de l'appropriation immédiate par les travailleurs de l'appareil économique.

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