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Billet de blog 18 novembre 2023

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Le Canard Enchainé tire aussi sur La Palestine

Hebdomadaire aujourd'hui voué à la défense de toutes formes d'Atlantisme, donc du colonialisme Israélien, le Canard Enchainé, sans une larme d'oiseau pour les suppliciés de Gaza, flingue chaque semaine le mouvement de révolte Palestinien.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Hervé Martin est un salarié du Canard Enchainé, où il est fort utile puisque capable de défendre la pensée inique. Et il conforte cette qualité, dans l’hebdomadaire daté du 8 novembre, en suivant une philosophie inverse à celle qui doit présider au journalisme : Martin est un as pour affliger les faibles et réconforter les puissants. Ainsi, visés à mort chaque seconde, les Palestiniens sont également une cible pour le Canard Enchainé.

 Mais revenons aux écrits chaotiques d’Hervé Martin. Ce dernier observe que l’Union Européenne accorde des aides à ces naufragés de l’histoire vivant boucherie à Gaza ou en Cisjordanie. Et le généreux journaliste se fait une idée noire : « et si ces euros étaient utilisés pour financer le terrorisme ? ». En Irak, après la destruction du pays -sur un mensonge- par les forces du bien, l’embargo a fait mourir 400 000 enfants. Et instauré des « sanctions » allant jusqu’à interdire l’importation de crayon à papier, la mine en graphite pouvant servir à faire une bombe atomique. Dans cette idée, Martin et le Canard peuvent se dire « faisons de même avec ces palestiniens, assez sataniques pour forger la ferraille des pièces d’euros en terribles missiles ». Mettons-les au pain sec.

Analysons la prose écrite avec le sang des autres, de ce Martin l’enchanté, le choix de ses mots. Il s’étouffe que les familles des 1500 « terroristes » du Hamas -tués lors de l’attaque du 7 octobre-, allaient (peut être bien car Martin n’en sait rien), toucher une indemnité. Et qu’il se pourrait (Martin n’en sait toujours pas plus) que des euros soient utilisés pour compenser le prix de la mort… Pour corseter son histoire, le collaborateur du Canard convoque un témoin en acier : Eric Ciotti. Voilà l’homme qui n’a qu’une place, celle du juste, de l’inflexible. Incapable de mensonges ou de jonglerie avec des fonds publics, et qui a donc, dans le dortoir du Sénat, pondu une résolution pour attirer la vigilance de l’Etat sur ces voleurs de Palestine. Des fois que, là-bas, un mal élevé paierait l’Ehpad de sa belle mère avec ces sous-là ! Car Martin est un vétilleux, lui qui a appris l’humanisme en récitant le Petit Livre Rouge. Précis donc, ce « mao » passé au Rotary nous indique qu’un prisonnier touche « 400 dollars par mois » pour moins de trois ans de prison et jusqu’à « 3 500 » pour « trente ans et plus ». Une fortune que d’aller en taule, d’y être torturé, humilié. Sans compter que notre comptable ne nous dit rien des conditions des « jugements » ayant abouti à ces peines, rien non plus des 1500 prisonniers « administratifs », incarcérés par l’arbitraire de la théocratie israélienne. Alors Hervé ? Ceux-là ils tapent à combien ? Pas un mot sur l’administration de la « justice » coloniale. Qui, si elle en a envie, transfère les accusés sur le territoire même d’Israël pour les « juger », ce qui est illégal. Mais Martin se moque du tordu, lui n’aime que le droit. Et les euros d’Ursula. A propos de l’allocation versée à ces victimes de la colonisation, Martin utilise le mot approprié de « pactole ». Un moment j’ai cru qu’Hervé nous parlait du trésor bancaire de son journal. Non, les Palestiniens ne sont pas sous les bombes, mais sous un « pactole. Pour faire vrai, nous montrer que l’investigateur a fait une bonne enquête et pas seulement sonné à la porte du CRIF, l’humaniste du Canard nous cite un « think tank », le « Jérusalem Center for Public Affairs », moulin à vent tout à fait crédible puisque métastase du gouvernement néo fasciste israélien. Voilà donc un bien bel article. Hélas, Martin, l’homme qui rit dans les cimetières, a déposé ses états d’âme devant la Commission Européenne et aussi devant le Quai d’Orsay. Mais ses questions sont restées lettres mortes. Si je puis dire. Le Canard, Martin et Ciotti sont donc les seuls à croire à ce « scandale ». A trois on peut faire une belote. Dernière crapulerie et insulte au journalisme, le titre de l’article qui fait bazar, et qui n’est peut être pas de notre dénonciateur, trompette : « Cette aide européenne qui fiance le Hamas ». Affirmation sans le moindre preuve dont le nouveau Canard atlantiste se tamponne.

Quelques conseils pour le prochain article de Martin. Mon garçon il te faut transposer tout cela à Guantanamo là où, en plus, ces salauds de prisonniers jouissent d’une météo tropicale avec des airs de musique afro-cubaine flottant dans l’air. Peut être ont-ils une alloc ? Un détail, les journalistes de la BBC qui, il est vrai, n’ont pas le label Martin, se refusent à parler de « terrorisme » à propos du Hamas. « Crimes de guerre » c’est sûr, « terrorisme » non puisque, pour un palestinien la violence est autorisée par l’ONU. C’est un moyen légal que de reconquérir sa terre par les armes. D’ailleurs dans le mot terrorisme, il y a « terre »… Finalement mon confrère Hervé ne m’a pas écouté, au lieu d’aller cherche des tiques dans le dos de Biden, la semaine du 15 novembre il poursuit sa croisade, la défense du misérable état d’Israël écrasé sous les bombes et missiles du Hamas. Cette fois ce petit rapporteur nous balance nos confrères de l’AFP qui ne diraient pas assez de mal des Palestiniens. Et l’indicateur de citer « un texte collectif du service francophone » qui proteste contre toutes ces bonnes paroles adressées au Hamas. L’AFP n’est plus l’AFP mais l’Agence France Palestine, vieille insulte que l’on croyait usée. Mais, comme sur tout les bons coups, cette semaine les défenseurs du vrai s’y mettent à deux. Jean-Michel Thénard (qui nous dit-on vise le titre de directeur) canarde lui l’horrible Hezbollah qui fait son blé au Brésil dixit le Canard et le MOSSAD, ainsi qu’un certain « professeur Jorge Lasmar » qui enseigne à l’Institut Pontifical où la vérité est forcément divine. Et le noircisseur du Canard somme Lula, terroriste bien connu, d’arrêter le trafic. Mais le ministre répond à Thénard et au Mossad : « Aucune force étrangère ne donne d’ordres à la police du Brésil ». Vivement que Macron prenne ce grand pays en main.

Ultime question. Pourquoi le Canard est-il si furieusement « sioniste » (pardon Darmanin pour mon antisémitisme) ? Faut-il chercher l’explication de cette invariable doctrine dans le passé du journal ? Quand, entre 1940 et 1944, l’hebdomadaire étant fermé, de trop nombreux journalistes se sont soudain sentis à l’aise dans des titres de la presse collaborationniste ? Pour quelques uns 1944 a été une année difficile, se rétablir du « Maréchal » à Maréchal (1) exigeait une bonne pratique de l’équilibre et de solides fidélités maçonniques. Et, 78 années plus tard, la frayeur de ce moment là, celui d’un choix honteux, a peut-être figé « l’hebdomadaire paraissant le mercredi » dans une défense aveugle d’Israël.

(1) Maurice Maréchal, co-fondateur du Canard Enchainé.

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