Sur le mont Sinaï, Dieu s'adresse à Moïse. Le peuple juif, à l'époque, est fragile, menacé de ne plus exister à cause des guerres avec les peuplades alentour. Il lui faut bien le soutien de Dieu pour envisager la suite avec sérénité. Un Dieu unique, belliqueux, militaire, impitoyable, menant le combat sans merci, capable d'exterminer les ennemis sans état d'âme, galvanisant ses troupes, voilà Yahvé dont le modèle relève - comme Mahomet - du chef de guerre tribal obtenant du galon cosmique.

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Destruction de Jerico
Dieu promet à son peuple - élu, choisi, prélevé parmi tous les autres, extrait du vulgaire, son “bien particulier” (Ex. XIX, 5) - un pays en “propriété perpétuelle” (Gen. XVII, 8). Ce pays est habité par des gens modestes ? Un peuple y cultive des champs ? La terre nourrit des vieillards et des enfants ? Des hommes d'âge mur entretiennent des troupeaux de bêtes ? Des femmes y mettent au monde des nourrissons ? On y éduque des adolescents ? On y prie des dieux ? Peu importe ces Cananéens, Dieu a décidé de leur extermination: “je les exterminerai”, dit-il (Ex. XXIII, 23).
Pour conquérir la Palestine, Dieu utilise les grands moyens. En termes polémologiques contemporains, disons qu’il invente la guerre totale. […]
Yahvé bénit la guerre et ceux qui la font ; il sanctifie le combat, le mène, le conduit, pas en personne, certes - un ectoplasme a des difficultés à tenir une épée - mais en inspirant son peuple ; il justifie les crimes, les meurtres, les assassinats, légitime la destruction des innocents - tuer les bêtes comme des hommes et les hommes comme des bêtes ! Humain tant qu’il ne s’agit pas de Cananéens, il peut proposer l’évitement du combat et offrir à la place l’esclavage, signe de bonté et d'amour. Aux Palestiniens, il promet la destruction totale - la guerre sainte selon l’expression terrifiante et hypermoderne du livre de Josué (VI, 21).
Depuis deux mille cinq cents ans, aucun responsable issu du peuple élu n’a décidé que ces pages relèvent de la fable, de balivernes et de fictions préhistoriques dangereuses au plus haut point, car criminelles. Bien au contraire. Il existe sur la totalité de la planète un nombre considérable de gens qui vivent, pensent, agissent, conçoivent le monde à partir de ces textes qui invitent à la boucherie généralisée sans jamais avoir été interdits de publication pour appel au meurtre, racisme et autres invitations aux voies de fait. Dans les yeshivas, on travaille à la mémoire de ces passages auxquels on ne change pas une virgule, pas plus qu'on ne touche à un seul cheveu de Yahvé. La Torah propose la première version occidentale des nombreux arts de la guerre publiés au fil des siècles...

Enseignement dans une yeshiva