Il y a des noms à jamais indicibles
Maïdenek, le 3 novembre 1943 les SS exterminent à la mitrailleuse 18 000 personnes sur une musique joyeuse, ce moment est pour eux la « fête des moissons ».
Il y a des noms dont chaque lettre écorche la bouche
Belzek, 555 000 personnes y sont tuées
Il y a des noms chargés de sang
Treblinka assassine 750 000 victimes
Il y a des noms où la mort est le destin de chacun
Sobibor, 200 000 juifs tués
Il y a des noms que le genre humain ne peut oublier
Chelmno, 150 000 juifs et tziganes suppliciés
En ces lieux maudits, le mal, le meurtre, l’assassinat étaient la règle commune, le destin commun.
Résistants et patriotes se sont levés contre les barbares
Résistants et patriotes sont restés debout jusqu’à la mort pour ne pas se laisser avilir, pour ne pas perdre la face humaine.
Il ne leur restait alors plus que la prière afin de ne pas lâcher prise.
Cet enfer, cette foire à l’homme sont nés dans un endroit de paix où l’âme se laisse porter et bercer par la beauté naturelle des lieux, à la villa Marlier, à Wannsee.
En deux heures, le 20 janvier 1942, sous la conduite de Reinhard Heydrich, les SS scellent le sort des juifs et les envoient à la mort.
« Quand vous vous êtes en allés
Au-devant de la vie sordide
Les wagons fuyaient le ciel vide
Le malheur ouvrait le chemin
Dans l’herbe arrachée des talus
Naissait une rosée de sang. »
Louis Parrot
« Le ciel est au-dessus du camp
Plein de nuages
Des corbeaux volent lourdement
Près des carnages. »
Charlotte Serre
« Mon Dieu, je voudrais vous dire un mot et pardonnez-moi s’il est dur car c’était dur ... C’était des femmes. Des soldats sont venus les chercher, les ont emmenées en troupeau à la gare, les ont poussées dans les wagons. Elles sont arrivées à Ravensbrück. Les mortes ont été brûlées, les vivantes ont été battues. »
Micheline Maurel
« Gris est le ciel et le cœur affligé
depuis que dans les baraques nous sommes châtiés
et pourtant si le barbelé ne retient plus la souffrance,
laisse-nous te dire l’espérance. »
Jacob Schmitt
« J’entends la faim,
j’entends la soif,
j’entends la haine,
je vois le nu des chairs
sous un horizon de balafres. »
Seghers
« Les corps en cendres sont réduits au crématoire,
jetés en des sillons maudits,
vaine est la gloire
que trouver au bout de chemin une rafale
qu’espérer pour son lendemain un dernier râle. »
Charlotte Serre
Tous les matins du monde sont sans retour
Et pourtant, toi l’enfant juif aux bras levés du ghetto de Varsovie
Et pourtant toi le pendu d’Auschwitz au son de l’orchestre,
Et pourtant toi la femme décharnée de Ravensbrück
qui garde l’espoir de l’humanité chevillé au cœur
Et pourtant toi la tzigane stérilisée
Et pourtant toi la mère fusillée du block 11
qui étreint son enfant dans la mort,
Et pourtant toi l’enfant innocent d’Izieu déporté
Oui, toi, tu vis, je le sais
Tu vis en moi
Oui, toi, tu hantes à jamais l’âme du genre humain
Oui, toi par-delà la mort, tu incarnes le refus de la honte
Oui, toi au-delà de l’horreur, tu as toujours gardé au fond de toi
une plainte tenace, l’espoir.
Tous les matins du monde sont sans retour
Mais la haine est de retour tapie dans l’ombre de la cité
Le crime veille toujours, prêt à frapper
Le fanatisme islamique arme le terroriste
pour tuer lâchement le mécréant, le chrétien ou le juif.
« C’est l’été qui s’en va
sur le sang et la Seine
C’est le cœur qui ne bat
Qu’au-delà de sa peine
C’est l’attente et les loups
Qui se vêtent de crimes
Et ce chant votre cri
Mes frères morts pour nous. »
Seghers, Carré blanc
Frères immolés dans le plus terrible des camps,
Frères immolés, ton sacrifice nous oblige
C’est en ton nom que je me lève contre les nouveaux barbares
C’est en ton nom que l’humanité garde le bien le plus précieux qui soit,
l’âme de la fraternité, pour qu’à chaque printemps
les lilas puissent refleurir dans la beauté du soleil.
Honneur à tous les martyrs des camps !
Vive la République !
Vive la France !